Dimanche 20 février. Dans la ville de Casablanca, la vie se déroule normalement. Des gens squattent les terrasses des cafés pour siroter un verre de thé ou boire leur café matinal. La présence des forces de l'ordre, ce matin, n'est pas passée inaperçue. Dans les ruelles et boulevards, on ne peut s'empêcher de voir quelques fourgonnettes et des policiers mobiles qui font le va et vient pour marquer leur présence. A 9h00 quelques dizaines de manifestants commençaient à se rassembler devant la Wilaya du Grand Casablanca en présence des médias espagnols, en l'occurrence les chaînes TVE et IVI. Même la presse écrite espagnole était là, en train de guetter la marche. Contrairement au timing fixé, le rassemblement commence à prendre forme dès 9 h 30. Entre boycott et adhésion, les explications divergent. La veille, samedi 19 février, un communiqué rendu public par le « mouvement liberté et démocratie maintenant au Maroc » et véhiculé par les médias, annonçait l'annulation de l'appel à la manifestation. Pourtant des jeunes adhérant à ce mouvement on été présents. « C'est un communiqué qui n'engage que les personnes signataires et ne concerne aucunement les membres de ce mouvement, qui d'abord, regroupe plusieurs tendances », a tenu à préciser Salah, à peine les 25 ans, et militant de ce mouvement. Pour Youssef Mazi, aussi membre et organisateur, « le communiqué publié a constitué un blocage devant plusieurs jeunes pour ne pas y prendre part. Cependant cette annulation n'a pas été décidée d'une manière démocratique. Et d'ajouter « que les médias publics sont complices en véhiculant ce communiqué ». Et ce n'est qu'à partir de 10heures, que la manifestation commençait à s'amplifier. Contre toutes attentes, le nombre des participants s'est élevé à environ 4000 personnes selon les organisateurs, tandis qu'une source policière, requérant l'anonymat indique seulement 1300manifestants. Oscillant entre revendications politiques et sociales, les slogans scandés dans ce rassemblement ont appelé à un véritable changement politique. A maintes reprises, les protestataires ont de vive voix réclamé « A bas le despotisme ». D'autres, ont appelé à l'indépendance de la justice et à la réforme et des établissements publics. La Lydec, elle aussi, n'a pas été épargnée. Certains militants de la société civile ont levé des pancartes où on peut lire « Lydec dégage ». Une manière pour déplorer la mauvaise gestion locale de la métropole. La présence des islamistes était aussi remarquée, lançant des messages forts à l'attention de l'establishment politique. Les observateurs ont relevé le caractère disparate des rassemblements. Pour Boutaina, une activiste du mouvement 20 février, « il ne faut pas sous-estimer cette manifestation. Au contraire, il s'agit bien là d'un espace de dialogue. C'est la première fois qu'on parvient à réunir des tendances opposées pour exprimer librement leurs doléances ». « Aux responsables politiques d'en tirer la leçon et de procéder à de sérieuses réformes », affirme Abdlekrim, professeur à El Jdida, venu spécialement prendre part à la marche.