A Casablanca, le Mouvement du 20 février a encore frappé fort. La marche pacifique organisée dans la soirée du 20 août 2011, dans le quartier Ain chock, a réuni des milliers d'assoiffés de liberté et de démocratie. « Dar Touzani », 22h30. « Achaab yourid Isqat al istibdad » (le peuple veut que chute le despotisme), ce slogan résonnait comme du tonnerre au début du rassemblement. Des dizaines de minibus et d'autocars transportant des centaines de policiers, sans oublier les fameux services de renseignements entouraient la place. Les forces de l'ordre étaient présentes et en grand nombre. Entre manifestants, la question taraudait les esprits : « Vont-ils nous réprimer aujourd'hui? ». Ce ne sera pas le cas en fin de compte… Plusieurs habitants du quartier étaient étonnés par le nombre de participants mais aussi par les slogans. «Rien ne fait dire qu'ils veulent le départ du roi, écoute les slogans, ils parlent des problèmes que nous rencontrons chaque jour », chuchote une femme à son amie en regardant les manifestants défiler. La marche passera à côté du célèbre orphelinat de Ain Chock. Les enfants de la maison profitent de l'occasion. Des banderoles sont portées par des dizaines de petites mains, dénonçant l'état de l'orphelinat : « L'affaire est liée au groupe Addoha qui veut fermer l'orphelinat et s'accaparer du terrain pour construire des immeubles et se faire de l'argent. Nous n'avons pas d'autre endroit où aller », explique un enfant de l'orphelinat dans une déclaration à lakome.com. Lors de la marche, différents slogans sont scandés mais les questions sociales dominent. Un appel au boycott du paiement de la Lydec au mois d'octobre est lancé à plusieurs reprises dans les haut-parleurs. « Nous comptons bien travailler sur ce sujet, mais il faut y aller doucement et sereinement » explique Mohamed Belfoul, membre du Mouvement du 20 février. La marche se poursuit dans le quartier et des milliers de personnes continuent à crier à l'injustice et à dénoncer le despostisme et le makhzen économique. Des familles, de leurs petites fenêtres, encouragent et saluent les manifestants. Une vraie fête populaire. La marche prend ensuite l'avenue El Mandar el Aâm avant de rentrer dans le quartier populaire Bin Lamdoun, où la participation bat son record. Les organisateurs parlent de quelques 70 milles personnes. Interrogé par lakome.com, un officier de police parle de 38 mille manifestants. La marche prendra fin au début du quartier Laqriaâ. Les organisateurs insistent sur le pacifisme du Mouvement et la légitimité des revendications qu'il défend. Avant la dispersion de la manifestation dans le calme, un dernier slogan pour la route : « Mamfakinch ! » (On ne lâchera pas prise!). Photo: Une des banderoles portées par les manifestants, lors de la manifestation de Casablanca, le 20 août 2011.