Fins connaisseurs du dossier du Sahara ou simples observateurs, les intervenants ont expliqué les aspects juridiques, historiques et diplomatiques du conflit du Sahara, en mettant l'accent sur la pertinence et le sérieux de la proposition d'autonomie pour résoudre un conflit datant de plus de 30 ans et par la même favoriser l'intégration et la complémentarité des pays maghrébins. Au cours de ce colloque organisé par le Conseil national des Marocains au Sénégal (CNMS), ils ont également mis en relief le projet de régionalisation avancée, en cours d'élaboration par le Maroc, en tant que nouvelle forme de gestion territoriale qui ouvre de grandes perspectives de développement socio-économique au Sahara et dans toutes les autres régions du Royaume. Introduisant le débat, le président du Comité de l'ONU pour la protection des droits des travailleurs migrants, M. Abdelhamid El Jamri a indiqué que ce colloque s'inscrit dans le cadre de la dynamique enclenchée par la société civile marocaine en vue d'apporter sa contribution au projet d'autonomie et de réaffirmer la dimension africaine du Maroc. M. El Jamri, qui est le coordonnateur du Réseau des experts internationaux africains, a relevé que le projet d'autonomie s'inscrit aussi dans le cadre global du projet de société en cours d'édification par le Maroc pour accélérer son développement sur les plans politique, économique et social, et qu'il intervient après les grandes réformes audacieuses mises en oeuvre cette dernière décennie concernant notamment le règlement du dossier des violations des droits de l'Homme. De son côté, l'universitaire et ex-ministre Abdallah Saaf a souligné que le projet d'autonomie constitue une «feuille de route» et un «choix de paix» qui doit être explicité à la société civile africaine, après avoir été applaudi par la communauté des nations. «Il s'agit d'une initiative porteuse de paix et d'une riche dynamique de progrès et de prospérité», a-t-il dit, soulignant que ce projet est associé à la régionalisation avancée, «avec tout son paquet de réformes économiques, politiques, culturelles et mêmes identitaires». M. Saaf a ajouté que ce projet «ne relève pas d'une simple manoeuvre diplomatique» ou d'une «démarche machiavélique», mais que «sa sincérité ne peut être mise en cause», avant de souligner la «solidité» des fondements de l'Etat marocain pour «tolérer et supporter la mise en pratique de l'autonomie». Inscrivant son intervention dans une logique juridique, le chercheur Driss Belmahi a relevé que le projet d'autonomie est une démarche «courageuse» du Maroc qui s'inscrit dans le cadre de la perspective de modernisation de la gouvernance, après le rapport de l'Instance équité et réconciliation (IER) et le rapport du cinquantenaire sur le développement humain. Il a souligné que l'autonomie, mentionnée dans le droit international et dans certaines résolutions de l'Assemblée générales de l'ONU, ne signifie pas automatiquement indépendance. «Dans les résolutions de l'ONU, il n'y a pas une définition claire du concept de l'autodétermination qui ne signifie pas automatiquement indépendance», a-t-il dit. M. Belmahi a donné l'exemple de plusieurs conflits dans le monde dont le règlement n'est pas passé par un référendum. «Chaque conflit doit être résolu suivant son propre contexte», a-t-il ajouté. Il a précisé que ce projet d'autonomie est soumis à la négociation comme l'indique son intitulé «Initiative marocaine pour la négociation d'un statut d'autonomie pour la région du Sahara», ce qui illustre la «sincérité» et la «crédibilité» du Maroc dans la recherche d'une solution négociée et mutuellement acceptable à ce conflit, conformément au voeu du Conseil de sécurité et de la communauté internationale. Il a enfin plaidé pour une grande mobilisation de la diplomatie marocaine et de la société civile «pour expliquer que l'autodétermination ne signifie pas indépendance». Les chercheurs africains ont également apporté leur contribution au débat sur l'affaire du Sahara et à l'autonomie en tant que forme d'autodétermination. La juriste guinéenne Nadia Nahaman a mis en garde contre la manipulation du concept de l'autodétermination pour porter atteinte à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de plusieurs pays, mettant l'accent sur l'évolution historique de ce concept et de sa mise en oeuvre. Elle a présenté plusieurs arguments au niveau du droit international pour démontrer la marocanité du Sahara et réfuter les thèses des séparatistes. Pour le politologue sénégalais, Jupiter Ndiaye, le concept de l'autodétermination est un «exutoire» que les mouvements séparatistes utilisent pour diviser les Etats. «Il n'y a pas de peuple sahraoui, ça n'existe pas. Il y a une nation marocaine et il y a un peuple marocain avec ses populations», a affirmé M. Ndiaye faisant remarquer qu'à chaque fois qu'il ya des mouvements séparatistes, «il y a des Etats voisins concurrents qui leur apportent le soutien pour des raisons flagrantes de positionnement et de géopolitique, à travers une politique de corruption et de l'argent», en allusion à l'Algérie dans le cas du conflit du Sahara. Ce colloque sur l'autonomie, organisé en collaboration avec le réseau des sahraouis en Afrique pour le soutien de la proposition d'autonomie et le réseau africain pour la défense du projet d'autonomie au Sahara, a pour objectif de sensibiliser la société civile africaine sur l'initiative marocaine, en tant que démarche sincère et courageuse pour clore le conflit du Sahara et s'engager sur la voie de l'édification du grand Maghreb.