L'armée tunisienne a dispersé dimanche sans violence à Regueb (centre ouest) une manifestation qui réclamait un vrai changement politique alors que des discussions sont en cours à Tunis en vue de la formation d'un gouvernement de transition, a rapporté un syndicaliste. “Nous ne nous sommes pas révoltés pour la formation d'un gouvernement d'union avec une opposition de carton-pâte”, ont scandé environ 1.500 manifestants dans les rues de cette localité de 8.000 habitants. “Pourparlers limités, démocratie boiteuse”, affirmaient encore les slogans. L'armée est intervenue pour interrompre la marche sans recourir à la violence, en vertu de l'état d'urgence décrété vendredi le jour de la chute de l'ex-président Zine El Abidine Ben Ali et qui interdit les rassemblements de plus de trois personnes. Les manifestants se sont ensuite dispersés par petits groupes. Certains ont trouvé refuge à la Maison de la culture de cette localité qui a connu de violentes manifestations durement réprimées par la police pendant la révolte populaire d'un mois ayant abouti à la chute du régime Ben Ali. Cette manifestation a eu lieu alors qu'à Tunis, le Premier ministre sortant, Mohammed Ghannouchi, qui reste en place, réunissait tous les partis politiques dits légaux, représentés au Parlement ou non, mais pas le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT) de Hamma Hammami qui est interdit ni les islamistes du Ennahdha de Rached Ghannouchi qui vit en exil à Londres. Cette réunion vise notamment à désigner les membres d'un comité qui sera chargé de former un gouvernement d'union nationale.