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Imalas N Tamazight : Entretien exclusif avec Ali Bentaleb : «Ouvrir des horizons à une recherche historique objective et scientifique»
Publié dans Albayane le 09 - 01 - 2011

Notre rendez-vous hebdomadaire est consacré à Ali Bentaleb, Chercheur en histoire à l'IRCAM. Dans cet entretien, il aborde la question de la recherche en histoire contemporaine au niveau national, particulièrement dans sa dimension amazighe.
Pour lui, « le rapport entre l'histoire et la politique s'est formulé à travers le besoin de construire une identité nationale, et ce même rapport pourrait, avec plus de démocratisation, contribuer a pousser plus loin la recherche historique».
Quelle est la place de l'histoire en tant que discipline au sein des sciences humaines ?
La question de la hiérarchie des sciences, aussi bien humaines et sociales, qu'exactes et naturelles, pose le problème du sens et des objectifs de la recherche scientifique, et met tous les sciences sur le même pied d'égalité. Le progrès de la recherche scientifique a démontré la nécessité d'une coopération entre les sciences pour un développement intégré. Il est difficile aujourd'hui d'isoler une branche scientifique donnée du système globale du savoir.
Il est incontestable que les sciences humaines et sociales sont appelées aujourd'hui plus que jamais à participer pleinement au processus de développement durable dans le cadre de la mondialisation. De son coté, l'histoire doit s'ouvrir sur le milieu économique, sociale et scientifique, et s'engager dans l'analyse des questions d'actualité, tant sur le plan national qu'international.
A titre d'exemple, il nous semble que le recours à l'histoire peut nous aider à construire de véritables régions. Car le fait régional existe historiquement au Maroc, même s'il ne s'est pas toujours inscrit clairement dans un cadre territorial précis.
Comment appréciez-vous la recherche en histoire contemporaine au niveau nationale, particulièrement dans sa dimension amazighe ?
L'évaluation rigoureuse des études consacrées à l'histoire du Maroc, principalement la période contemporaine, impose de distinguer entre les phases suivantes : - Une phase «nationaliste» (1956-1976) caractérisée par la remise en cause des clichés et des déductions de l'historiographie coloniale.
- Une nouvelle phase (1976-1990) au cours de laquelle un intérêt croissant a été accordé, sur la base d'études monographique, à l'histoire sociale.
- Une troisième catégorie se donnant comme objectif une écriture historique ouverte sue les sciences humaines et mue par la volonté d'une appréhension des structures sociales et de «l'histoire globale». Par conséquent, on trouve des études centrées sur l'histoire sociale, l'histoire de la résistance marocaine, le mouvement de libération nationale, l'histoire des mentalités, l'étude des composantes culturelles, et l'histoire de divers aspects de la culture marocaine.
La dimension amazighe dans la plupart de ses études est indigente qualitativement, surtout dans les thèses soutenues depuis l'indépendance jusqu'aux années 90. Mais il faut signaler les efforts déployés en vue de la réécriture de l'histoire contemporaine du Maroc, et l'importance donnée à la dimension amazighe dans la recherche historique nationale, surtout après la création de l'IRCAM en 2001.
Quelle importance accordez-vous à l'amazighité, dans ses divers aspects, au sein de l'histoire marocaine et nord africaine ?
La situation géographique privilégiée du Maroc au carrefour de plusieurs mondes (Africain, méditerranéen et européen) a fortement marqué son histoire. En effet, l'amazighité, dans ses multiples aspects, fait partie de l'histoire marocaine et nord africaine depuis la fin des temps préhistoriques et le début de l'histoire.
Le Maroc est un pays dont la diversité culturelle constitue une caractéristique fondamentale. C'est en relisant notre histoire que nous pourrons comprendre l'importance de l'amazighité, avec ses composantes linguistique, culturelle et civilisationnelle, au sein de la vie politique, économique, sociale et culturelle du Maroc. Diverses études, ces dernières années, ont attiré l'attention sur l'importance de l'amazighité au sein de l'histoire marocaine et nord africaine, notamment celles publiées par l'IRCAM. On cite, à titre d'exemple, la revue scientifique «Asinag» consacrée intégralement à l'amazighité.
En quoi le droit coutumier amazighe a-t-il marqué l'histoire nationale ?
A coté du droit musulman, il subsiste au Maroc de vieilles coutumes juridiques locales, dites « azref-izerfan », propre à la population amazighe, et qui ont leur source originale dans la tradition séculaire des tribus. Ces coutumes auxquelles ces tribus se montraient très profondément attachés, ont joué un rôle très important dans la stabilité séculaire des conditions d'existence à l'intérieur des tribus. Ce qui explique la reconnaissance par les sultans marocains (Ahmed El Mansour Saadi et Hassan 1°) du droit coutumier dans certaines tribus amazighes, notamment chez les tribus du Souss et celles de Zemmour. Il faut signaler aussi la reconnaissance par la France du droit coutumier dans les régions de l'Atlas, comme le stipulaient certains articles du dahir de 1930.
Comment caractérisez-vous la résistance amazighe face à la colonisation, spécialement au niveau du Maroc central ?
La colonisation a toujours engendré chez les Imazighens une réaction de résistance sous toutes ses formes à l'envahisseur quel qu'il soit. La résistance armée à la conquête française est l'œuvre des masses paysannes de tous le Maroc central. Les combattants sous la conduite de leurs chefs opposent une résistance farouche à un ennemi lourdement supérieur en armement et en organisation. La colonisation n'a pas abouti à désarmer le patriotisme ethnico national des résistants amazighs.
L'homme amazighe s'attache à sa terre parce qu'elle constitue un symbole de sa dignité sociale. Ce qui explique que la résistance dans les zones montagnardes a duré jusqu'en 1934, et même au delà par les Igurramen qui prennent la relève des chefs morts ou vaincus.
D'ailleurs, c'est grâce à cette résistance : militaire, culturelle, économique et psychologique, que s'est forgée l'identité historique marocaine, devenue plurielle par ses multiples apports.
Je voudrais signaler l'insuffisance de la production scientifique relative à l'histoire de la résistance marocaine en général, en relation avec les difficultés d'accès à divers fonds d'archives et autres sources.
Comment caractérisez-vous les rapports entre l'histoire, la mémoire et la politique ?
Au Maroc, nous sommes devant un cas assez intéressant ou l'histoire, la mémoire et la politique, sont devenues de plus en plus liées dans la sphère publique. Beaucoup d'historiens, se demandent si l'écriture de l'histoire peut être un acte politique.
La mémoire est par définition une vision qui relie le passé au présent, et c'est justement parce que le passé est lié à l'expérience des individus au présent qu'il a un poids politique. La relation entre l'histoire et le politique nous incite donc à penser simultanément à l'idiologie de l'histoire et à la dimension historique du politique.
Le rapport entre l'histoire et la politique s'est formulé à travers le besoin de construire une identité nationale, et ce même rapport pourrait, avec plus de démocratisation, contribuer a pousser plus loin la recherche historique. Le nouveau contexte politique au Maroc a impulsé une nouvelle dynamique non seulement aux thèmes de « vérité », et « mémoire » mais aussi à la question du rapport entre politique et histoire. Il y a toujours une relation entre les changements politiques et l'écriture de l'histoire. Si la question politique de la transition démocratique est ambiguë, notre rapport avec le passé, la mémoire et l'histoire restera aussi ambiguë.
En tant que chercheur à l'IRCAM, quels sont vos centres d'intérêts ?
Nous espérons aborder des problématiques relatives à l'amazighité, les mutations sociales et culturelles contemporaines, les interrogations relatives à l'écriture de l'histoire de la résistance marocaine, la sauvegarde et la valorisation du patrimoine culturel notamment amazighe au Maroc, la diversité culturelle en tant que problématique d'actualité. Une réécriture de l'histoire contemporaine du Maroc me parait indispensable.
Pour faire des recherches qualitatives, nous essayons de consulter les fonds d'archives nationaux et étrangers, ainsi que des recherches sur le terrain. Notre ambition est de réaliser un produit d'une teneur académique appréciable.
Quel bilan faites-vous du travail accompli par l'IRCAM ?
L'importance qualitative et quantitative des travaux réalisés par l'Institut Royal de la Culture Amazighe, tant par des chercheurs de l'institut que par des contractuels, appelait assurément un examen critique de l'étendue, des acquis et l'esquisse de directions de la recherche au niveau des centres d'études.
La tentative d'évaluation des acquis permet de démontrer l'importance des progrès réalisés par l'IRCAM, depuis sa création en 2001 (Ouvrages, colloques, séminaires, conférences, ateliers, travaux contractuels…etc.). Il est incontestable que les activités de l'institut, dans le domaine de la promotion et revalorisation de la culture amazighe, représentent un grand intérêt à l'amazighité et à la diversité linguistique et culturelle pour une meilleure connaissance de l'identité marocaine.
Votre dernier mot.
Pour préparer l'avenir, il faut porter un regard critique sur l'histoire du Maroc. L'histoire est une science humaine, il ne saurait être question aujourd'hui de la manipuler. Ainsi, il faut ouvrir des horizons à une recherche historique objective et scientifique afin de réconcilier le citoyen marocain avec son passé et le renforcer dans son identité.
Propos recueillis par : Moha Moukhlis
TAHMIDDOUCHT
Un regard qui traverse le temps
Ce récit romancé, si l'on veut dire, n'aurait jamais vu le jour sans un concours de circonstances, pour le moins, imprévisibles. Une rencontre, par l'entremise de mon ami, un amazigh convaincu, hardi, Said El Aarbaoui qui m'avait mis en contact avec un jeune cinéaste, Ivan Boccara, juif marocain qui vit entre Paris et Marrakech. Ce dernier m'avait sollicité pour assurer la traduction des rushs d'une soixantaine d'heures filmées dans le Haut-Atlas marocain. L'objectif étant de réaliser un documentaire de 95 minutes.
Après plusieurs rencontres à Rabat et à Casablanca, je me rends à Tabia, à quelques lieues de Imi n Ljamâa, sur les berges de wad Laâbid.
Nous avons logé chez une famille dans deux chambres construites en pierres dont l'une m'est réservée pour dormir et pour travailler. L'autre, pour Ivan et Abdellah, mais aussi pour les besoins de notre restauration, de nos discussions interminables qui se poursuivent, tard dans la nuit.
Un périple qui aura duré presque une heure de piste sous un soleil d'aplomb, dans une voiture louée pour la circonstance qui nous a conduit sur une piste caillouteuse. Une piste torrentueuse qui débouche sur un site des plus insolites, merveilleux, simplement sublime. Nous avons été reçus dans l'allégresse des gens hospitaliers et avenants que sont les imazighen. Le lendemain, vers la fin du mois de juin 2003, je me mets au travail devant un ordinateur portable, un magnétoscope et un téléviseur. C'était un événement, hors du temps, pour les jeunes et les moins jeunes du village. Les yeux hilares, ils venaient tous les soirs, m'accompagner dans cette pérégrination, cette remontée du temps, cette besogne, combien difficile et astreignante, celle de traduire de l'amazighe au français, les propos de Tahmiddoucht et de certains de ses proches, objet de deux cartons de cassettes VHS.
Ce fut un travail de titan. Pour traduire une heure d'entretien, il me fallait deux journées de 16 heures chacune. Pour me familiariser avec le « parler » de la région (sur certains termes), Abdellah El Hamri m'a été d'un concours précieux. Il s'agissait de saisir quelques nuances, quelques subtilités du personnage.
Quel bonheur que d'avoir rencontré une dame, une grande dame de ce calibre ! J'ai, dans l'allégresse, découvert un personnage subtil, insaisissable, impressionnant, hors du commun. Lalla Fadma Addi Tahmiddoucht, vieille bergère des ayt Isha dans le Haut-Atlas central, est plus que centenaire. Elle vit encore en cette année 2006.
Une odyssée qui aura duré plus de six mois de stress, de fatigue, d'hésitation, de recherche dans le but de saisir l'insaisissable et certainement de traduire, de trahir dans la lettre, non dans l'esprit, la pensée volatile et insaisissable d'un personnage hors du temps, dans le temps, malgré le poids de l'âge, l'écume d'un passé lointain. Un mirage que j'ai suivi, non sans peine, de longues nuits, de longs mois durant.
En somme, il m'importait, dans cette contribution, de donner la parole, de faire témoigner une bergère plus que centenaire, femme amazighe, ne connaissant rien du monde citadin et partant, lui permettre de s'exprimer à sa guise, dans sa langue, et porter un regard sur les différentes époques qu'elle a vécues, sur les sujets qui la hantent aujourd'hui, qui la préoccupent et qui sont, de façon étonnante et sublime, d'une actualité criarde.
Il ne s'agit pas, loin s'en faut, d'une traduction littérale des propos recueillis auprès du personnage, lalla Fadma, mais plutôt d'une traduction du dit et du non-dit. Une transposition de la lettre et de l'esprit, élaborée à partir du vécu, du réel des imazighen, domine ce récit, certes, individuel, mais surtout collectif à plus d'égards.
D'autre part, la formulation littéraire de la narration se préoccupe plus à coller à l'esprit amazigh dans ses métaphores, ses subtilités, ses tournures, loin de l'intellectualisation des personnages en vogue dans certaines productions littéraires.
Le film documentaire finalisé, le cinéaste décide d'organiser une projection avant première à Lalla Fadma, chez elle, non loin du lieu de tournage, car, elle a encore été contrainte de changer de gourbi. Ce fut une véritable expédition. Avant de charger nos ânes, nos bêtes de somme, je lui avais posé une dernière question : lalla Fadma, de quoi as-tu besoin. Elle me répond de cette façon stoïcienne et imprévisible : « d'un peu d'eau pour boire et de quelques troncs de tasaft, de bois, pour réchauffer mes vieux os ». J'en reste coi, abasourdi, perplexe, mais fier de cette réponse laconique, à méditer…Lalla Fadma ne s'est pas démentie.
Et, c'est à partir de ce travail, ces rencontres, ces insomnies, que l'idée d'en faire une sorte de roman, si l'on peut dire, est née et a fait, depuis ce déclic, son chemin dans une mouture qui se fonde, au-delà de ce qui est dit, sur notamment, le non-dit plus substantiel, imagé et métaphorique de la condition amazighe, humaine et universelle, dans certains aspects de sa culture et de sa vision du monde.
Par : Mohamed EL Manour
Poésie amazighe
La vision cosmogonique chez l'aède
La poésie amazighe nous livre moults exemlpes d'une sagesse que l'homme amazighe a tiré de sa propre réflexion; une sagesse à l'épreuve du temps et des variations humaines, à l'épreuve même de la révélation: la découverte de la vraie place de l'homme dans l'ordre universel de la nature. A travers un genre poétique particulier, Tamedyazt, l'aède nous livre sa vision du monde: genèse de la terre, des hommes et des animaux. Il s'agit d'une vision cosmogonique dont les origines remontent, probablement, aux plus hautes antiquités. Nous livrons à nos lecteurs des extraits d'un poème entamé par une vision cosmogonique:
Bdigh issek a sidi ya rbbi jud ghifi
Illa ghurc uyenna rix bla tudmawin...
Llig ibna rbbi ddunit ig asd acal
Ig issaffen ig leâwari ig id luda
Iga labhur iga d igenwan igd aman
Iga d ttyur d lihuc nna ttazlanin
Ur as izgil lwahid lmujud walu
Yaghul ixleq g wacal nna midden ilin
Ku ca mag d yusa yebdu tiqbilin
Ku ca rrzeq nnes illa idda n ar dat as...
Maca rruh yukk ur illi wenna mi yga sin
Amm unna yderrehn amm umezlud id g immut
Awa hmedgh i sidi ya rbbi llig d inna
Kullu mayd iffeghn acal ad iâayd acal
Par toi je commence, Seigneur j'implore ta bonte
Est en toi ce que je désire, équitablement
Lorsque Dieu créa le monde, il créa la terre
Créa les rivières, les monts puis les plaines
Créa les océans, les cieux et les eaux
Créa les rapaces, les bêtes sauvages qui courent
L'unique, l'omniprésent ne négligea aucun détails
Ensuite, de cette terre, il façonna l'être humain
Aux quatre coins du monde le dispersa, en tribus le partagéa
Chacun, devant lui, sa part trouva
Mais une seule âme, personne n'en possede deux
Devant la mort, riches et pauvres s'égalent
Et devant Dieu, je me prosterne, il a dit:
“Tout ce qui est issu de la terre doit y retourner”.
Cette vision cosmogonique est gouvernée par une vision cyclique de la vie et de l'existence des hommes, de la nature et des bêtes. Tout a un début et une fin. Nous sommes de la terre et nous y retournerons. Au centre de la vision du poète: l'équité et l'égalité entre les êtres. Toutes variations reste éphémère et la mort nivelle nos différences. C'est ainsi qu'en a décidé le Créateur.
Par: M. Moukhlis
Parutions
Quelques aspects de la morphologie et de la phonologie
d'un parler amazighe de Figuig
Cet ouvrage, que nous devons à M. Fouad SAA, professeur universitaire, est une étude d'un parler amazighe de Figuig. Organisé autour d'un traitement systématique de la morphologie verbale, bien des questions de phonologie y sont exposées telles que la syllabe, les alternances de l'augment du causatif, l'emphase, la gémination et l'assimilation des consonnes coronales. La présente étude est ainsi un outil de travail qui intéresserait à la fois les linguistes et les dialectologues de l'amazighe. Dans l'étude de la morphologie verbale qui constitue en quelque sorte le pivot de ce travail, les bases primaires et secondaires y sont traitées de façon à élucider les processus mis en œuvre dans la dérivation des différents thèmes et dans leur conjugaison. Enfin, une base de données qui répertorie tous les thèmes des bases verbales primaires et dérivées : causative, réciproque et passive est fournie en annexe.
Néologie et terminologie grammaticale amazighe
Les actes de deux journées d'étude organisées à Rabat en 2005 et à Paris en 2007 sont le fruit d'une convention scientifique entre l'Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM) et l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO).Cet ouvrage, coordonné par MM. Abdallah Boumalk et Abdellah Bounfour, réunit des contributions où les chercheurs du Centre de l'Aménagement Linguistique (IRCAM) et du Centre de Recherche Berbère-Lacnad (INALCO) ont mené une réflexion commune dans les domaines de la néologie et de la terminologie. Un début d'évaluation de l'existant en matière de néologie fut abordé dans la première rencontre (Rabat, 2005) à l'issue de laquelle a été lancé le projet de confection du vocabulaire grammatical amazighe publié récemment. Lors de la seconde rencontre (Paris, 2007), les chercheurs ont abordé les aspects relatifs à la démarche adoptée en matière de création terminologique à savoir : les aspects théorique, méthodologique et pratique.


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