La politique s'accélère sur les rives du Potomac : le célèbre fleuve qui arrose Washington, la capitale fédérale des Etats Unis d'Amérique. Mercredi, la nouvelle majorité républicaine – renforcée par les élus très conservateurs du mouvement du «Tea Party » - a pris les rênes de la chambre des représentants. L'élu de l'Ohio, John Andrew Boehner devient le président de la chambre basse du 112-eme Congrès, voté par les Américains le 8 novembre dernier. Il succède à la démocrate Nancy Pelosi, première femme à avoir occupé le poste. Il est maintenant le troisième homme le plus important du pays, après le président Barack Obama et le vice-président Joe Biden. Pour marquer les esprits et donner un gage de leur détermination «à changer les mœurs politiques à Washington», les républicains et leurs protégés du «Tea Party» ont décidé d'entamer leur règne législatif par deux gestes symboliques. Le premier consiste à donner lecture publiquement de la constitution des Etats Unis : un texte (presque!) sacré pour l'immense majorité des américains. L'exercice qui a duré une heure et demie, est une première dans les annales du pouvoir législatif américain. Par ce geste, ils veulent démontrer leur attachement aux principes fondamentaux d'une nation très à cheval sur le legs historique que représente le texte constitutionnel. Le deuxième geste est « plus profane » ! Les représentants républicains se préparent à introduire une nouvelle proposition de loi pour abroger celle sur la réforme de l'assurance médicale: l'un des textes majeurs voté par l'administration Obama. Et c'est là où le symbolisme s'arrête et où la politique – certains disent la politique politicienne – reprend ses droits. Car les républicains savent qu'ils n'ont aucune chance de changer cette loi. Ils vont sans doute se heurter au refus du Senat – la chambre haute du Congrès, toujours dominée par les Démocrates. Sans parler du droit de veto, dont jouit le président Obama. A ce point, le rôle du nouveau président de la chambre des représentants sera déterminant. Beaucoup tablent sur la personnalité de Boehner pour freiner l'enthousiasme, un tantinet messianique, dont font preuve les élus du mouvement du «Tea Party». Car, une confrontation frontale avec l'administration démocrate risque de se retourner contre le parti républicain. Il se retrouverait dans la position de celui qui empêche les choses d'avancer. Une perspective mauvaise, que les leaders du vieux parti devraient à tout prix éviter, s'ils veulent préserver leur chance de détrôner Obama l'année prochaine. En effet, tout le monde à Washington ne réfléchit maintenant que dans l'optique de l'élection présidentielle de 2012. Le président en premier. Après des vacances dans son Hawaii natale, Obama travaille actuellement au renforcement de son administration, avec en ligne de mire un deuxième mandat à la maison blanche. Ainsi, la nomination d'un nouveau chef du personnel en la personne de William Daley, qui vient de passer sept ans comme cadre dirigeant de la JP Morgan, la plus grande banque américaine. Comme son titre en français ne l'indique peut-être pas, le chef du personnel de la maison blanche est considéré comme l'homme le plus influent de tout gouvernement américain. Il est le premier conseiller du président et celui qui contrôle l'accès au bureau ovale. Rien ne se passe dans les arcanes de la maison blanche sans l'assentiment préalable du fameux «Chief of Staff». Autre nomination que le président se prépare à faire est celle de Gene Sperling au poste de conseiller économique en remplacement de Larry Summers. Le départ de Summers a été confirmé par le porte-parole de la maison blanche Robert Gibbs, qui a également annoncé son propre départ en février prochain. Le nouveau «chouchou ou souffre-douleur des journalistes américains» - c'est selon - sera annoncé dans les prochains jours. Et comme pour ne laisser planer aucun doute que toutes ses nominations préfigurent déjà la bataille pour la présidentielle de 2012, David Plouffe l'ancien directeur de la campagne électorale de 2008 du président, se prépare à reprendre du service auprès d'Obama. Ce sera sans doute lui qui aura la lourde tâche de garder un premier œil vigilant sur les thermomètres électoraux des sondages de popularité ; et, un deuxième - non moins vigilant - sur les faits, les gestes et les paroles de Barack Obama.