Dans le film des événements annoncés pour 2011, le générique devrait occuper plus de place que ne le laissait prévoir les meilleurs augures. Le ministère de la Santé publique a l'intention de restructurer de fond en comble le mode de fabrication et d'emploi du médicament, de façon à ce que le médicament générique y tienne plus de place. En bout de chaine de cette action à laquelle a invité l'étude qu'il a commandée au «Boston Consulting Group»- un organisme américain spécialisé- on trouve une baisse générale des coûts des soins de santé. Grâce à une plus grande généralisation des produits génériques, le prix du médicament devrait baisser de 20% et le déficit de l'assurance maladie passer de 3 à seulement un milliard de dirhams. Mais, pour cela, il faut que les substituts, qui aujourd'hui ne sont consommés qu'une fois sur trois, atteignent une fréquence de un sur deux. Les stratèges du BCG pensent que ce sera chose acquise à l'horizon 2015, quand le générique représentera 50% du marché du médicament. Les fabricants ont donc quatre ans pour se mettre au diapason. Et ce, d'autant plus que leur marge bénéficiaire restera sauve de la baisse des dépenses de santé induites, quand elle n'est pas appelée s'inscrire à la hausse. Cependant c'est au niveau de l'organisation que les résistances au changement annoncé risquent d'être les plus fortes. Pour que l'usage du générique s'élargisse, il faut qu'il soit plus fréquemment prescrit. Or- comme dans d'autres pays dans le reste du monde-, l'acte de prescription n'est pas totalement libre de pressions. Il faut en outre que le pharmacien d'officine soit à pied d'œuvre. Ce qui n'est pas le cas où les pharmacies sont gérées par des commis sans réelle préparation à leur métier et donc, sans vrai sens de l'initiative qui leur permettrait de substituer au médicament originel, un générique d'égal rendu. C'est donc à une véritable réorganisation de la pratique de la pharmacie qu'appelle l'étude. Il n'est pas sûr qu'elle se passe sans difficultés. Elles ne sont pas les seules, ses difficultés. L'entrée du générique interpelle également les fabricants. Sous peine de rester à la marge, ils devront fabriquer plus de substituts libres et, surtout, avec des effets thérapeutiques égaux. Considérant la logique du profit qui anime les entreprises du médicament, il faut sans doute penser à un contrôle plus strict de la qualité. L'objectif étant qu'en 2015, trois médicaments consommés sur quatre soient des génériques.