Le sport espagnol, qui vit son âge d'or avec la consécration de la sélection nationale championne du monde l'été dernier en Afrique du Sud, a été secouée cette année par des cas de dopage qui mettent en doute les résultats obtenus par les sportifs espagnols, notamment dans le cyclisme et l'athlétisme. Après le séisme de l'affaire du cycliste Alberto Contador, triple vainqueur du Tour de France, accusé d'autotransfusion, l'Espagne se voit replongée dans un nouveau scandale de dopage impliquant l'athlète Marta Dominguez, championne du monde 2009 du 3000 m steeple et vice-présidente de la Fédération espagnole de la discipline. Quatorze personnes, dont des athlètes, entraîneurs, médecins et pharmaciens ont été interpellées, le 9 décembre, lors d'un dispositif antidopage, baptisé «opération Galgo», mené en Espagne en particulier dans le milieu de l'athlétisme. Elles sont soupçonnées de trafic de produits dopants. Premier sacre mondial Le but d'Andrès Iniesta au stade Soccer City de Johannesburg lors de la prolongation de la finale du mondial disputé l'été dernier en Afrique du Sud, qui a donné la victoire à la Roja contre les Oranjes 1 à 0, restera à jamais gravé dans la mémoire des Espagnols. Au terme de cette finale inédite, l'Espagne est rentrée dans les annales du football mondial par la grande porte, en décrochant le premier titre mondial de son histoire. L'équipe, qui a déployé un jeu brillant et efficace, devient ainsi le huitième pays couronné mais surtout le premier Européen à s'imposer dans un tournoi disputé en dehors du Vieux Continent. Championne d'Europe il y a deux ans, la «Furia Roja» réussit un doublé Euro/Mondial que seule l'Allemagne est parvenue à réaliser dans cet ordre en 1972/1974. Outre ce succès de la sélection, le sport ibérique a brillé sur la scène européenne grâce à la double victoire de l'Atletico de Madrid face au Bayern Leverkusen en finale de l'Europa League et contre l'Inter du Milan en Supercoupe d'Europe, la deuxième équipe de la capitale espagnole signant son retour parmi l'élite du football européen après 48 ans d'absence. Les faits ont malheureusement contredit ses dires, l'équipe s'étant révélée sans potentiel réel pour rééditer l'exploit réalisé quatre ans plus tôt en terre allemande. Une participation à l'air de chronique d'échec annoncé qui a entraîné un lever de boucliers de la part de ceux qui contestaient les choix du sélectionneur national. S'ensuivit un changement de sélectionneur, fonction désormais confiée à Cesar Prandelli. Celui-ci a essayé d'abord de faire table rase du passé en formant une équipe new look. Petit à petit, il est cependant revenu aux premières amours, le vivier n'étant pas aussi abondant qu'il le fut par le passé. Le talent manque aussi comme les leaders. Déçu comme tant d'autres par cette réalité, un grand technicien italien, Arrigo Sacchi, ex-sélectionneur et entraîneur du Milan AC, regrette que le football italien soit devenu «un football de peur, on attaque à deux et on défend à dix, les jeunes restent sur le banc et les gens ne viennent plus au stade». Celui qui a atteint la finale de la Coupe du monde 1994 avec l'Italie critique notamment la politique de formation de l'Italie. «Quand une équipe a peur, elle ne fait pas jouer les jeunes. Nous voulons avoir des catégories de jeunes toujours plus compétitives, elles fourniront nos équipes nationales à l'avenir», estime-t-il estimé. Le double vainqueur de la Coupe des champions (1989, 1990) avec le football total pratiqué par Gullit, Rijkaard, Van Basten ou Baresi, fustige également la trop faible proportion de joueurs italiens en Série A. «En Angleterre et en Espagne, par exemple, la part des joueurs étrangers s'est réduite de 15 pc, chez nous elle s'est accentuée», observe-t-il. Se faisant les défenseurs de cette dernière idée, des voix s'étaient élevées, au seuil de la nouvelle saison, pour appeler à la réduction du nombre de joueurs étrangers dans les clubs afin de favoriser l'émergence de jeunes talents italiens que la présence de vedettes acquises à prix d'or accule souvent à garder le banc de touche. C'est d'autant plus nécessaire, avait-on considéré, que la sélection nationale a un besoin urgent de relève eu égard à l'âge avancé de plusieurs des ses joueurs. Mais serait-ce envisageable dans un contexte où les intérêts divergent et où le football-sport est conçu, certes comme un spectacle, mais avant tout et surtout comme un business. Face au foisonnement des stars étrangères dont regorge le championnat italien, Prandelli se lamente de ne pas avoir un grand choix. «Le championnat est riche (de bons joueurs), mais pauvre pour ce qui me concerne. Je ne vois pas encore de jeunes avec un potentiel de stars. J'espère que dans 5, 6 mois, le championnat me les donnera», affirmait-il. Expliquant la convocation de nouveau d'anciens, il a soutenu que «ce n'est pas un retour en arrière. Mon projet continue d'avancer, mais si je n'ai pas un jeune joueur prometteur, je m'adapte». Quoiqu'il en soit, la «Squadra azzurra» constitue l'un des plus grands emblèmes de football mondial. Ses 6 finales jouées et ses 4 titres de champion du monde la placent juste derrière le Brésil et ses 5 couronnes. Que l'on aime ou pas, le football italien, plus tactique que spectaculaire, est l'un des attraits des grands rendez-vous. Comme elle l'a démontré par le passé, c'est dans l'adversité que la sélection italienne se montre à la hauteur et peut surprendre. Elle est, du reste, rarement donnée favorite pour remporter une grande compétition comme la Coupe du Monde, mais figure toujours sur la liste des équipes que les experts estiment capables d'aller jusqu'au bout. En 2006, quelques jours seulement après le scandale des matchs truqués impliquant la Juventus (qui avait été alors reléguée en série B), la Nazionale n'avait-elle pas remporté le quatrième titre mondial de son histoire ? Une nouvelle fois, la «Squadra azzura « se trouve au creux de la vague. Elle en sortira certainement. Le prestige, rarement démenti du football italien, le lui doit.