Six personnes sur dix à travers le monde considèrent que la corruption a augmenté au cours des trois dernières années et une personne sur quatre déclare par ailleurs avoir payé des pots-de-vin au cours de l'année écoulée. Telles sont les conclusions du Baromètre mondial de la corruption, une enquête mondiale d'opinion publique parue jeudi 9 Décembre, journée mondiale des Nations Unies contre la corruption et menée par Transparency International. Les résultats de cette enquête de grande envergure ont été présentés par Transparency Maroc, lors d'une conférence de presse, jeudi 9 décembre à la Bibliothèque Nationale du Royaume. L'enquête du Baromètre mondial de la corruption qui en est à sa septième édition, a été réalisée du 1er juin au 30 septembre 2010 et menée auprès de plus de 91 000 personnes dans 86 pays et territoires. L'étude s'est concentrée sur la petite corruption, sur la perception de la corruption au sein des institutions publiques ainsi que sur les personnes et organisations qui ont la confiance des citoyens pour combattre la corruption. C'est en Europe et en Amérique du Nord que les tendances en matière de perception de la corruption sont les plus négatives. Respectivement 73% et 67%, pour l'une et l'autre de ces régions, la population pense que la corruption a augmenté au cours des trois dernières années. Malgré ces résultats pour le moins inquiétants, une tendance positive est néanmoins à constater. En effet, sept personnes sur dix se disent prêtes à dénoncer un cas de corruption. Différences régionales Au cours des douze derniers mois, une personne sur quatre a payé un pot-de-vin à l'un des neuf services ou institutions répertorié dans l'enquête, allant du domaine de la santé à l'éducation en passant par la justice et l'administration fiscale. La police est la plus fréquemment citée comme bénéficiaire de « bakchichs » : 29% des personnes interrogées ont révélées avoir eu des contacts avec la police et avoir dû payer un pot-de-vin. Les habitants d'Afrique subsaharienne sont les plus nombreux à avoir payé de pots-de-vin. Plus d'une personne sur deux a déclaré avoir payé des pots-de-vin aux cours des douze derniers mois, contre 36% des personnes interrogées au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, 32% dans les pays de l'ancien bloc URSS, 23% en Amérique Latine, 19% dans les Balkans et en Turquie, 11% en Asie-Pacifique et seulement 5% dans les pays de l'Union Européenne et d'Amérique du Nord. Au Maroc, ils sont 23,8% a avoir payé des pots-de-vin pour accélérer les choses. Dans ce cas, la corruption est payée pour accélérer la réalisation de services publics, dépasser des situations de blocages. Dans des pourcentages limités comme passe-droit (6,3%) ou pour éviter des problèmes avec les autorités (3,8%). Dans plus de 20 pays, on rapporte une augmentation significative de la petite corruption par rapport aux résultats du Baromètre 2006. Les plus grands nombres de paiements de « bakchichs » rapportés en 2010, concernent l'Afghanistan, le Cambodge, le Cameroun, l'Inde, l'Irak, le Liberia, le Nigeria, la Palestine, le Sénégal, la Sierra Leone et l'Ouganda, où plus de 50% des personnes interrogées ont indiqué avoir payé un pot-de-vin au cours de l'année écoulée. Plus inquiétant encore, les « bakchichs » versés aux services de police ont quasiment doublé depuis 2006. Par ailleurs, davantage de personnes rapportent avoir payé des dessous-de-table au secteur judiciaire et aux services chargés de l'état civil et des permis. les personnes les plus démunies La démographie de la corruption continue de désavantager les pauvres et les jeunes. De la même manière que les études précédentes, les petits revenus rapportent davantage de paiement de pots-de-vin que les revenus plus élevés. Les personnes pauvres sont deux fois plus susceptibles de payer des « bakchichs » pour des services élémentaires tels que l'éducation, les soins médicaux ou les approvisionnements en eau et en énergie que les personnes plus aisées. Un tiers des personnes interrogées de moins de 30 ans ont indiqué avoir payé un pot-de-vin au cours des douze derniers mois, contre moins d'un cinquième chez les plus de 51 ans. Manque de confiance Malheureusement, peu de personnes ont confiance en leur gouvernement ou leurs politiciens. Huit personnes sur dix considèrent que les partis politiques sont corrompus ou extrêmement corrompus. L'administration publique et le Parlement sont les deuxièmes institutions considérées comme les plus corrompues. La moitié des personnes interrogées ont déclaré que les actions de leur gouvernement pour lutter contre la corruption sont inefficaces. Ce chiffre a peu évolué avec le temps. L'enquête a tout de même révélé une légère dégradation depuis 2007 en Asie-Pacifique, en Amérique Latine et en Afrique subsaharienne et une légère amélioration dans les pays de l'ancien bloc URSS et en Amérique du Nord. Par ailleurs, bien qu'une large majorité des personnes interrogées, sept sur dix, ont déclaré qu'elles dénonceraient un acte de corruption si elles en étaient témoins, ce chiffre diminue de moitié pour les victimes de corruption.