Mustapha Labraimi, membre du Bureau politique du PPS, considère que la décision du Maroc de vouloir procéder à une réévaluation de ses relations avec l'Espagne, constitue un appel aux Espagnols les plus conscients de revoir leurs copies, et se poser par conséquent les véritables questions sur le devenir des relations entre les deux pays. Al-Bayane : Quelle lecture faites-vous de la décision du gouvernement marocain de vouloir procéder à une réévaluation de ses relations avec l'Espagne ? Mustapha Labraimi : Je pense que les relations entre les deux pays sont d'abord déterminées par les facteurs de voisinage et la position géostratégique qu'ils occupent des deux côtés de Détroit. Ces relations devraient être basées sur un équilibre dynamique. Un équilibre qui change certainement selon les règles des jeux internationales. Toutefois, je souligne qu'en ce moment, le Maroc doit se poser les vraies questions –ce qui est tout à fait légitime- sur la nature de ses relations avec l'Espagne. En termes plus clairs : que veut l'Espagne du Maroc ? Le Maroc a aussi le droit de s'interroger sans ambages sur la politique de voisinage que mènent nos voisins espagnols envers notre pays. Evidemment, il ne faut pas omettre qu'ils sont condamnés à s'entendre, vu la proximité géographique des deux Etats. Selon vous, quelles sont les conséquences de cette décision sur les relations entre les deux pays ? On constate avec amertume que le Maroc est devenu une carte politique intérieure chez nos voisins. Ce qui est inacceptable. Actuellement, ce qui se passe sur la scène politique espagnole laisse vraiment à désirer. Pis ! Le Maroc est devenu un objet de surenchère entre les partis politiques. Je pense que la décision du gouvernement marocain de vouloir réévaluer ses relations avec l'Espagne à tous les niveaux, constitue un appel aux espagnols les plus conscients de revoir leurs copies, et se poser par conséquent les véritables questions. Grosso modo, ces questions devraient identifier en toute franchise, les objectifs et la position de l'Espagne envers le Maroc. Comment devront agir les partis politiques pour faire face à la campagne hostile menée par certains milieux espagnols ? Agir devant cette situation ne dépend pas uniquement des partis politiques. La société civile, doit aussi s'engager. Notre devoir nous oblige à expliquer d'une manière sereine, positive et aussi objective, nos relations, notre histoire, et notre destin commun à assumer. Bref, notre action s'inscrit dans la volonté de vouloir vivre ensemble, en édifiant des relations basées sur le respect, et l'échange.