C'est une vraie machine à résolutions et promesses qu'un sommet de la Francophonie et, celui réuni à Montreux en Suisse, ne fait pas défaut à cette tradition. Il y a eu – nous en avons parlé hier – tout le pan culturel avec le thème central, bien entendu, de la langue commune et fédératrice qu'est le Français, mais d'autres thèmes s'expriment dans ce style rhétoriquement ramassé qui caractérise les organisations internationales, sec et didactique. Si l'«Organisation Internationale de la Francophonie» en appelle avec force à l'appropriation par le plus grand nombre d'usagers francophones «de tout pays, âge, genre, profession, intérêt et talent des outils numériques en permanente innovation, y compris dans la création d'œuvres artistiques». A côté des 9 maisons des avoirs au Burkina-Fasso, au Vietnam, en Moldavie et en République Démocratique du Congo ; 12 nouvelles sont prévues au cours de la période triennale prochaine pour favoriser «l'insertion dans la société de l'information et multiplier les dispositifs d'accès aux ressources. Découlant de cette invite à assurer ce qu'on a appelé «une présence francophone active» dans toutes les instances internationales de la société de l'information et à valoriser aussi l'expression des communautés francophones par les créations numériques. Des chiffres de nouveau : 214 projets impliquant plus de 60 pays, dont le Maroc, ont été soutenus depuis la fin du siècle dernier par le fonds des inforoutes avec une moyenne de subvention des projets d'environ 80.000 euros. Il est prévu de soutenir jusqu'à l'horizon 2013 près d'une cinquantaine de nouveaux projets. L'aspect le plus sensible de la programmation des chantiers de l'OIF, parce que la plus franchement politique, concerne ce qu'on désigne ici par «la modernisation des institutions et favoriser avec une grande détermination «la gouvernance démocratique». On se plaît avec une complaisance certaine avec «la Déclaration de Bamako» axée sur la démocratie, les droits et libertés dans l'espace francophone, adoptée en novembre 2000, engageant l'ensemble des Etats et gouvernements de la Francophonie. Toutes les dispositions qu'elle contient pour l'objectif qui sont la consolidation de l'Etat de droits, pour la tenue d'élections libres, fiables et transparentes, pour «une vie politique apaisée, pour la promotion d'une culture démocratique et le plein respect des droits humains, guident les interventions de la Francophonie dans l'ensemble de ces domaines». Ce dispositif dit «normatif»prévoit également des mesures en cas de crises de la démocratie et de violations graves des droits de l'Homme dans certains pays «qui peuvent aller de la médiation à la prise de sanctions». Une autre déclaration, celle de Saint-Boniface qui s'est intéressée aux préventions des conflits et à la sécurité humaine. Cette déclaration, du même type affectionné par l'O.I.F, avait été adoptée elle, en mai 2006, avec l'intention de renforcer les actions en faveur de la prévention et la gestion des crises et du maintien de la paix, en coordination avec les autres organisations internationales. La déclaration de Saint-Boniface souligne «la responsabilité des Etats dans la protection des populations civiles en cas de guerre ou de crises graves à l'intérieur d'un Etat ou entre deux ou plusieurs pays. Les bénéficiaires de tout cet arsenal juridique, politique et institutionnel sont les cours constitutionnelles, les parlementaires, les fonctionnaires, les institutions de contrôle des finances publiques, les médiateurs, les partis politiques, les réseaux francophones, les sociétés de la société civile… Tout le monde, en somme, et tout le reste ! Dans des domaines annexes, «l'Organisation de la Francophonie» ne veut pas oublier la protection et la promotion des Droits humains en travaillant à développer les systèmes nationaux et internationaux. Grâce aussi au Fonds Francophone d'initiatives pour la démocratie, les droits humains et la paix, des efforts doivent être déployés par les Organisations Non Gouvernementales nationales, les syndicats, les médias ou «tout organisme compétent en matière de formation, de production d'ouvrages didactiques et de vulgarisation. Ce fonds s'évertuera à contribuer ainsi à la consolidation du «rôle actif» des organisations de la société civile dans le domaine de l'éducation aux droits humains, de la démocratie et de la paix ! Quand au fonctionnement de ce fonds, il doit fonctionner sur la base d'une procédure d'appel à propositions et est ouvert aux projets considérés comme concrets pour lesquels «l'organisme demandeur dispose d'une capacité de financement couvrant au moins 30% du coût du projet en fonds propres». Face aux diverses critiques et aux observations répétées des pays de la Francophonie, du Sud comme du Nord, on voit que l'O.I.F, sous l'impulsion constante de son secrétaire général monsieur Abdou Diouf, est attentive, pour ne pas dire plus, à tout ce qui se rapporte à la protection et à la promotion des droits humains partout dans le monde et qu'elle tient à les développer dans les systèmes nationaux et internationaux. Elle souhaite ardemment trouver les partenaires adéquats : commissions nationales, réseaux concernés, organisations régionales et internationales dont le Haut Commissariat aux droits de l'Homme des Nations Unies et le Conseil de l'Europe, les ONG nationales et internationales dont, bien entendu, la fameuse Fédération Internationale des Droits de l'Homme (FIDH). La ribambelle des résolutions ne s'en termine, malgré tout pas ainsi, nous continuerons demain à examiner ce qui reste du catalogue de l'«Organisation Internationale de la Francophonie», cuvée treizième sommet de Montreux. (A suivre)