Le secteur de l'artisanat est un secteur porteur et dynamique qui, outre la place importante qu'il occupe dans le tissu économique national, a la particularité de véhiculer le contenu civilisationnel et artistique du pays. Le secteur a connu une croissance de plus de 17% sur la période 2007/2009 avec un chiffre d'affaires passant de 10,3 milliards de Dirhams à 14 milliards de Dirhams. Les trois quarts des artisans et entreprises artisanales sont implantés dans le milieu urbain. Le secteur emploie plus de 350000 personnes. Près 50% de ce marché est représenté par la menuiserie traditionnelle, les vêtements, la bijouterie. Casablanca arrive en tête des villes où l'artisanat est bien implanté. Elle est suivie de Fès, puis Marrakech. Dans le cadre de sa vision 2015 de l'artisanat, le département de tutelle aspire à tirer parti des fortes potentialités que présente ce secteur, et faire ainsi de l'authenticité du secteur, un moteur de l'essor économique du royaume. Signée le 20 février 2007 sous la Présidence effective de SM le Roi Mohammed VI, la Vision 2015 s'inscrit dans la politique volontariste de croissance du Gouvernement. Elle a pour objectifs de doubler le chiffre d'affaires de l'artisanat à fort contenu culturel, créer 100 à 200 entreprises dont 15 à 20 acteurs de référence, générer 4 milliards de dirhams de PIB supplémentaire, multiplier par 10 les exportations formelles et créer 115.000 emplois. Au bout de trois années de mise en œuvre de la Vision 2015, les 46 articles du contrat programme ont déjà été tous activés avec une cadence de réalisation des objectifs dépassant les prévisions. En termes de création de PME, l'objectif fixé a été largement atteint, et en termes de chiffre d'affaires également, la moyenne de progression annuelle durant les deux dernières années a été notable et a dépassé 17%. Programme incubateur La vision du Secrétariat d'Etat est de voir émerger des acteurs de référence, qui sont des entreprises de taille importante rarement atteinte dans le secteur de l'Artisanat avec des objectifs de chiffre d'affaires de 100 à 200 MDH à horizon 2015 pour qu'elles puissent jouer un rôle de locomotive pour le secteur. C'est dans ce cadre qu'une première opération de sélection des acteurs de référence s'est déjà déroulée et s'est soldée par le choix et la mise en œuvre d'un programme d'accompagnement au profit de 7 acteurs de référence dans la filière Décoration. Le programme a concerné plusieurs volets dont notamment le support aux expertises, la mise en relation avec les réseaux de commercialisation ciblés à l'étranger, le support aux actions de promotion et de participation aux salons professionnels...Du coup, le processus de généralisation de l'opération de sélection à l'ensemble des filières de l'artisanat à fort contenu culturel, à savoir : le bâtiment traditionnel, l'ameublement, l'habillement, la bijouterie et la décoration. Nouvelle génération Différentes des espaces classiques, ces zones d'activités nouvelle génération offrent aux PME non seulement des espaces de travail adaptés, mais également de services et des moyens permettant le développement des filières et l'amélioration de la productivité et de la compétitivité. Les services concernent, entre autres, la formation, le design, l'accompagnement et l'assistance technique, ainsi que d'autres prestations tels que la restauration, le transport… Ces zones permettront ainsi de développer un tissu de PME structuré en mesure de mieux se positionner notamment à l'export. Pour atteindre les objectifs escomptés, le secrétariat d'Etat chargé de l'Artisanat a procédé, avec les opérateurs du secteur et leurs représentants, au recensement des besoins des PME et des grands mono-artisans, en matière de foncier viabilisé, tenant compte de la demande potentielle à l'horizon 2012. Un concept sur mesure Ces sont ainsi 9 Zones d'Activités d'Artisanat -ZAA- qui ont été sélectionnées. Elles s'étalent sur une superficie globale de plus de 450 hectares, notamment au niveau des villes de Marrakech, Fès, Tanger, Meknès, Safi, Rabat, Casablanca, Agadir et Laâyoune. Quatre types de ZAA ont été identifiés proposant tous des services spécifiques plus ou moins sophistiqués selon le degré de maturité et de structuration des acteurs cibles: pépinière d'entreprises, zone logistique, zone franche d'exportation et zone d'activités standard. Chaque type s'appuie sur le niveau de maturité de l'entreprise, la taille, les services à offrir ainsi que le mode de gestion. «Un tel travail n'a été rendu possible qu'à travers le recours à des entretiens avec les hommes ressources, à un benchmark au niveau national et international et à un test quantitatif du concept proposé par une enquête de contrôle auprès des acheteurs potentiels», explique Anis Birou, Secrétariat d'Etat à l'Artisanat. Observatoire National de l'Artisanat Le Secrétariat d'Etat à l'Artisanat a mis en place l'Observatoire National de l'Artisanat. Grâce à cet observatoire, il est possible d'apprécier l'évolution du secteur de l'artisanat avec des chiffres et des tendances à l'appui. L'observatoire national de l'artisanat a pu effectivement durant moins de deux années, et pour la première fois dans notre pays, rendre disponible des indicateurs stratégiques du secteur et ce, en s'appuyant sur des expertises internationales et nationales. Les quatre éditions du «Panorama de l'artisanat» établies par l'observatoire de l'artisanat permettent de relever que, durant les trois dernières années, le chiffre d'affaires de l'artisanat a enregistré une évolution notable passant de 10,3 milliards de dirhams en 2007 à plus de 14 Milliards de dirhams en 2009 et marquant un taux d'accroissement annuel moyen dépassant les 17%. L'augmentation du chiffre d'affaires a concerné toutes les composantes du secteur, en l'occurrence les mono artisans urbains (+13,5%) et ruraux (+22%), ainsi que les PME (+14,5%). L'Observatoire a permis de mieux apprécier le marché interne qui constitue l'essentiel du chiffre d'affaires de l'Artisanat, ce qui explique l'évolution positive du secteur malgré le contexte de crise économique internationale. Préserver des métiers en voie de disparition Avec une enveloppe budgétaire annuelle de 3,5 MDH, le projet de préservation des métiers compte, dans une 1ère étape, focaliser sur une 1ère liste des métiers jugés prioritaires. Cette liste comprend 13 métiers, à savoir, la céramique de Meknès, le cuir excisé, le cuir Ziouani, le bois sculpté du sud, dit «Jdari», le feutrage, la maroquinerie du sud, la marqueterie fine de Fès, la natterie, la reliure-dorure, les selles brodées, le tapis de Fès, le tapis Bni Bou Yahyia et le zellige de Tétouan. Une approche pragmatique a été adoptée, visant à travailler sur un métier pilote, en l'occurrence la marqueterie fine de Fès, étant donné le nombre trop réduit des artisans pratiquant et maîtrisant cette technique.