La démonstration est faite. L'économie marocaine a fait montre d'une forte capacité de résilience quant à l'impact du choc de la crise financière internationale. Mais cela n'a jamais signifié que l'on puisse se soustraire des effets du chambardement constatés au niveau de l'économie mondiale. Si notre capacité de résilience a été le résultat de choix macroéconomiques adéquats, cela voudra dire aussi que nous devons avoir le courage de revenir à l'ouvrage à chaque fois que le besoin de recentrage de la politique économique l'exige. Regardons de près les mesures phares du projet de budget pour 2011.Un taux de croissance de 5 pc, un taux d'inflation de 2 pc, un déficit budgétaire de 3,5 pc et un baril de pétrole à 75 dollars. Ce sont là des hypothèses réalistes pour la confection d'une loi de finances qui n'est ni expansive, ni restrictive. Le réalisme est saillant quant au choix d'opérer au titre de ce projet une réduction des dépenses de fonctionnement de l'administration et des établissements publics, et une compression au niveau de la création des postes budgétaires nouveaux «dans la limite des besoins pressants et dont le nombre est estimé à 18.802 postes», comme le précise le grand argentier de l'Etat dans sa présentation devant le parlement. Il est remarquable aussi que le projet de loi de finances accorde une attention particulière aux engagements du gouvernement concernant le maintien d'un niveau respectable du financement des grands chantiers sociaux. Cette option qui confirme non seulement la nécessité de maintien de filets sociaux au moment où l'Etat est confronté à la nécessité d'assurer une gouvernance rigoureuse des finances publiques. L'autre hypothèse intéressante dans la panoplie des mesures préconisées est le renforcement de la croissance à travers la promotion des investissements, la consolidation de la demande intérieure, le soutien au pouvoir d'achat par l'augmentation des salaires et la réduction de l'impôt sur le revenu. Il s'agit là d'une équation à dimensions variables dont la maîtrise nécessitera un jeu d'équilibriste raffiné. Ces mesures apparemment contradictoires les unes par rapport aux autres auront à se déployer dans un environnement national et international changeant. Mais l'expression de la bonne foi est là. Il faut croire que la dimension sociale du budget est sauvegardée. Le niveau d'activité globale devra être tiré vers le haut par le soutien à l'investissement public, qui connaitra une augmentation de 5 milliards de dirhams (MMDH) pour atteindre 167,3 MMDH, dont 53,8 MMDH au titre du budget général. C'est une annonce de taille qui devra permettre aux investisseurs d'ajuster correctement leurs anticipations et leurs programmes d'investissement. Ce sont là quelques orientations du projet de budget 2011, qui ne manqueront pas de susciter des débats passionnés parmi les représentants de la nation. Des débats qui seront conditionnés objectivement par des enjeux liés aux échéances de 2012.