Marcel François et les jardins exotiques Marcel François (1900–1999) était un colon pas comme les autres. D'abord, il était artiste, peintre (de petites laques très soignées) et poète. Il possédait quelques hectares (4) un peu avant Sidi Bouknadel, entre Salé et Kénitra. Il en avait fait les jardins exotiques, dans les années 50. Des fleurs, des feuilles et des branches, venues du monde entier, acclimatées, bien entretenues, bien arrosées, de pluies fines ou d'averses, irriguées, des sensitives, des bambous, des nénuphars, des cocotiers, des lianes. Ici le Laos, là la forêt amazonienne, ici la brousse africaine, là la steppe, les mares à la Gauguin, les ponts en bois suspendus d'une rive à l'autre, pas de crocodile, des cascatelles, des singes en cages, des échelles à flanc d'arbre, des passerelles d'une cime à l'autre, décors pour Tarzan, pour Mowgli, pour Livingstone, un faux squelette humain (« tout ce qui reste d'un explorateur imprudent »)..., tout cela né de l'imagination poétique d'un créateur animé par la bonté. Ses biens étant de colonisation, ils ont été récupérés, mais il est resté comme locataire, comme gérant de son œuvre, avec ses artisans, son épouse, sa maison, au cœur de son domaine, portes et fenêtres ouvertes, d'où s'échappait sans cesse de la musique classique. M. et Mme François ont quitté définitivement leur cher Maroc en 1984. Il serait bien juste que ces jardins, aujourd'hui ressuscités, s'appellent Les jardins Marcel François.