L'union européenne est satisfaite des efforts accomplis par le Maroc en 2009. Les progrès réalisés dans de nombreux domaines figurent dans le rapport Maroc présenté mercredi dans le cadre de la réunion de la Commission européenne consacrée à la politique du voisinage avec les 12 pays partenaires. Des difficultés et des points d'ombre ont été également soulignés, notamment les lenteurs enregistrées dans les réformes de la justice et de la presse. «L'année 2009 était positive et le pays a fait des progrès tout à fait remarquables dans beaucoup de domaines mais il y a un certain nombre de points d'ombre et d'insuffisances. C'est normal et on va s'y attacher en 2010 pour essayer de les combler» a déclaré l'Ambassadeur Eneko Landaburu, Chef de délégation de l'Union européenne au Maroc, dans une conférence donnée mercredi et dédiée à la présentation du rapport Maroc. Ce rapport sur le Maroc liste les progrès réalisés au cours de l'année écoulée dont les plus significatifs ont été mentionnés par l'ambassadeur : il s'agit en premier lieu de l'«intensification du dialogue politique» illustré par le Sommet de Grenade en début 2010, la création d'une commission parlementaire conjointe qui s'est réunie début mai à Bruxelles et par un «très grand rapprochement» au Conseil de l'Europe, se traduisant par la conclusion d'une série d'accords dans ce sens. Au niveau interne, le pays a réalisé des «avancées» en matière de démocratie illustrées notamment par l'organisation des élections communales «transparentes» et caractérisées par un « renforcement de la participation des femmes» et aussi par la création de l'ICPC (Instance centrale de prévention de la corruption). La «bonne tenue» de l'économie marocaine, malgré un «contexte de récession de l'économie européenne» qui s'est traduit par une baisse des exportations vers le marché communautaire, en est aussi une illustration. Sur le registre du renforcement des relations bilatérales, l'exercice écoulé a été marqué par la conclusion de deux accords «extrêmement importants » dont l'un porte sur la libéralisation du commerce des produits et services, et précisément les produits agricoles et ceux de la pêche. «On a maintenant un accord sur les produits agricoles plus équilibré et ce grâce à la sagesse des responsables politiques des deux pays» s'est réjoui l'orateur. L'autre accord en question porte sur les mécanismes de règlement des différends commerciaux. Les efforts fournis par le pays pour la réduction des déficits sociaux à travers le renforcement budgétaire alloué à ces secteurs, notamment la santé et l'éducation, ont été aussi cités. «Malgré des difficultés conjoncturelles, le pays a pu investir et mobiliser des ressources pour réduire les déficits sociaux qui sont extrêmement importants» a déclaré le diplomate européen, mettant en exergue aussi, la mobilisation affirmée par le pays de lutter contre les effets des changements climatiques. Le démarrage du Plan solaire en est une illustration. Mais le rapport ne se contente pas des avancées et points positifs acquis en 2009. Il insiste aussi sur les «domaines où les progrès paraissent très lents» et «qu'on doit travailler dans la franchise et la confiance» soutient l'Ambassadeur, mettant en exergue trois points particuliers. Il s'agit d'abord de la réforme de la justice «qui n'a pas avancé, même si on en parle depuis très longtemps» regrette l'orateur plaidant pour l'instauration d'une justice plus indépendante et efficace afin d'assurer aux citoyens marocains la sécurité juridique et toute l'expression des libertés individuelles. L'UE insiste sur cette question parce que l'une des raisons expliquant l'insuffisance des investissements et échanges entre les deux parties réside en l'«absence de sécurité pour les investisseurs pour prendre des risques», se plaint le diplomate européen. Le deuxième point concerne la «lenteur» enregistrée dans la réforme du champ de la presse, d'autant plus que plusieurs affaires de presse ont souligné «l'importance de mener à son terme le débat pour la mise en place d'un cadre plus approprié pour la liberté de la presse». A ce propose, l'ambassadeur ne cache pas son «attentisme» par rapport au Dialogue sur la société et les médias initié par le parlement. Quant au troisième point, il porte sur «la question clé de la réussite du statut avancé» et qui est celle de la «définition d'une Stratégie de convergence réglementaire sur la vie communautaire» De quoi s'agit-il exactement ? L'UE et le Maroc seront intégrés sur le plan économique et sectoriel, précise l'ambassadeur, quand il y aura de part et d'autre, des lois et règlements qui seront proches. Le Maroc est alors invité par ses partenaires européens à définir les domaines dans lesquels il souhaite rapprocher sa législation, sa pratique et ses outils, comme par exemple les marchés publics, les services financiers ou les règles phyto sanitaires…. La mise en place d'un «Plan de convergence» permettra alors au pays de lever les obstacles devant l'intégration pour bénéficier pleinement de la marche intérieure communautaire formée de 550 millions de consommateurs. Après avoir signalé les avancées et difficultés en 2009, le rapport aborde les défis pour l'année en cours. L'ambassadeur en a mentionné trois : un, la nécessité d'accélérer les réformes des secteurs de la justice et de la presse, deux, la conclusion des négociations sur un accord de réadmission entre les deux parties, trois, la mise en œuvre d'un plan de convergence sur la vie communautaire. Concernant la question de réadmission, l'UE juge cet accord d'«important» car il va ouvrir les discussions sur la facilitation des visas pour les citoyens marocains souhaitant se déplacer vers l'Europe. «L'accord sur la réadmission est fondamentale pour les Européens pour avancer dans ce partenariat» affirme l'Ambassadeur Eneko Landaburu, Chef de délégation de l'Union européenne au Maroc.