Ce mercredi, 29 septembre, l'Espagne vit au rythme de sa septième grève générale dont cinq ont été organisées pendant les mandats de gouvernements socialistes. Il s'agit d'un nouveau test pour M. José Luis Rodriguez Zapatero dont l'économie de son pays peine à sortir de la crise économique. Apparemment, les deux plus importantes centrales syndicales, les Commissions Ouvrières (CC.OO) et l'Union Générale des Travailleurs (UGT), manifestent, à travers ce mouvement de grève, leur refus de la Réforme du marché du travail, adoptée au Congrès des Députés, le 22 juin dernier. En réalité, le dialogue entre syndicalistes, patronat et gouvernement se trouve gelé depuis plusieurs mois à cause des désaccords sur une série de questions qui touchent directement le pouvoir d'achat des travailleurs et des retraités, la sécurité de l'emploi et la précarité des contrats de travail. De l'avis de tous les experts l'entreprise espagnole se trouve au creux de la vague et est incapable de se ressaisir du choc des derniers séismes qui ont secoué l'économie mondiale, au moment où le gouvernement tente de préserver sa politique sociale. Jusqu`à mardi, chaque partie campe dans ses positions. Les syndicats sont conscients de l'importance de la mobilisation du plus grand nombre de travailleurs pour paralyser l'activité dans tous les secteurs. La réussite du débrayage leur apportera davantage de confiance en leurs revendications et de force pour pouvoir affronter les prochains rounds du dialogue social. D'ailleurs, l'objectif de cette démarche est de forcer le gouvernement à revenir sur la Réforme du marché du travail et la réduction des pensions et salaires des fonctionnaires. De son côté, le gouvernement propose la reprise du Dialogue Social avec l'espoir qu'il n'y aurait ni gagnant ni perdant dans cette grève générale. D'ailleurs, M. Zapatero a affirmé, dimanche lors d'un meeting à Saragosse (325 km au nord de Madrid) qu'il défendait le droit à la grève et comprenait la position des syndicalistes. Il leur a offert la possibilité de reprise du dialogue après le 29 septembre en rappelant que son obligation en tant que chef de gouvernement est de promouvoir des reformes qui visent à créer de l'emploi. Les centrales syndicales ont mobilisé, jusqu'aux ultimes minutes, une armée de piquets de grève dans les différentes régions autonomes et délégations pour distribuer des copies de leurs derniers communiqués, tee-shirts, casquettes portant leur emblème et pancartes. Autorités centrales et régionales ainsi que les représentants syndicaux et chefs d'entreprises ont convenu de respecter les services minimums dans certains secteurs vitaux. Les services de santé spéciaux, telle l'oncologie, la dialyse ou les urgences des hôpitaux vont fonctionner à 100%, le transport aérien à 35 % et le public à Madrid à 50% aux heures de pointe. Concernant l'éducation, il a été décidé que doivent être présents aux établissements scolaires le directeur, le responsable des études et un employé de service. Que dit la réforme du travail qui a été adoptée grâce aux 168 voix des députés socialistes? Pour restructurer le marché du travail et reformuler les rapports entre employeur et employé, le gouvernement propose dans cette réforme cinq séries de mesures. Il s'agit de réduire la dualité des contrats (temporaires et indéfinis); favoriser la souplesse interne dans les entreprises en vue de réduire la journée de travail comme instrument de réajustement provisoire de l'emploi; encourager l'emploi des jeunes et personnes en chômage; améliorer la qualité des services des entreprises d'intermédiation de travail temporaire; promouvoir l'égalité entre les deux sexes au niveau des conditions de travail, salaires et promotions professionnelles. L'Espagne a connu, depuis la restauration de la démocratie en 1978, sept grèves (1978, 1985, 1988, 1992, 1994, 2002 et 2010) pour protester contre la politique de l'emploi du gouvernement. Analysant les déclarations et gestes des leaders syndicalistes et de certains membres du gouvernement, aucune des deux parties ne cherche en fin de compte à achever le rival. Aucune opposition active n'a été manifestée de la part du gouvernement contre l'action des syndicats qui, à la lumière de certains sondages ne bénéficie guère d'un grand enthousiasme au sein de la société. Les résultats d'un baromètre du journal El Pais reflétaient, mardi, cette tendance puisque 59% des lecteurs/internautes se montrent opposés à la grève générale alors que 78% estiment que celle-ci ne va pas forcer le gouvernement à changer de politique économique et d'emploi.