J'ai longtemps hésité avant de livrer ce témoignage à Al Bayane. Tellement j'avais honte. Honte pour ces fonctionnaires véreux et ignobles, qui n'hésitent pas, pour une poignée, à desservir et à discréditer leur pays. De retour au Maroc, pour le mois sacré du Ramadan, je reçu une belle claque, à la frontière Bab Sebta, en guise de bienvenue dans mon pays bien aimé. On était plus de quarante voyageurs à bord de l'autocar qui nous ramène au bled. Au poste frontalier marocain, au niveau du bureau de police, le responsable de la société de voyage se lève et s'adresse à nous en ces termes : «prière de me remettre vos passeports avec un euro pour les policiers marocains, afin qu'ils accélèrent la procédure et nous épargnent de s'éterniser ci». Surpris, indigné, je ne comprenais pas ce que mes oreilles ouïssaient. Je demande alors des explications. - Ça a toujours été ainsi, c'est la règle générale, me répond le jeune homme. - Et si je refuse d'obtempérer, lui dis-je ? - Tu descends voir avec le flic, me dit-il sèchement. Il est cinq heures, il ne fait pas encore jour.Je prends mon courage et mon passeport à deux mains et m'en vais au poste de police. Je lui tends mon passeport et ma C.I.N par la lucarne, alors qu'il se faisait enduire les chaussures par un cireur que l'on voyait à peine. « - Tu es venu comment ? Me demande le policier bien nippé. - En autobus, balbutiais-je. - Alors tu vas retourner auprès des autres voyageurs .Il ne faut pas sortir des rangs, allez-y ! Me lance t-il. Je ne bouge pas de ma place. Je maîtrise l'émotion et le grand trouble qui s'est emparé de moi et lui réponds calmement : - Je ne veux pas et je ne peux pas donner de l'argent .C ‘est illégal .C'est contraire à mes principes et c'est avilissant autant pour vous que pour moi». S'ensuivit un silence pesant et froid, pendant lequel il me dévisageait avec insistance et embarras .Il finit par activer son ordinateur pour les formalités d'usage ; cachète mon passeport et me le lance par le guichet. Outre les Marocains (et les bi-nationaux), il y avait dans le bus plusieurs Français, un Sénégalais étudiant en France et une jeune libanaise résidant en Suisse. Tout ce beau monde, pensais-je, a déjà sa petite idée en tête sur le Maroc.Une fois chez eux, ils évoqueront sûrement leur séjour et l'histoire de la piécette d'un euro…quel gâchis ! Notre pays mène un combat acharné et plein d'espoir pour la réalisation de projets à forte valeur sociale (routes, ports, écoles, hôpitaux, aéroports) à même de nous faire entrer de plain pied dans l'ère du développement, de la démocratie et de la justice. Notre pays fait face à moult défis, dont en premier lieu celui de nos ennemis qui cherchent par tous les moyens à nous porter atteinte, à nuire à notre image et à nous discréditer devant le reste du monde. Et dans cette phase historique cruciale, il se trouve des individus vils et sans scrupules, en totale inadéquation avec notre réalité, qui font le jeu de nos adversaires. Cette vermine, cette racaille comparable à une CINQUIEME COLONE dormante, doit être mise hors d'état de nuire. Il y va du bien être et de la sécurité de notre nation.