Dans l'une de ses dernières éditions, le journal espagnol «Al Pais» a foncièrement rendu hommage à notre pays, en le qualifiant «d'oasis», au milieu d'un désert frappé par la crise. Le quotidien ibérique, généralement, exigeant envers le voisin d'outre mer, s'est particulièrement montré admiratif de ce qu'il a appelé «envolée» du Maroc en terme prouesses socioéconomiques, en dépit des effets de la récession dont a souffert une flopée de nations aussi bien développées qu'émergentes. Le chroniqueur de ces exaltations a avancé essentiellement deux indicateurs expliquant l'embellie marocaine, à savoir l'élévation des investissements publics et le renforcement du marché national. Sauf les renégats et les récalcitrants, on conviendra sans ambages que notre pays déploie d'énormes efforts dans le sens de la démocratisation, du développement et de la modernisation. Ce constat, visible à l'œil nu, n'est ni complaisance ni présomption, puisque les chantiers d'aujourd'hui à plus d'un titre ne cessent de sillonner les diverses régions et localités du royaume, tant au niveau de la structuration de ses institutions que de l'émergence de ses infrastructures. A ce propos, les grands travaux qui jalonnent, aujourd'hui, le territoire national de fond en comble, ne font qu'illustrer cette volonté manifeste de mettre toutes ces réalisations sur les rails du fleurissement. On peut en citer au passage, le réseau autoroutier, portuaire et aéroportuaire, la chaîne des stations balnéaires, la pléthore des technicités ultra-modernes, la panoplie des complexes sportifs…Certes, on ne peut que se réjouir de ces avancées à grands pas qui s'opèrent dans tous les sens et qui font notre fierté collective, car elles sont, pour sûr, le maillage synergique de toutes les constituantes de la nation, historiquement cimentées autour du piédestal de la stabilité et de la fidélité. Cependant, d'aucuns s'indigneraient, en revanche, du fait que notre pays, en dépit de l'impact et du rayonnement de tous ces fondements de taille, se débat encore au bas de la marche, parmi les peuples les plus démunis, en terme de déficiences socioéconomiques. En fait, il n'y a pas de secret à ces controverses si l'on sait que la Maroc est constamment tiré vers l'abîme de ses propres manies dont il n'a pas pu, jusqu' à présent, se démarquer, malgré les tentatives vulnérables d'éradication de ses maux préjudiciables. Le laxisme et l'incivisme monstrueusement propagés dans notre Administration s'avèrent des freins irrésistibles à la promotion et l'ancrage des principes de l'équité et de la confiance. On a beau s'interposer, la corruption prolifère, le clientélisme prospère et la nonchalance dégénère, tant à l'espace administratif qu'à l'enceinte de la justice. Et pour faire semblant de riposter à ces défaillances handicapantes, on réagit, de temps à autre, contre les contrevenants, mais, en se gardant toujours d'aller jusqu'au bout de l'abcès pour le crever à la parade. Les « petits » corrupteurs paient toujours les pots cassés, à la place des intouchables qui sont toujours à l'abri de leurs méfaits dévastateurs. Bien entendu, loin de nous l'idée de généraliser ni de mettre tous les administrateurs dans le même panier. Nombre de responsables ou de simples commis font montre d'un haut degré de citoyenneté et d'attachement aux idéaux suprêmes de loyauté et de dévouement. Les exceptions dans ce sens ne manquent guère dans tel ou tel département étatique. C'est, en fait, avec eux que l'on pourrait faire avancer les choses dans le bon sens, à condition que cela fasse tâche d'huile.