La culture est tout ce qui reste après que l'on ait tout oublié. Cet adage tout à fait judicieux nous renvoie au rôle stratégique qu'occupe le fait culturel dans la vie des hommes et de l'ensemble de la communauté. Au Maroc la situation présente des déficits criants en matière de valorisation des composantes de la politique culturelle. L'analyse des politiques publiques demeure le meilleur exercice pour diagnostiquer les orientations de l'Etat en matière de promotion des affaires culturelle et d'action culturelle au regard de son rôle dans la stratégie gouvernementale. Nous savons que le budget consacré à la culture relève de l'indigence. En fait, il ne représente que moins de 1% du budget général de l'Etat. Que peut-on faire de consistant avec les 537,9 millions de dhs ? La question est délicate et le département de la Culture sait certainement que toute programmation sérieuse en termes d'animation est hors de portée. Cela dit si l'on s'intéresse au volet investissement cela relève de l'impossible. Les acteurs du fait culturel que se soit au niveau de l'édition, du monde du spectacle que celui des arts plastique ou encore celui du patrimoine appellent de tous leurs vœux à la mise en place d'une politique publique volontariste en la matière. Si le ministre de la culture Bensalem Himmich avait déclaré lors de sa désignation que « l'accès de la culture devrait être un droit fondamental pour tous les marocains », il s'avère que ce souhait est loin d'être une réalité. En fait, à lire la déclaration gouvernementale, on trouve que la place accordée à Culture est minime et ne retient pas l'importance qu'elle mérite. Par culture, le département du Premier ministre entend juste la promotion des langues. Ainsi, Abbas EL Fassi souligne que « son gouvernement œuvrera pour l'adoption d'une politique culturelle imprégnée de l'identité marocaine ». Pour ce faire, le ministre de la culture a indiqué que son programme d'action donnera une grande importance à la valorisation de la langue et de la civilisation arabe. Le même cas est applicable pour la langue amazighe, dont les principales orientations sont tirées du discours royale d'Ajdir prononcé le 17 février 2001. Par ailleurs, Abbas El Fassi évoque le rôle de la culture dans le développement économique et social, en mettant en exergue l'approche adoptée dans ce sens, faisant de la culture la locomotive du développement durable et intégré. Les spécialistes s'interrogent si cet intérêt voulu par le gouvernement transparait dans le prolongement concret de ses actions. Autre indicateurs indiquant que la culture est aux abonnés absents au niveau local, celui des budgets insignifiants consacrés par les communes au volet culturel. Toutes les villes du royaume accusent un déficit crucial en matière d'infrastructures culturelles… Les jeunes ont évadé les maisons de jeunesse et bibliothèques faute d'équipement et matériels nécessaires. Alors, que les activités culturelles organisées par les communes n'ont de la culture que le label. D'où l'appel du membre du bureau politique du PPS Annas Doukkali, plaidant pour la mise en place d'une véritable politique culturelle et artistique bien claire qui ne se contente pas uniquement de l'organisation des festivals, tout en appelant à la création de nouveaux schémas urbains où les espaces culturels occuperaient une place de choix. En fait, une meilleure politique de développement culturel est celle qui établit des actions qui s'inscrivent dans le temps et ce durant toute la période de l'année, et non pas seulement l'organisation des festivals limités par le temps et l'espace. Et comme le souligne, Bicher Bennani, directeur aux Editions de Tarek, que l'un des mécanismes permettant de donner une bouffée d'oxygène à l'action culturelle au Maroc, c'est de développer une politique nationale du livre. A l'entendre, l'Etat aura tout intérêt d'investir dans des infrastructures adaptées, et à promouvoir les auteurs nationaux. Car enfin de compte, c'est toute la machine de l'industrie culturelle qui va suivre…