Les préparatifs des Casablancais pour le mois sacré du Ramadan vont bon train comme partout dans le Royaume où l'ambiance de ce mois sacré se vit au quotidien dans un esprit de piété et de partage. Les souks de la métropole bien achalandés offrent une multitude de produits dégageant mille et un parfums qui replongent les Casablancais dans les traditions ramadanesques les plus enracinées: Retrouvailles familiales, recettes culinaires et enseignements religieux. Dans l'ensemble des quartiers, les mouvements sont incessants de femmes et de jeunes filles faisant leurs emplettes d'ingrédients nécessaires pour concocter divers plats et l'incontournable Harira. Elles ne ratent pas l'occasion, à chaque rencontre, de présenter les vœux de l'approche du mois sacré de Ramadan, de vanter et d'échanger les recettes notamment pour accommoder le Meloui, Betboute, Rziza et autres mets pour le Shour. A Bab Marrakech, l'ambiance est tout autre avec les vendeurs de gâteaux miellés comme la Chebbakia ou la M'kharka qui occupent le pavé. Des étalages où se mêlent Rziza, Fekkas, Briwat, Ghraiba, Cornes de Gazelle et autres délices, exposés avec soin sur des plateaux d'argent. Les moments de rupture du jeûne (Iftar) deviennent de vrais espaces de convivialité autour des tables bien garnies alors que les chaînes satellisables, avec la multitude de programmes religieux font le reste pour que le musulman se sente vraiment dans une ambiance de piété. Par ailleurs, depuis plusieurs années, les «Iftars» dans les Mosquées sont devenus une tradition, permettant ainsi d'accueillir les nécessiteux, les jeunes, les célibataires et tous ceux qui ne veulent pas passer en “solitaire” ces moments privilégiés. Ces ruptures de jeûnes offrent de véritables espaces d'échanges entre les différentes composantes de la société et permettent également un ancrage grandissant de cette pratique dans les esprits. Le Ramadan à Casablanca, c'est aussi la joie que procurent, comme partout dans le Royaume, les retrouvailles familiales. Salhi est de ceux-là et ne cache pas sa joie puisque sa mère va rester pendant un mois pour préparer le Ftour, lui tenir compagnie. D'habitude, explique ce jeune mécanicien célibataire, «je mange seul dans mon coin, en attendant le week-end pour rejoindre ma famille à Berrechid». Mais le ramadan, c'est surtout cette ambiance spirituelle qui témoigne de l'attachement des Marocains aux nobles fondamentaux de l'islam. «C'est un mois de tolérance où les grands se doivent de transmettre aux jeunes générations les valeurs d'ouverture et de dialogue que prône l'Islam, insiste Hamid Barchak, agent comptable de 33 ans et membre de l'Association culturelle «Joudour»». «Je me sens beaucoup plus proche de Dieu en ce mois de ramadan», confie, pour sa part, Aziza, mère de famille. Pour elle, le jeûne n'est pas seulement l'abstinence, l'épreuve physique, mais aussi un élan du cœur pour apprécier et vivre intensément des moments uniques de partage et de convivialité. Brahim Sallak (49 ans), commerçant à Derb Ghallaf, conçoit, quant à lui, le Ramadan comme un mode de vie et de pensée. Il faut, selon lui, ne pas nuire aux autres, s'efforcer de les comprendre et de les accepter. Pour ce père de famille, l'Islam est une religion d'ouverture, de dialogue et de respect de l'autre. Et pour ce faire, il s'évertue à transmettre ces valeurs à ses enfants et petits-enfants. «Je donne seulement l'exemple comme l'ont fait mes parents», dit-il avec conviction. Recettes culinaires, retrouvailles familiales et enseignements religieux, seul le mois sacré de ramadan peut réunir tout cela à la fois.