La dernière Constitution promulguée en 2011, était porteuse de nombre de novations, plus spécialement en matière de gestion de la vie publique. L'Institution du chef de l'Exécutif se dote de nouvelles prérogatives qui confèrent des marges de manœuvre institutionnelle au côté de celles de la Monarchie, foncièrement ancrées dans le système de règne marocain. La Loi suprême dans l'un de ses articles, s'est prononcée en fait, sur la nomination du chef de gouvernement, à partir du parti politique étant parvenu à devancer ses pairs en termes de sièges de la députation à l'hémicycle. Ceci dit, on s'empresserait de se poser la question suivante, depuis cette nouvelle et non moins inédite mesure de l'innovation gestionnaire : Avions-nous eu droit à un chef de l'Exécutif à même d'accompagner la mutation profonde qui s'est opérée dans la législation marocaine au service des valeurs suprêmes de la Patrie et du Peuple ? Jusqu'ici, on n'est pas sûr d'en avoir eu, que ce soit en son registre de leader de communication ou en étoffe de charisme, en mesure de s'assumer pleinement, en tant que primature de la sphère hiérarchique du Pouvoir. Aussi bien Benkirane que Othmani, son successeur de la susceptibilité islamique, encore moins l'actuel chef de l'Exécutif, nul à notre sens ne semble être capable d'honorer cette judicieuse attribution constitutionnelle en phase d'expérimentation. Dans cet ordre chronologique, le premier tenait un discours évasif et ambivalent, se dérobant des tâches assignées, alors que le second, sans aucune personnalité effective, se montrait mièvre et falot durant quasiment son passage indolent. Le troisième, bravant une attitude hautaine, se trahit par un langage désarticulé, décousu et apolitique. Il a beau s'exhiber en richissime intouchable, force est de constater qu'il est dépourvu de toute latitude pouvant faire de lui un véritable chef d'Etat de haute facture. Faute de se hisser à cette trempe, il finit par s'estomper derrière les performances du Roi et s'en inspirer à la moindre sortie devant les caméras, sans aucune touche novatrice de sa part. Face à la fadeur et au flegme criant des chefs d'Exécutif, au point de laisser véhiculer cette impression dans les milieux du lambda marocains que seule la Royauté fait tout et se charge de tout, comme si l'Institution du chef de gouvernement n'existait guère. Il faut dire que cette démission dont celle-ci fait preuve est d'autant plus attentatoire à la pluralité et à la démocratie émergente du pays qu'elle en assène même des coups durs à l'effort mis en avant en direction du rehaussement de notre législation de qualité. Il va falloir revoir peut-être, les conditions de nomination du chef de gouvernement, puisque des compétences de haute dimension pourraient potentiellement émerger, pas forcément dans le rang du parti classé premier aux élections. Cet oiseau rare, de stature de fin stratège et de tact politique n'est pas donné à tout le monde, surtout pas les rentiers-parachutés de la dernière pluie !