Nabil El Bousaadi Après avoir débuté pacifiquement, le mois dernier, lorsque des étudiants frustrés étaient descendus dans les rues de Dacca, la capitale du Bangladesh, pour demander l'annulation du système des quotas dans les emplois publics mis en place à l'effet de favoriser ceux qui ont des liens avec le parti « Awami League » de la Première ministre, Sheikh Hasina, 76 ans, au pouvoir depuis 2009 et qui avait rempilé pour un quatrième mandat successif à l'issue du scrutin de Janvier dernier dont les résultats avaient été contestés suite à son boycott par l'opposition, les manifestations se sont vite transformées en un mouvement de contestation sans précédent, depuis l'indépendance du pays en 1971. Ainsi, en se soldant par la mort de plus de 300 personnes, ce soulèvement populaire a mis à nu l'étendue de la détresse économique dans un pays qui abrite près de 170 millions d'habitants majoritairement musulmans, où les exportations ont chuté d'une manière vertigineuse pendant que les réserves de devises étrangères se sont considérablement amenuisées. A noter, toutefois, que si, sous la direction de Sheikh Hasina, le Bangladesh a cultivé des liens très étroits avec l'Inde et la Chine, ses relations avec les Etats-Unis et d'autres pays occidentaux se sont fortement détériorées car ces derniers ne s'étaient pas empêchés d'exprimer leurs inquiétudes quant aux violations des droits de l'Homme et de la liberté de la presse notamment en voyant qu'avant le scrutin controversé de Janvier dernier, des milliers de membres de l'opposition avaient été emprisonnés. Aussi, bien que le 21 Juillet dernier, la Cour Suprême du Bangladesh avait ordonné l'abandon du fameux système des quotas qui, pour les associations estudiantines favorisait ouvertement les fidèles de l'Awami League, les manifestants, loin de se rétracter, en sont venus jusqu'à réclamer des excuses de la part de la Première ministre Sheikh Hasina qu'ils ont accusé de les avoir violemment réprimés. La situation a dégénéré ce lundi matin lorsque près de 400.000 manifestants – aux dires des médias locaux – ont bravé le couvre-feu et se sont dirigés vers la capitale qu'ils ont transformée en un véritable champ de bataille. Les affrontements ayant eu lieu avec les forces de l'ordre après que les manifestants se sont attaqués, à l'aide de marteaux, aux statues de Sheikh Mujibur Rahman, la grande figure de l'indépendance du Bangladesh, qui n'est autre que le père de la Première ministre, se sont soldées par la mort d'au moins 56 personnes. En outre, même si les forces de sécurité avaient pris soin de barricader toutes les artères conduisant à la résidence de la Première ministre et aux bâtiments du gouvernement, la foule était tellement déchaînée qu'elle est parvenue à abattre les barrages et à prendre d'assaut la résidence de Sheikh Hasina qui n'a pas trouvé d'autre issue que celle de fuir le pays à bord d'un avion militaire. Après avoir annoncé à la population, sur les ondes de la télévision nationale, la démission de la Première ministre, le commandant-en-chef de l'armée, le général Walker-Uz-Zaman a promis à ses compatriotes qu'un gouvernement intérimaire sera formé incessamment. En considérant, enfin, que même si l'avion qui transportait l'ancienne Première ministre bangladaise a atterri, lundi, en fin d'après-midi, à Hindon, une base militaire indienne située dans la région de Delhi, plusieurs sources ont évoqué Londres comme destination finale de la dirigeante déchu, attendons pour voir...