Nabil El Bousaadi Pour tenter de contraindre Israël à stopper son offensive militaire contre la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza, où plus de la moitié de la population de l'enclave palestinienne a trouvé refuge, l'Afrique du Sud, alléguant que l'action militaire d'Israël dans sa guerre avec le Hamas, à Gaza, constitue un génocide, a saisi, pour la quatrième fois ce jeudi 16 mai, la Cour Internationale de Justice (C.I.J.). Cette dernière a donné une semaine à l'armée israélienne pour se retirer de Rafah et prendre des mesures garantissant un accès, sans entrave, à la bande de Gaza, aux responsables des Nations unies, aux organisations humanitaires et aux journalistes. Dans sa plaidoirie, le représentant de l'Afrique du Sud, Vusimuzi Madonsela, a déclaré que, « lors de (sa) dernière comparution » devant la C.I.J., son pays « avait espéré mettre un terme à ce processus génocidaire afin de préserver la Palestine et son peuple » mais il n'en fût rien et « au lieu de cela, le génocide d'Israël s'est poursuivi à un rythme soutenu et vient d'atteindre un nouveau et horrible niveau ». L'autre avocat sud-africain, Vaughan Lowe, a tenu à préciser, de son côté, que l'opération menée, actuellement, par l'armée israélienne, à Rafah, « est la dernière étape de la destruction de Gaza et de son peuple ». Aussi, pour l'Afrique du Sud, non seulement les mesures conservatoires précédemment fixées « ne sont pas susceptibles de 'répondre pleinement' à l'évolution de la situation et aux faits nouveaux sur lesquels se fonde sa demande » mais la « situation résultant de l'attaque israélienne contre Rafah et le risque extrême qu'elle fait peser sur l'acheminement de l'aide humanitaire et la fourniture des services de base à Gaza, la survie du système médical palestinien et la survie même des Palestiniens en tant que groupe ne constituent pas seulement une escalade de la situation, mais occasionnent de nouveaux développements qui causent un préjudice irréparable aux droits du peuple palestinien de Gaza ». Aussi, en appelant les juges de la CIJ à ordonner un cessez-le-feu immédiat à Gaza, les avocats sud-africains ont donné le coup d'envoi à deux jours d'audience, alors qu'en récusant les accusations qui lui ont été adressées, Israël, qui après avoir présenté Rafah comme étant le dernier bastion du Hamas avait rejeté les avertissements de Washington et de ses alliés affirmant que le lancement de toute opération militaire ne pourrait donner lieu qu'à une catastrophe pour la population civile, avait signalé qu'elle y répondra vendredi. Mais que pourrait donc répondre un Etat qui est dirigé par le gouvernement le plus extrémiste de son histoire et dont le Premier ministre sait pertinemment que si les armes se taisent, il sera appelé à « rendre des comptes » ? Israël va donc continuer à fredonner sa sempiternelle chanson racontant qu'il n'y a ni crimes de guerre ni crimes contre l'Humanité mais seulement des mesures d'auto-défense qu'il convient de poursuivre dès lors que la tactique du Hamas consiste à se dissimuler, dans des zones d'habitation, et que ceci ne permet pas d'éviter des victimes civiles. En considérant, par ailleurs, que les actions militaires israéliennes « constituent une violation flagrante du droit international, du droit humanitaire et de la quatrième Convention de Genève concernant la protection des civils en temps de guerre », le ministère égyptien des Affaires étrangères a fait part, ce dimanche, de son intention de se joindre à cette affaire. Il en va de même de la Libye, du Nicaragua et de la Colombie qui ont déjà déposé des demandes formelles en ce sens et de plusieurs autres pays qui prévoient, également, d'emboîter le pas à l'Afrique du Sud. Vont-ils parvenir à forcer Israël à stopper son offensive ? Rien n'est moins sûr au vu de la détermination de Netanyahu en dépit de la condamnation ferme et sans équivoque, par les peuples du monde entier, de la campagne génocidaire en cours à Gaza mais attendons pour voir...