L'armée israélienne a reconnu, dimanche soir, qu'il y avait eu des victimes civiles dans l'attaque qu'elle a lancée contre un camp de personnes déplacées à l'ouest de la ville de Rafah, dans le sud de la Bande de Gaza. Un communiqué de la défense civile de Gaza fait état d'un bombardement israélien d'un camp de personnes déplacées dans la région de Tal al-Sultan, dimanche soir, qui a fait 50 victimes palestiniennes "entre martyrs et blessés". L'armée israélienne a affirmé, dans un communiqué, que "des avions ont récemment attaqué une installation" du Hamas à Rafah. Elle a affirmé que "l'attaque a été menée contre des militants (...) à l'aide d'armes de précision et sur la base d'informations préliminaires indiquant que des militants du Hamas utilisent cette zone (Tel al-Sultan)". Le massacre s'est produit dans une zone dont les habitants n'ont pas été prévenus par Israël, qui n'a pas demandé l'évacuation des personnes déplacées. Il s'est produit deux jours après une ordonnance de la Cour internationale de justice exigeant l'arrêt immédiat de l'attaque militaire israélienne contre Rafah. Des responsables palestiniens ont condamné lundi Israël pour avoir bombardé un centre pour personnes déplacées près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, tuant au moins 35 personnes. "Cet atroce massacre perpétré par les forces d'occupation israéliennes est un défi à toutes les résolutions internationales", a écrit la présidence palestinienne dans un communiqué. Elle a accusé Israël d'avoir "délibérément visé" le camp de personnes déplacées de Barkasat, géré par l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) au nord-ouest de Rafah. Selon les autorités du Hamas, au moins 35 personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées dans ce bombardement dimanche soir. "Nous appelons les masses de notre peuple en Cisjordanie, à Al Qods, dans les territoires occupés et à l'étranger à se lever et à marcher avec colère", a écrit le mouvement islamiste dans un communiqué, dénonçant un "horrible massacre". Le Croissant-Rouge palestinien a déclaré que ses ambulances avaient transporté "un grand nombre" de personnes tuées ou blessées lors de l'attaque.
44 morts, dont 32 enfants
L'armée israélienne a affirmé pour sa part qu'un de ses avions avait ciblé un complexe du Hamas à Rafah visant deux responsables du mouvement en Cisjordanie, Yacine Rabia et Khaled Nagar. L'armée israélienne multiplie depuis le 7 mai les opérations pour détruire les bataillons du Hamas à Rafah. Les combats se sont poursuivis durant le weekend, malgré une décision vendredi de la Cour internationale de justice (CIJ) ordonnant à Israël de suspendre ses opérations dans ce secteur essentiel à l'entrée de l'aide humanitaire. Des frappes dans d'autres zones de Rafah ont également été signalées dimanche en fin de journée. L'Hôpital Koweïtien a dit avoir reçu les corps de trois personnes, dont celui d'une femme enceinte. Amnesty International a pour sa part demandé à la Cour pénale internationale (CPI) d'ouvrir une enquête pour "crimes de guerre" sur trois frappes aériennes sur la bande de Gaza qui ont fait 44 morts, dont 32 enfants, en avril dernier. Une responsable d'Amnesty, Erika Guevara-Rosas a affirmé que l'enquête de son organisation avait apporté "des éléments de preuve essentiels pointant des attaques illégales imputables à l'armée israélienne". Selon un haut-responsable israélien, une réunion du cabinet de guerre s'est tenue dans la nuit de dimanche à lundi, afin d'évoquer les efforts destinés à obtenir une libération d'otages, retenus à Gaza depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre. Cruauté israélienne et mépris flagrant du droit international La rapporteuse des Nations unies sur la Palestine, Francesca Albanese, a souligné lundi que le bombardement israélien ayant visé un camp de personnes déplacées dans la ville de Rafah constitue un "défi flagrant à la loi et à l'ordre international", appelant à sanctionner Tel-Aviv pour mettre fin au "génocide". Dimanche soir, des dizaines de Palestiniens, pour la plupart des enfants et des femmes, ont été tués et blessés dans un bombardement israélien visant les tentes de personnes déplacées dans la région de Tal al-Sultan, au nord-ouest de Rafah. Sur la plateforme X, Albanese a écrit : "Encore plus d'horreur à Gaza. Les forces d'occupation israéliennes ont bombardé un camp de Palestiniens déplacés à Rafah, provoquant l'incendie de tentes en plastique et brûlant tragiquement des personnes vives". Elle a souligné que "cette cruauté, ainsi que le défi flagrant porté au droit et à l'ordre international, sont inacceptables". Le bombardement a visé une zone censée être sûre et sans avertir ses habitants ni demandé l'évacuation des personnes déplacées. Il est intervenu deux jours après que la Cour internationale de Justice a émis un ordre d'arrêter immédiatement l'attaque terrestre israélienne sur Rafah. "Le génocide à Gaza ne prendra pas fin sans pression extérieure", a-t-elle averti avant de poursuivre, qu'"Israël devrait être sanctionné et tenu pour responsable de ses actions devant la justice. Il faut également suspendre les accords économiques à savoir les partenariats et les investissements, ainsi que sa participation aux forums internationaux".