Ouardirhi Abdelaziz Soulever la question du partenariat public-privé dans le secteur de la santé en ce moment bien précis, n'est pas fortuit, muas c'est bel et bien un sujet qui me tient à cœur depuis plusieurs années. Il fut un temps, pas si loin où des médecins du privé faisaient des consultations quasi quotidiennes dans les structures sanitaires publiques, et certains d'entre eux hospitalisaient et opéraient des malades dans les différents hôpitaux. Et tout se déroulait à merveille, et on en garde d'excellents souvenirs. Que reste-il de cette époque ? Qu'en est-il aujourd'hui du partenariat public-privé ? Un partenariat public-privé gagnant-gagnant N'en déplaise aux détracteurs du partenariat public-privé qui ne sont pas nombreux, il est utile de leur rappeler ici que toutes les expériences mondiales réalisées par des experts internationaux ont démontré que les partenariats public-privé (PPP) revêtent une très grande importance dans le domaine de la santé, notamment dans l'amélioration de la qualité des soins, l'efficacité des services de santé, l'innovation et la gestion des coûts. Ce qui est largement suffisant comme argumentaires pour plaider en faveur de la mise en place d'un partenariat public-privé dans le secteur de la santé dans notre pays. Le partenariat public-privé a suscité plusieurs débats auxquels ont pris part des sommités internationales du Maroc, du pays frères et amis, ainsi que des experts nationaux et internationaux, qui ont tous insisté sur la nécessité de mettre en place les mécanismes devant assurer une complémentarité pérenne entre le secteur public et le secteur privé. Ce partenariat public-privé gagnant-gagnant permettra au plus grand nombre de nos patients démunis qui s'adressent au hôpitaux publics de pouvoir aussi bénéficier de l'expertise et des compétences avérées des praticiens du secteur privé, de faire bénéficier ces mêmes malades de la haute technologie qui existe dans le privé. Redynamiser le système de santé Ce partenariat public-privé contribuera à redynamiser le système de santé. Il y aura moins de longues attentes, moins de rendez-vous, et aboutira à une meilleure prise en charge des malades sur le plan de la qualité et l'accès aux soins, que ces malades soient riches ou pauvres. Un idéal vers lequel veut tendre notre système de santé, un idéal et un défi qui sont à notre portée pour peu que chacun y mette du sien. Pour que ce partenariat public-privé ait du sens, de la valeur, il faut dépasser le cadre du partenariat précis à telle ou telle prestation qui consiste tout simplement à déléguer la gestion d'un service public bien précis au privé. Exemple de la sous-traitante de la dialyse, qui faut-il le préciser a permis d'en finir avec les longues listes d'attentes des malades. Il s'agit d'ouvrir le chantier à plus de coopération, à plus de compétences, plus d'experts, plus de prestations, des interventions chirurgicales, des examens de radiologie (IRM- Scanner ...). Surtout au niveau des régions où l'hôpital public ne peut pas assurer ces prestations, qui seront confiées au privé, qui a démontré qu'il a de grandes capacités et une maîtrise parfaite dans ce domaine. Confronter les connaissances des uns et des autres Dans ce même ordre d'idées, il s'agit de permettre aux praticiens du secteur public de confronter leurs connaissances, leurs expériences avec les médecins du privé, d'être en permanence en contact, d'échanger les avis, les visions, les stratégies. En somme, c'est une plus grande ouverture qu'il faut privilégier pour asseoir sur des bases solides la complémentarité public-privé. Ce repositionnement exige aussi l'établissement d'un partenariat stratégique avec le secteur privé basé sur l'approche participative. C'est ce partenariat, cette complémentarité, cette harmonisation public-privé qui, aujourd'hui, nous intéresse à plus d'un titre car les enjeux sont énormes. Conciliation des secteurs public et privé La conciliation des secteurs public et privé est l'une des conditions essentielles à la viabilité de notre système de santé. Le succès repose toutefois sur le respect d'un certain nombre de principes directeurs dont l'universalité, la complémentarité, l'encadrement et les limites de l'action du privé dans le système actuel. L'universalité Le premier et le principal est celui de l'universalité. Les soins médicaux devront toujours répondre aux besoins du patient. Jamais à sa capacité de payer. Il s'agit là d'un droit de tout Marocain de pouvoir être correctement soigné, dans des structures adaptées, indépendamment de ses moyens. La complémentarité Le deuxième principe est celui du rôle complémentaire du secteur privé lorsque le système public ne suffit pas à la tâche, une situation qui ne peut que s'aggraver si rien n'est fait. L'intervention du secteur privé est plus que souhaitable, lorsqu'elle permet d'accroître l'accès des patients aux services de santé. Prenons, à cet égard, l'exemple du Danemark qui réfère le patient au secteur privé dès que l'attente excède un mois. Sur cette question de la complémentarité des soins de santé, je crois profondément que fermer la porte au privé équivaut à fermer la porte au patient. L'encadrement Le troisième principe est celui du nécessaire encadrement du secteur privé. Au lieu de tenter d'interdire, de façon stérile, la contribution du secteur privé comme se plaisent à le dire certaines personnes. Il faut plutôt réfléchir sur les modalités susceptibles demain de l'encadrer pour qu'il agisse de façon ordonnée, selon des conditions qui assureront son efficacité et sa complémentarité. L'encadrement est la seule façon de rectifier les faiblesses du système. C'est la seule façon d'éviter un développement anarchique où tout le monde fait à peu près ce qu'il veut. Avec des contrôles gérés par les responsables du ministère de la Santé (directeurs régionaux, délégués, directeurs d'hôpitaux…), on pourra améliorer le résultat pour les patients tout en assurant un financement structuré, ordonné et logique. Tout cela mérite d'être étudié par les différents acteurs qui interviendront dans le partenariat public-privé, celles et ceux qui désirent ardemment la réussite de ce challenge, qui ont a cœur la santé des citoyens Marocains et qui militent pour qu'aucun citoyen ne soit laissé de coté en cas de problème de santé.