Ouardirhi Abdelaziz Au moment où le Maroc entreprend une réforme en profondeur de son système de santé, et alors que de nouvelles infrastructures sanitaires (hôpitaux-centre de santé), voient le jour au niveau de toutes les régions du Maroc. Une sage décision qui vise à renforcer l'offre de soins existante, pour permettre un meilleur accès à tous, aux soins nécessaires en temps opportun dans le secteur public ou secteur privé, peu importe la capacité de payer des uns et des autres, grâce notamment à la mise en place effective de la couverture sanitaire universelle. Force est de constater qu'en ce moment, ce n'est pas nécessairement ce qui se passe dans certaines structures privées ou il faut d'abord payer pour être soigné. Peut-on parler vraiment d'universalité ? Les mêmes droits aux soins à tous En toute bonne logique, la réforme du système de santé initiée par le ministère de la Santé et de la protection sociale, et la couverture sanitaire universelle devraient permettre de donner les mêmes droits à tout le monde. C'est en tous les cas la doctrine, car le ministre de la Santé et de la protection sociale, le professeur Khalid Ait Taleb avait lui-même affirmé que le chantier de protection sociale entamé courant 2021, va permettre de donner les mêmes droits aux soins à tous les Marocains. Le ministre avait aussi ajouté que les groupes vulnérables pourront bénéficier des mêmes prestations de couverture maladie que celles obtenues par les personnes affiliées au système d'assurance maladie obligatoire, et pourront bénéficier de remboursement des soins chez les médecins privés. Universalité des soins : de quoi parlons-nous ? Vous en connaissez des malades vulnérables, fragiles, précaires, des SDF, des personnes sans soutiens, ni ressources, souffrant de maladies chroniques (diabète-maladies cardio-vasculaires-rénales respiratoires…) qui aujourd'hui sont pris en charge, hospitalisés, soignés dans des structures privées comme le stipule l'universalité des soins; qui est très explicite, ne faisant aucune différence, entre ceux qui ont des moyens et ceux qui sont démunis, vulnérables. Tout le monde est égal quelle que soit la catégorie, la profession, le rang social... Actuellement, le département de la Santé et de la protection sociale, ne tarit pas d'éloges concernant l'offre de soins, la couverture sanitaire universelle, l'accès à tous aux soins de qualité, l'équité.... mais la réalité est tout autre. De nombreux citoyens ne peuvent pas accéder aux soins dans certaines cliniques privées, qui exigent des chèques de garantie, et où la pratique du noir est courante. Peut-on dès lors parler vraiment d'universalité ? Mettre fin aux agissements néfastes Le ministre de la Santé et de la protection sociale, le professeur Khalid Ait Taleb est conscient de ces agissements, de cette réalité amère, et avait dernièrement indiqué à ce sujet que la demande d'un chèque de garantie dans les cliniques privées est totalement illégale. Le ministre de la Santé et de la protection sociale avait reconnu que cette pratique est encore adoptée dans plusieurs cliniques, soulignant que son département a déjà mis à la disposition des citoyens une plateforme en ligne afin de soumettre leurs plaintes. Le ministère doit être sans concession face aux cliniques qui agissent en dehors des lois, et qui profitent de la faiblesse des patients pour soutirer le plus d'argent des personnes vulnérables. Il n'est plus permis de parler dans le vide, de discuter de ces problèmes tout le temps et de ne pas agir avec fermeté. Il faut avoir présent à l'esprit qu'il s'agit ici de la santé des citoyens, aucune clinique n'a le droit d'exiger des chèques pour soigner un malade, ou de retenir en otage un patient insolvable. Il faut absolument que toute la population puisse avoir accès aux soins auxquels elle a droit, sans égard à sa situation économique. Le secteur privé a but lucratif, une progression constante Au Maroc, le secteur de la santé privé à but lucratif connait un essor constant. Les cliniques privées ne cessent de se développer. On estime le nombre de cliniques privées au Maroc à plus de 400, un chiffre qui est appelé à connaitre une augmentation constante dans les prochaines mois et années à venir. Le nombre de lits des cliniques privées se situe aux alentours de 15.000 lits, c'est relativement important. Surtout quand on sait que dans les années 90, il n'y avait que près de 100 cliniques au Maroc, et un nombre restreint de lits privés. Les choses changent, les établissements de soins de santé privés à but lucratifs (cliniques) connaissent un véritable boom. J'ai envie de dire tant mieux. Ça fait plaisir, surtout quand on voit que se sont des cliniques ultra-modernes, dotées de la très haute technologie ... Ces cliniques privées à but lucratif réalisent des chiffres d'affaires respectables, la courbée est exponentielle. Tant mieux. Plaidoyer pour des actions médicales humanistes Ce qu'il faut souhaiter, c'est que les patrons de ces établissements sanitaires puissent faire preuve de solidarité, d'humanisme, de compassion envers celles et ceux qui sont vulnérables, de réserver un quota pour assurer la prise en charge des malades démunis, qui ont besoin de subir des interventions chirurgicales pointues, de passer un scanner ou une IRM, de bénéficier d'une dilatation avec stent , d'une opération de cataracte , d'une chirurgie réparatrice... Ces actions humanitaires ne seront pas perdues, ce sont des actions humaines, citoyennes qui témoignent de la grandeur d'âme, de la solidarité agissant, et du patriotisme de nombreux praticiens qui exercent dans le secteur privé, qui sont mobilisés, et qui n'hésitent pas un seul instant à mettre la pratique de leur noble art, et leurs cliniques au service des plus démunis... Ils sont nombreux, je sais de quoi je parle, sans faire de publicité. C'est grâce à ces actions, à ces engagements, à ces femmes et hommes du secteur privé, qui font parler leur cœurs au service des causes nobles, que le secteur privé apporte sa contribution au Maroc nouveau, où aucune Marocaine, aucun Marocain, ne sera laissé dans le bas coté.