Saoudi El Amalki Quelques semaines avant Ramadan, la télévision nationale martelait les foyers à coups de massue, pour vanter ses émissions durant ce mois sacré. On n'avait jamais cru à ses annonces trompeuses, puisqu'on savait déjà qu'elle allait encore pondre des bêtises comme à son accoutumée. Mais, on s'était dit que peut-être cette année, elle se serait rendue à l'évidence et aurait pitié des ménages qui s'empressaient devant leur boîte magique. Rien de changé dans ses manies mesquines! Cette fois, le clou de la médiocrité est profondément enfoncé, la bêtise vilement harcelante est au paroxysme : «La bêtise a deux manières d'être : elle se tait ou elle parle. La bêtise muette est supportable» disait un jour, le romancier français Honoré de Balzac. La production locale destinée aux chaînes de télévision se paie encore la tête des citoyens. C'est une aubaine pour les «artistes» marocains de se faire un peu «d'argent», de quoi survivre, tout au long du reste de l'année. Un moment de se détendre et de se distraire pour les citoyens, tout en savourant un bol de harira épicée, après une journée de jeûne. Cependant, les années passent et les médiocrités subsistent ! A la veille de chaque carême, on foudroie les citoyens d'une nomenclature d'extraits de sitcoms à couper le souffle, on s'ouvre les appétences des sens. Sous l'effet de la grande déception qui se prépare encore, on ne se rend même pas compte des précédents navets. Et puis voilà, on se presse de « déguster » les beaux menus promis. Quelle sornette ! Encore une fois, on déçoit, comme de coutume. Des débilités qui déferlent sous nos yeux rudement agressés. Devant une grande audience, puisque c'est l'heure de pointe par excellence, les foyers sont matraqués, pendant des heures. Les tambouilles télévisuelles sont telles qu'on a envie, par moments, de huer à tue-tête ce maudit écran. On se demande si les auteurs de ces fariboles ne se moquent pas du peuple marocain. Ils se contentent sans scrupule, d'afficher un satisfecit sournois, alors qu'ils savent pertinemment que les productions sont d'une nullité irritante. Les exécuteurs ne se posent pas de questions, non sans incivisme non plus, sur la qualité des prestances. Une vilaine complicité qui se répète, chaque année, sans qu'on n'y mette un terme, en dépit des colères affichées de toutes parts. Force est de constater que la bassesse fait, désormais, partie de notre vécu quotidien. On cherche par tous le moyens de forcer le rire, à travers des histoires sans la moindre recherche créative ni respect des goûts. Les décideurs des boîtes télévisuelles, ont-ils le droit de continuer à tolérer des petitesses, sous prétexte que l'audience est forte ? Certainement pas, car même si les citoyens collent à leur petit écran, c'est qu'on les a habitués à ces platitudes délibérées, des années durant. On ne saurait se satisfaire de ce qu'on a éperdument l'habitude de procréer avec redondance, au détriment des valeurs et vertus, afin de contribuer efficacement au relèvement de la conscience collective. La gravité des émissions creuses qu'on s'acharne à injecter sans relâche ni scrupule, réside, au fait, en cette aliénation coutumière aux insignifiances. La chaîne publique n'est pas l'apanage de la nullité. Bien au contraire, elle appartient au peuple et personne n'a le droit de se l'accaparer pour y déverser les idioties. La rigueur de la qualité des textes, des mises en scènes et des interprétations devrait être de mise. Pour ce faire, il convient de faire appel à des compétences nationales en la matière. Dieu sait que notre pays renferme des flammes bourrées d'imagination et de novation !