Nabil El Bousaadi Au moment où le Proche-Orient est violemment secoué par la guerre qui oppose le mouvement de la résistance palestinienne, à l'Etat hébreu, et par les attaques lancées en solidarité avec le Hamas par les rebelles yéménites Houthis contre les navires commerciaux qui traversent le détroit de Bab al-Mandab dans la mer Rouge, la République islamique iranienne qui soutient les insurgés yéménites et qui, par la voix de son ministre de la Défense, Mohammad Reza Ashtiani, a ouvertement déclaré qu'elle n'entend poser « aucune limite à la défense de (ses) intérêts nationaux et à celle de (son) peuple » a attaqué, mardi dernier, à l'aide de missiles et de drones, « deux importants quartiers généraux du groupe terroriste dénommé Jaish-al-Adl » (armée de la Justice ) au Pakistan. Classée, par les Etats-Unis, comme mouvement terroriste, cette organisation qui « cible, en premier lieu, les membres des forces de sécurité iraniennes » ainsi que des responsables du gouvernement de Téhéran par le biais d'assassinats, d'enlèvements et d'attentats-suicides, avait revendiqué, en décembre dernier, l'attaque d'un commissariat de police de Rask, dans la province du Sistan-Baloutchistan, au cours de laquelle avaient péri 11 policiers iraniens. Les autorités pakistanaises n'ayant pas donné de précisions quant à l'endroit où a eu lieu l'attaque qui a « provoqué la mort de deux enfants innocents et blessé trois fillettes », selon un communiqué du ministère pakistanais des Affaires étrangères en date de mardi soir, il semblerait, d'après certains médias pakistanais, que cette « agression » aurait eu lieu près de Panigur, dans le Sud-Ouest de la province du Balouchistan où les deux pays partagent une frontière commune de près d'un millier de kilomètres. Pour le ministère pakistanais des Affaires étrangères « cette violation de la souveraineté du Pakistan » qui constitue un « acte illégal ayant eu lieu malgré l'existence de plusieurs canaux de communication » entre les deux pays « est totalement inacceptable et pourrait avoir de sérieuses conséquences » car le terrorisme qui « est une menace commune à tous les pays de la région nécessite une action coordonnée ». En revanche, l'agence iranienne Mehr a tenu à préciser, de son côté, que la « riposte (iranienne) par missile et par drone » qui a visé le quartier général du groupe jihadiste « Jaish al-Adl » au Pakistan, est « naturelle » dès lors qu'elle intervient après qu'en déplorant que ce dernier se soit rendu coupable, ces dernières années, de multiples « agressions contre la sécurité » de l'Iran, les autorités iraniennes avaient instamment demandé à Islamabad d' « empêcher l'entrée en Iran de gens qui tuent un grand nombre de personnes » mais les autorités pakistanaises sont restées sourdes aux appels de Téhéran. Non loin de là, la Chine, qui entretient des liens privilégiés avec les deux pays mais qui reste soucieuse d'empêcher une escalade, a appelé les protagonistes à la « retenue » et sommé ces derniers de s'abstenir de commettre « des actions qui pourraient exacerber les tensions ». Si, pour l'heure, rien n'indique que cet appel sera entendu, attendons pour voir...