Mohamed Nait Youssef « Face à la mort nous n'avons qu'une ressource, faire de l'art avant elle », René Char. Il y a des départs définitifs douloureux, imprévisibles, épouvantables laissant un vide sidéral et profond. La mort est un constat, mais l'œuvre et l'empreinte demeurent, à jamais. Ces deniers temps, notre scène artistique et culturelle nationale a perdu trois grandes signatures ayant marqué les esprits par leurs œuvres et parcours singuliers. Ce sont de grandes pertes non seulement pour le Maroc, mais aussi pour le paysage international. Lundi 15 janvier, l'artiste plasticien, sculpteur, décorateur d'intérieur, céramiste et ébéniste de formation, feu Hassan Slaoui a tiré sa révérence à Rabat des suites d'une longue maladie. Issu d'une vieille famille d'artisans fassis, l'artiste réhabilitant les savoir-faire de l'artisanat vernaculaire a été l'un des premiers fervents défenseurs du patrimoine architectural, culturel et artistique historique du Maroc. Amoureux de la matière et des arts, feu Hassan Slaoui a exploré plusieurs supports, entre autres, le bois, l'argile, la céramique pour en faire une œuvre portant sa marque et son génie de créateur. Mardi 16 janvier, Lahcen Zinoun, le père de la danse au Maroc, s'est éteint à l'âge de 80 ans. Danseur étoile, chorégraphe, cinéaste, metteur en scène, peintre, sculpteur, l'artiste aux multiples facettes a fait de l'art son cheval de bataille, jusqu'au dernier souffle. Ce fut l'homme qui voulait faire danser les marocains en développant cet art au Maroc, mais aussi et surtout en lançant avec son épouse Michelle Barette, à Casablanca, sa ville natale, l'école de danse «Ballet-Théâtre Zinoun», en 1978. De Hay Mohammadi au Ballet royal de Wallonie, l'artiste accompli a partagé la scène avec les grandes signatures de la chorégraphie telles que Peter Van Dijk, Janine Charrat, George Skibine, André Leclair, Jeanne Brabants, Jorge Lefebre... Sa mort est une immense perte pour notre champ artistique et culturel. Un autre grand nom a quitté dernièrement le monde des vivants. Il s'agit bel et bien du poète et romancier, Mohamed Loakira. Homme de lettres et grand amoureux des mots, des poésies et des littératures, il a laissé derrière lui une œuvre riche, profonde, authentique, sobre, d'une grandeur poétique singulière, partagée entre poésie, roman et prose. Feu Loakira a signé plusieurs recueils, textes et romans «L'inavouable», «L'œil ébréché», «Semblable à la soif», «Grain de nul désert» ou encore «Et Se Voile Le Printemps»... Les trois étoiles Slaoui, Zinoun, Loakira se sont éteintes, mais leurs voix raisonnent et leurs lumières brillent à jamais dans les cieux de la création.