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«En Afrique, tout n'est pas noir et tout n'est pas blanc!»
Publié dans Albayane le 30 - 11 - 2023


Entretien avec la réalisatrice, Ramata-Toulaye Sy
Propos recueillis par Mohamed Nait Youssef
Ramata-Toulaye Sy est l'une des nouvelles voix du cinéma africain. La jeune réalisatrice et scénariste franco-sénégalaise, qui a été la seule réalisatrice émergente invitée à concourir pour la Palme d'or et pour la Caméra d'Or, a projeté, mardi 28 novembre, son premier long-métrage «Banel&Adama», en compétition officielle du Festival international du Film de Marrakech (FIFM).
Un film puissant où la jeune réalisatrice braque les lumières sur l'histoire d'un couple amoureux vivant dans un village au Nord du Sénégal, où la population fait face à la sécheresse, à la précarité et aux aléas de la nature et de la vie. Entretien.
Al Bayane : Votre film est tragique et poétique. En fait, Banel est un personnage à la fois complexe et compliqué qui sort un peu du lot. Pourquoi un tel personnage intriguant, interpelant, surtout d'une femme africaine rebelle, puissante et qui a une vision du monde assez différente de ce qu'on a l'habitude de voir dans certains films ?
Ramata-Toulaye Sy : Je suis contente que ce personnage ait interpellé le public. C'est important pour moi de créer un personnage africain différent de ce qu'on a l'habitude de voir. Vous savez, en Afrique quand il y a des films africains ; on aime montrer des femmes fragiles, des femmes victimes. En fait, je voulais montrer que toutes les femmes en Afrique ne sont pas des victimes et fragiles. C'est pour ça que cette fois-ci, j'ai changé les rôles dans mon film. Là, c'est l'homme (Adama) qui est victime, fragile et c'est Banel qui est forte, déterminée et violente. En Afrique, on a l'habitude de montrer que les hommes sont violents, et là j'ai tout changé pour montrer que tout n'est pas noir et tout n'est pas blanc en Afrique et qu'il y a vraiment des complexités des personnages complexes et profonds selon ce que la société leur donne et que chacun est différent.
Dans votre film, on a l'impression qu'il y a deux Afriques ; une Afrique qui a été joliment filmée au début et une autre Afrique faisant face à la sécheresse, à la précarité et au chaos ?
C'était important de montrer la belle Afrique et ensuite casser les clichés parce qu'on a l'habitude de voir les belles Afriques avec les beaux cieux, les beaux baobabs. Je voulais casser les clichés des personnages, des hommes et des femmes en Afrique. Je voulais casser les clichés de l'Afrique, c'est pour ça qu'on voit la sécheresse et la réalité de l'Afrique. Oui, l'Afrique pourrait être belle, mais aussi problématique à cause des problèmes de société, mais aussi à cause des réchauffements climatiques qui impactent le continent.
L'émotion était également au rendez-vous en misant surtout sur les plans rapprochés sur les personnages. Il y a également cette poésie qui est assez présente tout au long du film à travers les images, l'usage des couleurs pastelles et surtout cette vision picturale. Parlez-nous de vos choix esthétiques dans ce film ?
J'aime beaucoup l'art, les tableaux, les artistes tels que Vincent van Gogh... Je voulais faire des tableaux et surtout je ne voulais pas faire un film naturaliste africain parce qu'on a l'habitude de voir des films naturalistes. Je voulais vraiment créer des tableaux, créer une beauté hyper esthétique, lyrique à travers les images avec mon chef opérateur marocain, Amine Berrada. On a donc travaillé sur l'esthétique pour composer des tableaux.
Il y a aussi cette métaphore des deux maisons «maudites», si nous n'osons dire, dont leur construction par le couple était un acte de révolte dans le film. Que voulez-vous dire à travers cette contre-allée contre ce cliché de l'immigration collé à la peau des africains?
Je ne voulais pas un film où les personnages quittent le Sénégal pour aller en Europe, mais je voulais aussi montrer qu'il y a des africains qui sont très contents de vivre là où ils sont, mais qui veulent de la meilleure façon dont ils veulent vivre. C'est pour ça que j'ai créé ces deux maisons en sable. Et c'est aussi pour mettre un objectif à ces personnages qui veulent partir de chez eux. Pour moi, les maisons, c'est une métaphore de la tombe de Banel. C'est ça toute la tragédie du film qui creuse sa propre tombe.
En fait, on a l'impression de voir des scènes puisées dans le théâtre en regardant le film. Qu'en dites-vous ?
Je me suis beaucoup inspiré de Racine, de la tragédie. C'est vrai, des fois quand je place mes personnages, c'est très théâtral comme la scène des femmes qui travaillent et chantent en même temps et comment elles font leur prière. Je me suis inspirée du théâtre parce que j'ai fait du théâtre. En d'autres termes, je trouve que toute la dramaturgie vient du théâtre.
Il y a également l'eau comme composante assez présente dans le film. Pouvez-vous en dire plus sur son usage dans votre œuvre cinématographique ?
C'est vrai, il y a cette métaphore de l'eau qui manque, il y a la pluie qui ne vient pas, la pluie qui doit venir et qui est attendue par tout le monde. Et l'arrivée de la pluie doit être libératrice. A la fin du film, la pluie vient quand Banel est morte dans le générique et que le chaos disparaît. C'est aussi pour parler du réchauffement climatique et du manque d'eau dans le continent africain.
Vous avez évoqué lors de la présentation du film en compétition officielle du FIFM que ce festival a permis de promouvoir le cinéma africain. Vous défendez peut-être l'idée d'un nouveau cinéma africain ?
Oui et j'en suis fière de le dire et de l'assumer. Je veux qu'il y ait une nouvelle génération de cinéastes africains. Et je suis contente parce que je suis bien entourée par Sofia Alaoui. Il faut faire plus de films de genre en Afrique plus et non seulement des films de société et naturaliste. Nous sommes une nouvelle génération de cinéastes africains qui tentent de faire des films de genre et de proposer de nouvelles histoires, de nouvelles dramaturgies et de nouvelles esthétiques.
Votre film a été bien accueilli par le public marocain lors de sa projection en compétition officielle du FIFM. Que représente cet événement cinématographique incontournable pour vous ?
C'est une fierté, surtout que le Maroc et le Sénégal sont des amis. Je suis très contente que mon film soit présenté en compétition officielle à Marrakech parce qu'on est très amis avec les marocains, et il y a une grande communauté sénégalaise ici. J'étais très contente de voir qu'il y avait beaucoup de marocains lors de la projection de mon film.


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