« Jamais, en aucune circonstance, le Premier ministre n'a été alerté sur les intentions belliqueuses du Hamas (...) Tous les responsables sécuritaires, y compris le chef des renseignements militaires et le chef de la sécurité intérieure, estimaient que le Hamas craignait d'agir et cherchait un arrangement. C'est l'évaluation qui a été soumise plusieurs fois au Premier ministre et au cabinet par tous les responsables sécuritaires et la communauté du renseignement. Jusqu'au moment où la guerre a éclaté ». Telles sont les grandes lignes du message qui a été écrit, le dimanche 29 Octobre, par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, sur son compte X (ex-Twitter). Mais, en mettant en cause ses propres services de renseignements, le chef du gouvernement israélien a provoqué une onde de choc dans le pays et à l'intérieur même de son propre camp qui a mis en branle la scène politique israélienne. Ces propos ayant été perçus, comme étant une tentative du Premier ministre israélien de « se dédouaner », l'ancien chef d'Etat major et membre du gouvernement d'urgence d'Israël, Benny Gantz, a vite fait de désavouer Benyamin Netanyahou et appelé, ce dernier, à « revenir sur sa déclaration ». Coiffé au poteau, comme diraient certains, ce dernier n'avait pas d'autre alternative que celle de se rétracter en supprimant, immédiatement, son tweet et en le remplaçant par un message d'excuses disant : « J'ai eu tort. Ce que j'ai dit après la conférence de presse n'aurait pas dû être dit et je m'en excuse. Je soutiens totalement tous les responsables sécuritaires. Je soutiens le chef d'état-major, les commandants, et les soldats de Tsahal (armée israélienne) qui sont au front et qui se battent pour notre foyer. Ensemble nous vaincrons ». Mais le revirement du Premier ministre israélien n'a pas convaincu le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, qui, tout en signalant avoir lui-même reçu, dès le mois de septembre, des notes de renseignements portant sur les intentions du Hamas, a estimé qu'en cherchant, par ses propos, à se dégager de toute « responsabilité » et à « mettre la faute sur l'appareil sécuritaire », Benyamin Netanyahou est en train d'«affaiblir » Tsahal alors que ce dernier « se bat contre les ennemis d'Israël ». Yaïr Lapid, qui fut également Premier ministre d'Israël, poursuivra en rappelant qu' « à la veille du Yom Kippour, le 20 Septembre », il avait « publié un avertissement inhabituel contre une violente flambée de violences sur plusieurs scènes » et que les « documents sur lesquels (il s'était) appuyé ont également été soumis » à Benyamin Netanyahou qui, malgré cela, « a franchi une ligne rouge en attribuant aux services de sécurité et de défense la responsabilité de l'échec israélien du 7 octobre ». En saisissant la balle au bond, Ezzat Al-Risheq, membre du bureau politique du Hamas, a déclaré, dans un communiqué, qu'en attisant « les luttes internes », le comportement du Premier ministre israélien « trahit, de nouveau, l'ampleur de l'usure et de la confusion au sein de (son) gouvernement ». Venant de cet ennemi-juré qu'est le Hamas qu'il rêve d'anéantir, une telle déclaration ne peut qu'écorcher la popularité de Benyamin Netanyahou déjà fortement mise à mal au sein même de son propre camp qui lui reproche son incapacité à assurer la protection de ses compatriotes alors même qu'il en avait fait un de ses plus importants slogans de campagne. Considérant, enfin, qu'en dépit de son traumatisme, la population israélienne refuse de faire bloc derrière son Premier ministre et que rien n'indique, par ailleurs, que le rétropédalage de Benyamin Netanyahou pourrait le « sauver », attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI