L'armée israélienne progresse « méthodiquement » dans la bande de Gaza, a affirmé le Premier ministre israélien qui exclut tout cessez-le feu dans la guerre contre le Hamas, réclamé par les organisations humanitaires qui déplorent une situation catastrophique dans le territoire palestinien. Le porte-parole de l'armée israélienne, Jonathan Conricus, a confirmé mardi matin que « les troupes israéliennes se trouvent dans différentes parties du nord de la bande de Gaza ». « Nous avons fait entrer des véhicules lourdement blindés, des chars, des véhicules blindés de combat, des bulldozers », a-t-il ajouté, ajoutant comprendre que la situation (humanitaire) est difficile mais ce n'est pas de notre fait ». L'attaque israélienne met à très rude épreuve les 2,4 millions d'habitants de Gaza, soumis à des bombardements sans discontinuer et depuis le 9 octobre à un « siège complet » qui les prive de livraison d'eau, de nourriture et d'électricité. « La poignée de convois autorisés via Rafah n'est rien comparé aux besoins de plus de 2 millions de personnes piégées à Gaza », a dénoncé le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) Philippe Lazzarini. Il a réclamé un « cessez-le-feu humanitaire immédiat devenu une question de vie ou de mort pour des millions de personnes ». Cette éventualité est totalement exclue par M. Netanyahu. « Les appels à un cessez-le-feu sont des appels à se rendre face au Hamas. Cela ne se produira pas », a-t-il asséné. En fait, des tonnes d'aide s'entassent au poste-frontière de Rafah, séparant l'Egypte de Gaza, en attendant d'être inspectées par Israël, selon un responsable américain ayant requis l'anonymat. Seuls 117 camions d'aide sont arrivés depuis le 21 octobre à Gaza, déjà soumis à un blocus israélien depuis 2007 et la prise de pouvoir du Hamas, selon le dernier décompte de l'ONU lundi matin. L'organe du ministère israélien de la Défense supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens, le COGAT, a indiqué mardi que 39 autres camions étaient arrivés lundi. Le Hamas affirme que 8.306 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées dans les bombardements israéliens depuis le 7 octobre. « Près de 70% des personnes tuées sont des enfants et des femmes. Il ne peut s'agir de +dommages collatéraux+ », a déploré Lazzarini. La situation des hôpitaux inquiète aussi, alors que des milliers de civils s'y sont réfugiés. Le Croissant-Rouge palestinien a fait état mardi de nouvelles frappes aux abords de l'hôpital al-Quds. « Le bâtiment tremble et les civils déplacés ainsi que les équipes au travail sont en proie à la peur et à la panique », a-t-il écrit sur X. A Gaza, les médecins « opèrent à même le sol » et pratiquent des césariennes ou des « amputations de gamins sans anesthésie » du fait du manque de médicaments, a dénoncé lundi Médecins du monde (MDM). En raison d'un manque d'eau potable, « les gens boivent de l'eau de mer, les gens de mon équipe ont des diarrhées, leurs gamins dans quelques jours seront déshydratés », a ajouté le vice-président de l'ONG, Jean-François Corty.