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Palestine : Iftar collectif au milieu des ruines de Rafah
Publié dans L'opinion le 13 - 03 - 2024

La traditionnelle table d'Iftar collectif a réuni, sur les ruines de la ville de Rafah, des déplacés de leurs villes du nord de la Bande de Gaza, et ceux qui ont perdu parents et proches dans la sanglante guerre menée par Israël contre les Palestiniens de Gaza et de la Cisjordanie occupée.
Lundi, les familles palestiniennes de la Bande de Gaza ont partagé l'Iftar du premier jour du Ramadan, au milieu des ruines des maisons détruites par la guerre israélienne contre la Bande, qui est entrée dans son sixième mois sans qu'un accord de cessez-le-feu ne soit conclu avant le mois béni.
Au milieu des ruines de la ville de Rafah, au sud de la Bande de Gaza, des dizaines de familles palestiniennes se sont retrouvées autour d'une table, malgré les conditions difficiles auxquelles elles sont confrontées en raison de la guerre.
À l'heure de l'Iftar, les visages exprimaient la tristesse et le chagrin dus à la perte de leurs maisons à la suite des bombardements israéliens.
Parmi les personnes rassemblées autour de la table commune de l'Iftar, au milieu des ruines, se trouvaient celles déplacées de leurs villes du nord de la Bande de Gaza vers le sud, ainsi que celles qui ont perdu leurs proches et leurs parents du fait de la brutalité de la guerre.

Un ramadan au goût du sang

La population de Gaza s'est rassemblée "sans joie" lundi soir pour une première rupture quotidienne du jeûne en ce début de ramadan marqué cette année par la menace d'une famine et les raids aériens, au sixième mois d'une guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas palestinien.
Si dans une grande partie du monde musulman ce mois sacré du jeûne est signe de célébrations, avec de copieux repas en famille le soir, cette année les Palestiniens de Gaza n'ont pas le cœur à la fête.
"Ce ramadan n'a pas le goût d'un ramadan. Il a plutôt le goût du sang, de la misère, de la séparation et de l'oppression", lance Oum Mohammed Abou Matar, Palestinienne qui fait cuire des pains pitas dans un four de fortune au feu nourri par des bouts de carton glanés ici ou là.
"Nous ne ressentons pas la joie du ramadan, nous l'avons perdue parce que l'occupation nous a déplacés et a détruit nos maisons. Regardez les gens qui vivent dans des tentes (...) Nous souffrons beaucoup. Ce ramadan est très différent de ceux des années précédentes", renchérit Mohammad al-Masry, déplacé à Rafah, ville jouxtant la frontière égyptienne où s'entassent plus de la moitié des 2,4 millions de Gazaouis.

Quatre mois qu'ils n'ont pas goûté à la viande
Sur place, à Rafah, des familles ont pu se réunir devant des plats de riz garnis d'un petit morceau de viande.
"Nous organisons cet Iftar parce que nous savons que, pendant les jours de guerre, les gens n'ont pas assez à manger et que les prix augmentent de façon dramatique, le kilo de viande atteignant 120 shekels (environ 33 dollars US)", a souligné un Palestinien de Gaza à un journaliste, avant de poursuivre que "ces personnes déplacées n'ont pas goûté à la viande depuis quatre mois. Nous avons donc décidé aujourd'hui de leur faire plaisir et de leur offrir quelque chose de savoureux".
Dans le nord du territoire, "plus de 2.000 employés des services de santé ne sont pas en mesure de trouver de quoi manger pour rompre le jeûne", a affirmé le ministère de la Santé du Hamas, qui a d'ailleurs fait état d'enfants morts de malnutrition et de déshydratation ces derniers jours.
"Le temps presse" pour éviter la famine dans le nord de la bande de Gaza "en proie à une catastrophe humanitaire" faute d'aide alimentaire suffisante, a alerté la cheffe du Programme alimentaire mondial (PAM), Cindy McCain.
Le patron de l'ONU Antonio Guterres s'est dit "atterré que le conflit se poursuive à Gaza pendant le mois sacré" du ramadan. D'intenses pourparlers ces dernières semaines visaient à parvenir, avant cette échéance, à une trêve entre Israël et le Hamas assortie de libérations d'otages israéliens détenus à Gaza, de prisonniers palestiniens écroués en Israël et de l'afflux d'aide pour la population assiégée.
L'aide internationale, contrôlée par Israël, n'entre qu'au compte-gouttes dans la bande de Gaza dévastée, où les besoins sont de loin supérieurs à ceux d'avant la guerre, selon l'ONU.
Au cours des derniers jours, différents pays ont largué de l'aide au-dessus de la bande de Gaza. Un navire de l'ONG espagnole Open Arms chargé de 200 tonnes de vivres attend de quitter Chypre dans le cadre d'un couloir maritime que l'Union européenne et des pays comme les Etats-Unis et les Emirats arabes unis veulent mettre en place.
Israël interdit l'entrée de fournitures vitales à Gaza
Le commissaire général de L'UNRWA, Philippe Lazzarini, a fait état qu'Israël avait interdit l'entrée de l'aide essentielle à Gaza, à l'instar des respirateurs artificiels et des médicaments contre le cancer, et avait refusé l'entrée d'un camion d'aide pour des ciseaux médicaux.
Lazzarini a déclaré lundi, dans un message publié sur son compte officiel sur la plateforme X, que tous les habitants de Gaza dépendent de l'aide humanitaire pour survivre, déplorant que "Très peu de choses entrent et les restrictions augmentent".
"Un camion chargé d'aide a été refoulé, car il contenait des ciseaux utilisés dans les kits médicaux pour enfants", a expliqué le commissaire général de l'UNRWA, et d'ajouter que "Les ciseaux médicaux s'ajoutent désormais à une longue liste d'articles interdits que les autorités israéliennes classent comme étant à double usage".
La liste comprend, selon Lazzarini, "des articles de base et vitaux : des anesthésiques, des lampes solaires, des bouteilles d'oxygène et des ventilateurs, aux tablettes de nettoyage de l'eau, aux médicaments contre le cancer et aux kits de maternité".
Il a aussi souligné que "Le dédouanement des fournitures humanitaires + la livraison des articles de base et essentiels doivent être facilités et accélérés".
"La vie de deux millions de personnes en dépend, et il n'y a pas de temps à perdre", a alerté Lazzarini.


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