Il semblerait qu'en Espagne, le conflit israélo-palestinien ait rapidement pris le pas sur la question catalane et la fameuse loi d'amnistie y afférente inscrite dans la politique de réconciliation menée par Pedro Sanchez à l'effet de gracier les indépendantistes impliqués dans la tentative de sécession d'Octobre 2017 dès lors que les premiers coups de canon tirés le 7 Octobre par le Hamas en direction du territoire israélien ont vite fait de diviser l'échiquier politique national. Ainsi, si le Parti Populaire, droite, et Vox, extrême-droite, se sont résolument rangés du côté d'Israël, l'unité fait carrément défaut à gauche car au moment où il est à la recherche d'une nouvelle coalition qui lui permettrait d'être reconduit à la tête du gouvernement, le socialiste Pedro Sanchez butte sur les positions anti-israéliennes de Podemos, qui s'oppose à) toute condamnation du Hamas. La première personne, et non des moindres, à avoir bousculé le Premier ministre est Ione Bellara, sa ministre des Droits sociaux et chef de file de Podemos, lorsqu'elle a ouvertement réclamé, à ses alliés du camp socialiste, de rompre leurs relations diplomatiques avec l'Etat hébreu et de geler leurs exportations en direction d'Israël, qu'elle a immédiatement accusé d'avoir bombardé l'hôpital de Gaza et d'être responsable de la mort de 200 à 500 personnes selon différentes sources. Non contente de s'arrêter-là, la dirigeante de Podemos en est venue jusqu'à demander que «face à la tentative de génocide menée par l'Etat d'Israël à Gaza, le gouvernement espagnol, poursuive Benyamin Netanyahou devant la Cour pénale internationale pour «crimes de guerre» et à déclarer, «le cœur serré», que ce «génocide organisé» qui a été concrétisé par l'envoi de bombes en direction de milliers de civils sans ressources a été mené « en guise de punition collective, au mépris du droit international». Face à une telle déclaration, il était prévisible que la réplique de l'ambassade de l'Etat hébreu en Espagne n'allait pas tarder. Aussi, après avoir accusé « certains éléments du gouvernement espagnol [de] s'aligner avec le terrorisme de type Etat islamique » du Hamas et qualifié d'«immorales» les déclarations de la ministre espagnole qui «mettent en danger la sécurité des communautés juives en Espagne», l'ambassade d'Israël à Madrid a, dans son communiqué, exhorté le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, à «dénoncer» et à «condamner sans équivoque» les propos de sa ministre des Droits sociaux. Face à la grogne de l'ambassade d'Israël à Madrid, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Jose Manuel Albares, soucieux de «calmer le jeu», a tenu à rappeler que bien que «dans tout gouvernement, il y a(it) des sensibilités différentes», lorsqu'il s'agit de « politique étrangère, il n'y a que deux voix : celle du Premier ministre et celle du ministre des Affaires étrangères». Mais s'il est vrai, par ailleurs, qu'en matière de politique étrangère, il y a toujours eu des désaccords entre le PSOE et Podemos – principalement à propos du soutien militaire à apporter à l'Ukraine et de la reconnaissance de la marocanité du Sahara – force est de reconnaître que le contexte politique est très différent, cette fois-ci, car si pour rester en place, le Premier ministre Pedro Sanchez a besoin de cette unité de la gauche qui est tributaire de l'acceptation, par tous, de l'amnistie des responsables séparatistes catalans, les tensions nées de la crise entre Israël et le Hamas ne vont pas lui faciliter la tâche. Est-ce à dire que la crise qui sévit, désormais, au sein de la gauche espagnole, est là pour durer ? Attendons pour voir...