Des experts marocains et étrangers ont décrypté, mardi à la bibliothèque Prince Bandar Bin Sultan d'Assilah, le système régional arabe, ainsi que les projets de partenariats alternatifs entre ses pays, à la lumière du nouvel environnement régional. Lors d'un colloque intitulé « Les Arabes aujourd'hui et les fardeaux du vide stratégique », organisé dans le cadre de la 44è édition du Moussem culturel international d'Assilah, les intervenants ont dressé une analyse de l'expression « vide stratégique » et de ses phénomènes. S'exprimant à cette occasion, le secrétaire général de la Fondation du Forum d'Assilah, Mohamed Benaissa a évoqué la déclaration de l'ancien ministre saoudien des affaires étrangères, feu le prince Saoud Al Fayçal, qui avait mis en garde en 2010 contre la situation de "vide stratégique » dont souffrent les pays arabes, dans une circonstance turbulente résultant de la vague du « printemps arabe ». La région arabe émerge dans un contexte mouvementé qui nécessite une pensée profonde pour décrypter les réels soubassements et adopter une démarche prospective, a-t-il relevé, précisant que la nature du système international a connu un changement qui a culminé vers une évolution de l'équilibre géopolitique. C'est dans ce cadre que s'inscrit ce colloque qui se veut une contribution active au dialogue sérieux autour des perspectives et de l'avenir du monde arabe, a-t-il dit. De son côté, le chercheur et ancien ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé des Marocains résidant à l'étranger et des affaires de la migration, Abdelkrim Benatiq, a indiqué que le monde arabe dispose d'une importante richesse humaine et géographique. « De par ses richesses et son potentiel humain, le monde arabe dispose de multiples atouts susceptibles de lui permettre un sursaut inégalé », a-t-il souligné, notant que l'espace géographique du monde arabe pèse sur les équations géopolitiques avec une superficie de près de 13,5 millions de km2, tandis que sa population totale s'élève à environ 430.000.000 d'habitants, composée principalement de jeunes. Pour sa part, la présidente de l'Emirates policy center, Ebtesam Al-Ketbi, a mis en avant les nouveaux enjeux géopolitiques ainsi que les mécanismes pour améliorer la dynamique des organisations régionales du monde arabe au niveau international. Mme Al-Ketbi a, dans ce sens, expliqué que plusieurs facteurs exogènes bloquent cette dynamique, évoquant l'exemple de l'ingérence dans les affaires intérieures des pays, en violation de leur souveraineté. Une évaluation approfondie et globale du rôle des institutions arabes est requise, en vue de débloquer la réalisation de leurs missions, de contribuer à la lutte contre l'extrémisme sous toutes ses formes et de s'ouvrir sur un avenir meilleur, a-t-elle souligné. S'agissant de l'émergence de nouvelles dynamiques régionales, l'ancien ministre libyen des affaires étrangères, Abderrahmane Shalgham, a abordé la dynamique industrielle que connaît le Maroc, devenu une destination clé et une plateforme de production et d'exportation d'équipements et de véhicules automobiles. Pour pouvoir partager davantage cette dynamique avec les pays du monde arabe, il est nécessaire de laisser de côté le nationalisme au profit d'une politique de bon voisinage, a-t-il préconisé. Cette édition, qui se poursuit jusqu'au 26 octobre, sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, à l'initiative de la Fondation du Forum d'Assilah, en partenariat avec le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication (département de la Culture) et la commune d'Assilah, est marquée par l'organisation de plusieurs colloques, dans le cadre de la 37è édition de l'Université ouverte Al-Moutamid Ibn Abbad, ainsi que des activités culturelles et artistiques.