Un parti syrien salue la position américaine sur le Sahara marocain et appelle Damas à rompre ses relations avec le Polisario    Le Maroc coopère avec Interpol pour traquer les auteurs du piratage du "CNSS" et démantèle les fils d'une cyberattaque complexe    Festival du livre de Paris. La Kabylie expose en force    CAN U17 : Le Maroc bat l'Afrique du Sud et va en demi-finale    «Une autonomie véritable sous souveraineté marocaine est la seule solution envisageable pour le Sahara» : Washington réaffirme sa position devant De Mistura    France. Le Maroc à l'honneur au Festival du livre de Paris    La Bourse de Casablanca termine dans le vert    Tourisme : Un 1er trimestre record avec 4 millions d'arrivées    Charte de l'Investissement : Bilan des projets approuvés, dispositif spécial pour les TPME, les annonces de Karim Zidane    Cyberattaque algérienne : le gouvernement condamne un acte de sabotage en lien avec la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara    France : Révélations sur un projet d'assassinat potentiellement orchestré par l'Algérie    Aéroport international de Djeddah : plus de 5 millions de passagers durant la Omra du Ramadan    Un projet de décret sur l'opérationnalisation du dispositif de soutien spécifique destiné aux TPME adopté    Mohamed Chibi vers Al Ahly? La mise au point de Pyramids FC    PSG : Hakimi salue la force du collectif après la victoire face à Aston Villa    CAN U17 : Le Burkina Faso, demi-finaliste impressionnant, après avoir pulvérisé la Zambie !    50e anniversaire des relations Maroc-Philippines : Echange de messages entre le Roi et le Président Marcos Jr    Santé publique: La centralisation des salaires officiellement tranchée    Rabat : Signature d'un accord maroco-français en hydrographie, en océanographie et en cartographie marine    Voici les détails du dossier d'inscription du Caftan marocain à l'UNESCO    Rabii Chekkouri publie son premier essai « In Petto », un cri de révolte contre le conformisme social    SIEL 2025 : l'Institut français du Maroc et la maison d'éditions Wildproject lancent l'alerte pour le vivant    Morocco unveils groundbreaking results from the Moroccan Genome Project    Ciberataque a la CNSS: Datos filtrados resultan falsos o distorsionados    Fuite de données à la CNSS : les employés marocains du Bureau de liaison israélien exposés    Australie : Une famille britannique lutte pour rapatrier le corps de son fils mort au Maroc    L'Algérie aux côtés d'Israël dans l'exercice African Lion 2025    Un hacker marroquí responde publicando 13GB de datos sensibles de la MGPTT y del Ministerio de Trabajo argelino    Maroc - Belgique : Play4Peace, un pont pour promouvoir la culture et le sport chez les jeunes    Attijariwafa Ventures et UM6P Ventures s'allient pour dynamiser l'innovation des startups en Afrique    Vidéo. World Football Summit : Le gotha du sport mondial en conclave à l'UM6P Rabat    Alerte météo. Fortes pluies parfois orageuses vendredi et samedi dans plusieurs provinces    CAN U17 / Dopage: Campagne de sensibilisation de la CAF et de l'Agence Marocaine Anti-Dopage (AMAD) auprès des différentes équipes nationales    CAN U17 : Burkina Faso vs Zambie, l'autre quart de finale de ce jeudi    Plateforme d'information des pays du Sahel – INFO AES : L'Algérie attaque Washington pour son soutien à la marocanité du Sahara... Une escalade diplomatique révélatrice de l'isolement du régime algérien    Cybersécurité: La CNDP met en garde contre l'utilisation des données personnelles obtenues illégalement    La CNSS cible d'une cyberattaque, des données fausses circulent    Bouskoura : inauguration du premier complexe cinématographique de type Ciné Boutique    Les prévisions du jeudi 10 avril    Fès. SAR le Prince Moulay Rachid visite le Mausolée Moulay Idriss Al Azhar à l'occasion de la circoncision de leurs Altesses les Princes Moulay Ahmed et Moulay Abdeslam    Au Congrès américain, Nasser Bourita renforce le partenariat Maroc-Etats-Unis    SIAM 2025. Les préparatifs s'accélèrent    JO de Los Angeles 2028 : 351 épreuves et un quota initial de 10.500 athlètes avec une majorité de femmes    50e anniversaire des relations diplomatiques : échanges de félicitations entre S.M. le Roi Mohammed VI et le président philippin Ferdinand Romualdez Marcos Jr    Témara se dote d'un Centre interactif d'éducation routière    Nomination des membres de la Commission de soutien à la numérisation, à la modernisation et à la création de salles de cinéma    FICAM 2025 : Un casting toon'tastique !    WFS Rabat 2025: Le Mondial-2030 s'inscrit dans une dynamique de développement alliant l'économique et le social    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La femme d'Ijoukak
Publié dans Albayane le 12 - 10 - 2023


L'hommage de Christine-Daure Serfaty au Haut Atlas
Mohammed Bakrim
Ijoukak, longtemps un hameau tranquille, paisible sur la route de Tizi N'test, a fait brutalement irruption dans l'espace public par la force d'un événement quasi tragique, le séisme du 8 septembre. Le village plus connu pour les familiers de la route 203 (rebaptisée la RN 7) par Imi Nougerzi) est devenu un site hyper-médiatisé. Avec Talat N'Yaakoub dont il relève administrativement, et Ighil, l'épicentre du séisme, ils forment le triangle de la désolation et de la mort.
Et pourtant cette route chargée d'histoire, c'est le point de passage de grands événements qui ont contribué à forger la nation marocaine, ces villages, ces douars ont une valeur qui ne se réduit pas à la seule dimension exotique. Un livre, en l'occurrence un roman a déjà ouvert la voie à une approche plus humaniste de ces montagnes quasi inaccessibles. C'est La femme d'Ijoukak de Christine Daure-Serfaty (première édition Paris 1997 ; réédité à Casablanca en 2008).
« Ce roman est le préféré de mes livres » avoue Christine Daure-Serfaty. Nous la rejoignons pour souligner d'emblée que c'est un récit d'une lecture tonique effectivement qu'elle nous offre ici. Un récit de mémoire et de souvenirs (une autofiction plus qu'une autobiographie) à l'image de l'époque qui l'a vu naître ; une année charnière dans une décennie décisive du Maroc moderne. Un Maroc que Christine Daure-Serfaty a porté dans son cœur comme dans son esprit de militante des droits de l'homme. Ce Maroc des années soixante du siècle dernier qu'elle découvre en tant qu'enseignante avant d'épouser sa cause en s'engageant auprès des militants motivés d'utopie, montant à l'assaut du ciel. La femme d'Ijoukak est une histoire d'amour ; amour de cette région montagneuse au cœur du Haut Atlas entre Amizmiz et Ijoukak à l'ombre du col de Tizi n'test, le plus haut d'Afrique, nous apprend-on dans les livres de géographie. Mais amour aussi déclarée, tue, avortée entre des êtres emportés dans les tumultes d'une histoire qui a mis en scène des acteurs aux appartenances multiples. Tout commence par une rencontre en France entre la narratrice, Mathilde et un Monsieur d'un certain âge. Une rencontre brève mais chargée d'émotion et de signes énigmatiques ; signes et indices qui vont déclencher un retour en arrière. Un long flashback vers ce Maroc des temps des Français, dans cette belle région de Tizi n'test. Retour sur l'enfance, sur les origines traversées de doutes et d'interrogations. Le récit est bien ancré dans cet espace chargé d'histoires non écrites, où la narration orale tient lieu de catharsis. Mathilde va être confrontée à cette part de vérité, traditionnellement confinée dans la boîte noire de la mémoire collective des sociétés et des familles. Mais elle persiste à restituer les détails de l'histoire. C'est Icare et son voyage vers le soleil...elle tient à compléter son histoire: »car on raconte aussi pour ne pas mourir ou parce que on est déjà mort ; on raconte pour guérir » écrivait le critique de cinéma, Serge Daney. Cette référence cinéphilique n'est pas fortuite ; le livre de Daure-Serfaty me semble être porté par une écriture cinématographique non seulement dans sa structuration narrativepolyphonique où chaque acteur prend en charge une part du récit; il n'y a pratiquement pas de figuration; chacun à sa part de « responsabilité narrative » dans la restitution de ce puzzle, mais aussi dans son rapport au temps avec des aller-retour entre le temps de la narration et le temps de l'histoire.Potentialité cinématographique surtout dans son rapport à l'espace. Le roman est à ce niveau très visuel quasiment tactile. On imagine aisément un plan large à partir de Targa, la maison de Mathilde dans la banlieue de Marrakech embrassant le Haut Atlas seigneurial. Pour ceux notamment qui connaissent la région, c'est une plongée aux sensations multiples dans un décor ouvert sur tous les possibles narratifs. Jeune, je traversais le col de Tizi N'test avec ma famille au rythme de récits fantastiques où il était question d'une folle qui hantait les lieux. A l'aube on prenait un petit déjeuner frugal, café et askif (soupe amazighe) chez Touda à Ijoukak. Cet univers perdu à jamais est restitué par l'écriture fluide, poétique, limpide de Christine-Daure Serfaty. Cette folle d'Ijoukak qui hantait les récits des voyageurs qui traversaient la nuit ces montagnes sobres et énigmatiques n'est autre que La femme d'Ijoukak, réhabilitée par la fiction, une tragédienne victime d'un amour impossible. La victime symbolique de la rencontre entre deux mondes. Rencontre violente, car née d'une agression (le protectorat), entre deux mondes.
Demain, un projet d'adaptation pour le cinéma ? Ce serait magnifique. Une autre manière de réhabiliter Ijoukak, deux fois victimes, du séisme et des choix des hommes.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.