Le séisme d'Al Haouz a eu un impact dévastateur en causant des pertes en vies humaines considérables, avec un bilan de plus de 2.900 décès, ainsi que de nombreux blessés et personnes déplacées. Cependant, cette catastrophe naturelle a également engendré des effets positifs, notamment l'émergence de sources d'eau dans plusieurs régions du Royaume et la revitalisation des cours d'eau souterrains. Dans les zones touchées par le séisme, telles que la province d'Al Haouz près de Marrakech, Taroudant, Ouarzazate, et d'autres régions du Haut Atlas, les habitants ont observé un phénomène remarquable : l'explosion de sources d'eau, la formation de cascades imposantes et le retour des eaux souterraines. Les géologues expliquent que ce phénomène est lié aux tremblements de terre, car les mouvements sismiques créent des fissures dans la terre, permettant aux eaux souterraines de remonter à la surface, générant ainsi l'apparition soudaine de nouvelles sources. Le professeur de géologie à l'Université Ibn Zohr d'Agadir, Mohamed Belfoul, affirme que ce phénomène est naturel et prévisible, se produisant généralement dans les zones montagneuses soumises à des précipitations abondantes, notamment des pluies et chutes de neige. Les eaux souterraines stockées dans les roches calcaires sont libérées sous l'effet de la pression exercée par le séisme. Dans une déclaration au site électronique « Al3omk », Belfoul précise que le mouvement des fractures et fissures provoqué par la pression sismique favorise l'infiltration des eaux souterraines profondément enfouies dans ces fissures. Il ajoute que l'explosion de plusieurs sources après le séisme d'Al-Haouz était attendue et bénéfique. Le débit continu de ces sources est fonction de la quantité d'eau préalablement stockée en profondeur et de son écoulement antérieur à un rythme lent. Dans les régions recevant des précipitations abondantes, notamment de la pluie et de la neige, et possédant des formations rocheuses calcaires, d'importantes quantités d'eau peuvent être stockées. Le professeur universitaire souligne que les roches calcaires favorisent l'infiltration des précipitations en profondeur, tandis que les roches argileuses retiennent cette eau à des niveaux spécifiques. En conséquence, il est peu probable que les eaux souterraines s'échappent sans l'occurrence d'un séisme. Plusieurs habitants des régions de Souss et d'Al Haouz ont été témoins d'un phénomène inhabituel après le récent tremblement de terre qui a secoué la commune d'Iguil, dans la province d'Al Haouz. Une question se pose alors : est-il possible que les tremblements de terre aient un impact sur les sources d'eau? Pour répondre à cette question, Abdennabi El Mandour, spécialiste de l'eau et directeur du Musée Mohammed VI de la civilisation de l'eau au Maroc s'est confié à SNRTnews. Selon M. El Mandour, il est tout à fait plausible que des variations du débit d'eau surviennent lors de catastrophes naturelles telles que les séismes. Il explique que ces secousses sismiques peuvent entraîner une augmentation significative du débit, mais elles peuvent également avoir l'effet inverse. Dans une déclaration au média, M. El Mandour explique que l'eau est stockée sous terre dans diverses couches géologiques, anciennes ou récentes, qui peuvent être composées de calcaire et renfermer un réservoir d'eau dense dans des cavernes souterraines. Il précise que lors d'un tremblement de terre, ces cavernes subissent une pression intense pouvant provoquer leur éclatement, libérant ainsi l'eau stockée et augmentant généralement le débit des sources. En d'autres termes, la pression sismique peut forcer l'eau à suivre son cours naturel. Cependant, M. El Mandour souligne également que l'effet contraire peut se produire. Certaines sources d'eau, bien que généreusement approvisionnées, peuvent s'épuiser à cause de la pression exercée par le séisme. Les passages empruntés par l'eau peuvent être obstrués par l'accumulation de roches, retenant ainsi les eaux souterraines et impactant négativement le débit. À titre d'exemple, il mentionne la source « Bitit », située dans la région de Fès-Meknès, dont le débit atteint normalement 1400 litres par seconde. Après le tremblement de terre, plusieurs experts de la région ont constaté une diminution de son débit en raison de l'accumulation de roches qui entravent le passage de l'eau. Des études internationales antérieures ont également révélé que la qualité de l'eau peut subir des changements après des tremblements de terre. Selon l'US Geological Survey, les séismes peuvent affecter l'eau, en particulier dans les zones où les vibrations sont intenses et perceptibles. Ils ont noté que l'eau des puits peut devenir trouble en raison des sédiments provenant des pores et des fissures dans les roches fournissant l'eau aux puits. Cependant, ce phénomène est généralement temporaire, et l'eau finit par retrouver son état normal.