Nabil EL BOUSAADI Après avoir accusé Volker Perthes, l'émissaire des Nations-Unies au Soudan, d'avoir été à l'origine des heurts qui avaient éclaté, le 15 Avril dernier, entre les soldats de l'armée régulière nationale et les paramilitaires des Forces de Soutien Rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, car, en ne faisant pas apparaître, dans les différents rapports, élaborés avant le déclenchement des hostilités, que la situation était particulièrement explosive dans la capitale, il a permis au général « Daglo » de lancer « ses opérations militaires », le chef de la junte au pouvoir à Khartoum, le général Abdel Fattah al-Burhane a adressé, le 8 Juin, au Secrétariat Général de l'Organisation des Nations-Unies, un courrier par lequel il réclame le limogeage du haut diplomate allemand. De la lecture du communiqué y afférent publié le jour-même par le ministère soudanais des Affaires étrangères, il ressort que « le gouvernement de la République du Soudan a notifié au secrétaire général des Nations Unies qu'il a déclaré Volker Perthes [...] persona non grata à compter d'aujourd'hui » et ce, alors même que ce n'est après qu'il ait accordé, à ce dernier, « son entière confiance », qu'Antonio Guterres avait prolongé de six mois le mandat de la « Mission intégrée des Nations-Unies pour l'assistance à la transition au Soudan » (MINUATS). Créée en 2020, la mission précitée fait l'objet de violentes critiques de la part de milliers de soudanais qui soutiennent l'armée régulière et de nombreux islamistes qui y voient une « ingérence » dans les affaires intérieures du Soudan. Mais s'il y a lieu de préciser que les combats auxquels se livrèrent les soldats des deux camps avaient éclaté le jour-même où il avait été convenu qu'en réponse aux « directives onusiennes », les deux protagonistes allaient entamer des négociations au titre de l'intégration des combattants du FSR à l'armée régulière soudanaise, force est de reconnaître qu'une véritable guerre civile avait été déclenchée, ce jour-là, en dépit de l'optimisme qu'affichait l'émissaire onusien qui avait fini par reconnaître avoir été « pris de court ». En s'appuyant sur le fait que, dès la chute du général Omar el-Béchir qui avait tenu le pays d'une poigne de fer de 1989 à 2019, les « militants » pro-démocratie ont accusé la junte dirigée par le Général Abdel Fattah al-Burhane d'être instrumentalisée par les islamistes du régime déchu et que des milliers de soudanais furent accusés d'avoir commis des atrocités pour le compte de l'ancien président lors de la guerre du Darfour qui eût lieu dans l'ouest du pays au début des années 2000, le général Daglo, se disant soucieux de combattre « les islamistes » et les « vestiges de l'ancien régime » s'est fait le chantre de la « démocratie » et des « droits humains ». Autant dire que la situation est vraiment dans l'impasse car, outre le fait qu'aucune des multiples trêves qui avaient été annoncées par les deux généraux n'avait pu être mise en œuvre, la tentative de médiation initiée par Ryadh et Washington fut suspendue le 1er Juin car la veille l'armée s'était retirée des négociations destinées à permettre la création de couloirs sécurisés pour le passage des civils et l'acheminement de l'aide humanitaire. En ajoutant à cela le fait que les hôpitaux situés dans les zones de combats ne fonctionnent que partiellement quand ils ne sont pas purement et simplement fermés et que la saison des pluies qui s'annonce ne pourra qu'apporter son lot d'insécurité alimentaire, de malnutrition infantile et de recrudescence du paludisme, c'est donc que le pire reste à craindre. Alors, attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI