Mhamed Bousaboune : une peinture lumineuse... Mohamed Nait Youssef * * * Une peinture peut changer une vie, des vies. Tel est ainsi le cas de Mhamed Bousaboune, artiste peintre autodidacte et discret, ayant voué sa vie aux couleurs, aux lumières qui prennent forme dans la toile. La peinture dans le sang, la première tentative du peintre dans le domaine de la peinture remonte aux années 80. Sur le papier consonne ou encore de la gouache, le jeune artiste s'est donné à la peinture depuis 1988 en peignant pour la première fois un thème sur la première intifada palestinienne. Cette passion l'a guidé pour exposer ses premières toiles au centre culturel iraquien. Par la suite, d'autres expositions eurent lieu dans trois espaces artistiques différents. L'artiste commençait ainsi à se faire une petite place parmi les palettes de sa génération. Alors que beaucoup d'eaux ont passé sous les ponts de la vie, Mhamed Bousaboune n'a jamais rompu le lien avec le pinceau et les couleurs éblouissantes ornant ses toiles. Et tant mieux... «À la grande surprise, ils m'ont invité en 1995 à Oulja pour prendre part à un concours de peinture réunissant 37 palettes venues des quatre coins du pays. J'ai eu le 5ème prix alors que je ne m'attendais pas à cette consécration qui était pour moi un déclic qui m'a poussé à signer mon grand retour au monde de l'art et surtout de la peinture grâce aux gens qui m'ont encouragé pour travailler et créer.», a-t-il souligné. À l'époque, le peintre faisait du figuratif son champ artistique de prédilection en peignant surtout les paysages, la nature morte, le portrait, entre autres... «Je me suis aventuré en quittant le salariat pour se consacrer pleinement à la peinture.», a-t-il révélé. Une décision qui n'était pas assez facile dans un milieu où l'artiste trouvait encore du mal à vivre de son art. Or, les années 1999 et 2000 étaient un véritable tournant dans le parcours de l'artiste en rencontrant feu Albert Pilot, propriétaire de la fameuse Galerie d'art «Le Manoir» à Rabat. Cet artiste et galeriste a eu un grand impact sur le style et la démarche de Mhamed Bousaboune. Par ailleurs, cette période figurative de 8 ans a marqué son travail pictural en se consacrant entièrement au paysage, au portrait, à la nature morte. «Un style se forge progressivement en travaillant sur les bases de chaque école et courant artistique. La maîtrise picturale et technique est essentielle, voire indispensable dans le parcours de chaque artiste.», a-t-il affirmé. Au-delà de la technique, même dans la figuration, a-t-il dit, il doit y avoir forcement de l'imagination qui libère l'artiste de la carte postale pour donner à chaque œuvre des dimensions esthétiques plus ouvertes. Les champs de la création de l'artiste sont multiples. Du figuratif en passant par le réalisme, Mhamed Bousaboune donne la culture une identité picturale plus vive en introduisant des objets du patrimoine. «Je me suis libéré des entraves de la carte postale en travaillant ma palette de couleurs et en intégrant des éléments de notre culture marocaine. Je ne vous cache pas que la palette chaude et ocre de Albert Pilot a beaucoup influencé mes choix artistiques.», a-t-il précisé. La force du travail de l'artiste réside dans la finisse de sa peinture, la perfection au niveau des choix des couleurs, des perspectives et des formes sans oublier bien entendu son sens du détail. «Il faut séduire l'œil du récepteur. Pour ce faire, la toile devrait être bien travaillée au niveau des compositions, de la perspective, de la palette des couleurs et du thème de l'œuvre.», a-t-il fait savoir. Un peintre est toujours isolé, confiné dans son atelier, dans ses mondes meublés de couleurs, de matière, de toiles et de peinture. En revanche, ce sont aussi dans les espaces ouverts tels que Tilinoune, sa ville natale, que l'artiste puise ses sujets, ses formes et couleurs. «Tilinoune m'inspire. C'est mon école. C'est là où je puise mes couleurs, mais aussi les éléments du patrimoine que j'intègre dans la toile.»,conclut-il. Né en 1963 à Taliouine, Mhamed Bousaboune vit et travaille à Salé.