Au cours d'une interview diffusée, ce samedi, par la télévision publique russe, le président Vladimir Poutine a annoncé que la Russie se prépare à déployer des armes nucléaires « tactiques » en Biélorussie, un pays frontalier de l'Ukraine, la Pologne et la Lituanie dirigé d'une main de fer, depuis 1994, par ce grand allié de Moscou qu'est Alexandre Loukachenko qui réclame, depuis « longtemps déjà, le déploiement d'armes nucléaires tactiques sur son territoire » et que la construction de l'entrepôt destiné à abriter cet arsenal sera achevée le 1er Juillet prochain. Considérant que c'est bien la première fois, depuis les années 90, que la Russie va entreposer des armes nucléaires hors de ses frontières et que Moscou a déjà acheminé, en Biélorussie, des missiles « Iskander » pouvant être équipés de têtes nucléaires, la formation des équipages des 10 avions biélorusses qui sont déjà prêts à utiliser des armes nucléaires va débute le 3 Avril prochain. Mais si, pour le « Financial Times », cette décision d'entreposer de l'armement nucléaire russe hors du territoire national « est l'une des plus importantes prises [par la Russie] depuis son invasion de l'Ukraine, il y a plus d'un an », il s'agit aussi, comme l'a rappelé la BBC, de la première fois, depuis le démantèlement de l'ancienne Union Soviétique, « que Moscou aura des armes nucléaires stationnées à l'extérieur du pays ». Le président russe rappellera, par ailleurs, que, non seulement la décision actuellement prise par Moscou à propos de ces armes de « destruction ciblée (...) n'a rien d'inhabituel » du moment que les Etats-Unis « déploient, depuis bien longtemps déjà, leurs armes nucléaires tactiques sur le territoire de leurs alliés » mais, surtout, qu'elle a été motivée par la volonté de Londres d'envoyer, à l'Ukraine, des « minutions à uranium appauvri » comme l'a affirmé récemment la vice-ministre britannique de la Défense Annabel Goldie. Or, si, comme l'a rappelé la BBC, « après l'effondrement de l'Union Soviétique, en 1991, ses armes [nucléaires] s'étaient retrouvées dans quatre Etats indépendants – la Russie, l'Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan », force est de reconnaître, tout de même, que « le transfert, vers la Russie, de toutes les ogives avait été bouclé en 1996 » mais, également, que, comme l'a assuré le président russe, pour ne point violer « ses obligations en matière de non-prolifération nucléaire », Moscou ne va pas « transférer à la Biélorussie le contrôle de ces armes ». En outre, comme l'a précisé le « Financial Times », « contrairement aux ogives nucléaires stratégiques – conçues pour être lancées à des milliers de kilomètres de distance, depuis des sous-marins, des bombardiers à longue portée ou des missiles balistiques intercontinentaux et capables de détruire des villes entières – les armes nucléaires tactiques ont une charge plus modeste, pour des destructions ciblées dans des zones spécifiques ». Mais, si lors des entretiens qu'ils ont eu, la semaine dernière, à Moscou, le président russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping avaient clairement affirmé, dans leur déclaration commune, qu'une guerre nucléaire « ne doit jamais être déclenchée » car elle ne saurait avoir aucun vainqueur, c'est donc que quelle qu'en soit l'ampleur, le déploiement de ces armes nucléaires ne pourrait être que dissuasif. Espérons-le et attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI