Missiles à longue portée et chars lourds, l'armement occidental pour l'Ukraine a atteint un niveau qui fait de ce conflit une guerre Occident-Russie à long terme et entrave toute trêve ou effort de négociation. Les Etats-Unis et l'Europe semblent pousser à une escalade de la guerre en Ukraine en lançant des missiles à longue portée et des chars lourds dans le but de bloquer la voie à toute éventualité de négociation entre Kiev et Moscou à même de mener à une solution politique. Le ministère russe de la Défense a confirmé mardi avoir abattu un missile américain à longue portée GLSDB. Ce qui constitue une confirmation de la livraison à l'Ukraine de ce type d'arme, nécessaire pour lancer une contre-attaque que Kiev prépare depuis des mois. L'annonce russe intervient aussi au lendemain de la réception par l'Ukraine des premiers chars lourds britanniques et allemands. Des observateurs affirment que l'armement occidental de l'Ukraine a atteint un niveau qui fait de cette guerre une confrontation russo-occidentale à long terme, et bloque toute trêve ou effort de négociation. Pour le Kremlin, les livraisons d'armes occidentales sont la preuve que les Européens et les Américains mènent une guerre par procuration contre la Russie. Un communiqué du ministère de la défense souligne que la défense aérienne russe a abattu 18 missiles HIMARS et un missile guidé GLSDB qui ont une portée allant jusqu'à 150 kilomètres, et que les Etats-Unis ont promis de livrer à Kiev au début du mois de février dernier. Ces missiles peuvent atteindre une portée jusqu'à 150 kilomètres et menacent ainsi des sites russes, notamment des dépôts de munitions.
Des premières livraisons dans l'urgence
Les récentes livraisons de chars occidentaux et de roquettes longue-portée, censées aider Kiev à sortir de la guerre d'usure, illustrent la manière dont les Occidentaux s'adaptent aux besoins de l'Ukraine et aux évolutions du champ de bataille depuis l'invasion russe en février 2022. Au début du lancement du conflit ukraino-russe, les Ukrainiens bénéficient de premières livraisons d'armes par l'Occident. Dans l'urgence, il s'agissait d'armes et équipements légers faciles à livrer, à prendre en main et à déplacer sur le champ de bataille. Commencent alors en avril les livraisons d'artillerie (obusiers, lance-roquettes...), capables de frapper derrière les lignes ennemies pour atteindre les stocks de munitions et bloquer les chaînes logistiques russes. Sont livrés jusqu'à l'automne 321 obusiers, dont 18 canons Caesar français, 120 véhicules d'infanterie, 49 lance-roquettes multiples, 24 hélicoptères de combat, plus de 1.000 drones américains, ainsi que 280 chars de fabrication soviétique, envoyés principalement par la Pologne, que l'armée ukrainienne a l'habitude d'utiliser. Malgré son repli sur l'Est et le Sud de l'Ukraine, la Russie mène en parallèle des vagues de frappes aériennes (missiles et drones kamikazes) sur les infrastructures énergétiques, les centres urbains, bien au-delà du front. Pour y faire face, les Ukrainiens demandent des systèmes de défense anti-missiles. Les Etats-Unis fournissent huit pièces, le Royaume-Uni six pièces, l'Espagne quatre pièces et l'Allemagne une pièce. Washington a récemment fini par accepter de livrer à Kiev son système de missile sol-air moyenne portée Patriot, considéré comme l'un des meilleurs dispositifs de défense antiaérienne des armées occidentales.
Des chars occidentaux plus performants Ces derniers mois, une guerre de tranchées s'est installée dans l'Est et l'Ukraine craint une offensive majeure russe avec l'arrivée des mobilisés. Dans ce contexte, Kiev a obtenu des chars lourds et modernes occidentaux, longtemps réclamés pour prendre l'initiative et sortir de la guerre d'usure. Plusieurs pays occidentaux ont promis fin janvier d'en livrer: Washington a annoncé des chars Abrams, Londres des Challenger 2, Berlin des Leopard 2, réputés parmi les meilleurs du monde. Le feu vert allemand a par ailleurs permis à d'autres pays de promettre des Leopard 2 dont la Pologne a ainsi envoyé 14 exemplaires. Jusqu'à présent, Kiev ne disposait que de chars de fabrication soviétique et en avait perdu beaucoup. Les chars occidentaux sont plus performants technologiquement avec des systèmes de visée plus précis, de l'électronique embarquée... Lundi ont été confirmées les premières livraisons de blindés par Londres, Washington et Berlin. Promises par les Etats-Unis début février, des roquettes de longue-portée GLSDB ont également été fournies, selon des affirmations russes non démenties par Kiev. L'Ukraine juge ces munitions, d'une portée de jusqu'à 150 km, cruciales pour lancer sa prochaine contre-offensive et menacer des positions russes loin derrière les lignes de front.
Hausse du nombre d'ogives nucléaires opérationnelles dans le monde La guerre en Ukraine a sûrement participé à l'augmentation de l'arsenal nucléaire. Le nombre d'ogives nucléaires opérationnelles dans le monde a augmenté en 2022, poussé notamment par la Russie et la Chine, selon un rapport paru ce mercredi. Début 2023, les neuf puissances nucléaires officielles et officieuses détenaient 9.576 têtes nucléaires prêtes à l'emploi, soit une puissance équivalente « à plus de 135.000 bombes d'Hiroshima », selon le Nuclear weapons ban monitor publié par l'ONG norvégienne Norsk Folkehjelp. Ces chiffres sont publiés au moment où Moscou a, à plusieurs reprises, agité la menace nucléaire en lien avec son invasion de l'Ukraine. Samedi, le président russe Vladimir Poutine a annoncé avoir eu l'accord de Minsk pour déployer des armes nucléaires « tactiques » en Biélorussie, un pays situé aux portes de l'Union européenne. L'ajout de 136 ogives dans le stock nucléaire mondial l'an dernier est à mettre au compte de la Russie, qui a le plus gros arsenal de la planète (5.889 têtes opérationnelles), ainsi que de la Chine, de l'Inde, de la Corée du Nord et du Pakistan. « Cette hausse est préoccupante et prolonge une tendance qui a commencé en 2017 », a commenté une responsable du rapport, Grethe Lauglo Østern. Si l'introduction de nouvelles ogives ne s'arrête pas, « le nombre total d'armes nucléaires dans le monde repartira aussi bientôt à la hausse pour la première fois depuis la guerre froide », a toutefois prévenu Grethe Lauglo Østern. Les huit puissances nucléaires officielles sont les Etats-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France, la Chine, l'Inde, le Pakistan, la Corée du Nord, tandis qu'Israël est dotée de façon officieuse.