Nabil EL BOUSAADI Au mois de Janvier de chaque année, depuis cinquante ans déjà, c'est par milliers que les opposants à l'avortement qui viennent de tous les coins des Etats-Unis, se retrouvent à Washington, dans une ambiance bon enfant pour une marche qui les mènent jusqu'au bâtiment de marbre blanc qui abrite la Cour Suprême. Mais, ce vendredi, loin d'être festive, l'atmosphère était plutôt électrique dans les rangs des manifestants et c'est le moins que l'on puisse au vu de la colère affichée sur les visages de celles et ceux qui sont venus de toutes les régions du pays pour effectuer leur marche annuelle de dénonciation de cet arrêt « Roe vs Wade » qui garantissait, depuis Janvier 1973, le droit des Américaines à interrompre leur grossesse mais qui, le 24 Juin 2022, a été remaniée par la Cour Suprême, par l'entremise de l'arrêt « Dobbs vs Jackson » qui a conféré, à chaque Etat, la liberté d'interdire ou d'autoriser, sur son sol, la pratique de l'interruption volontaire de grossesse. Or, depuis cette date, c'est par dizaines que les protestataires se retrouvent, le soir, aux abords des bâtiments de la Cour Suprême américaine afin de manifester leur colère et que certaines d'entre elles vont même jusqu'aux villas cossues de la banlieue de la capitale où habitent les juges conservateurs de la plus haute juridiction du pays pour leur faire part de leur colère et de leur désarroi en criant « mon corps, mon choix » Or, bien que la plus haute juridiction du pays ait révoqué le droit à l'avortement, les « référendums » y afférents qui ont été organisés, depuis Juin dernier, dans l'ensemble des Etats américains, ont pratiquement tous été remportés par les défenseurs du droit à l'avortement y compris dans les Etats les plus conservateurs comme le Kansas ou le Kentucky. Et même si, par ailleurs, la Chambre avait voté, à l'automne dernier, une loi garantissant l'accès à l'avortement dans tout le pays, le texte y afférent n'est toujours pas parvenu à dépasser l'étape du Sénat où les démocrates ne sont pas majoritaires. Mais, étant donné que de plus en plus d'entreprises commencent à prendre position pour le droit à l'avortement alors même qu'elles l'avaient longtemps évité et que Janet Yellen, la secrétaire au Trésor, a même mis en garde contre les conséquences « très néfastes sur l'économie » si le « droit des femmes à décider quand et si elles veulent avoir des enfants » venait à être remis en question, les démocrates espèrent qu'en cette affaire et avec l'émergence d'une nouvelle génération de dirigeants dont les attentes diffèrent de celles de leurs prédécesseurs, le monde économique va finir par leur prêter main-forte. Aussi, pour commémorer le 50ème anniversaire de l'arrêt « Roe vs Wade », cette jurisprudence qui avait été démontée en juin dernier par la plus haute juridiction américaine, désormais farouchement conservatrice et qui a mis fin au droit constitutionnel à l'IVG, ce sont les défenseurs du droit à l'avortement qui ont battu le pavé, ce dimanche 22 janvier, dans plusieurs villes américaines en scandant le même slogan que celui des américaines des années 1970 ; à savoir, « My body, my choice » (« mon corps, mon droit ») et qu'en volant à leur secours, le président Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris ont assuré qu'ils allaient lutter pour l'obtention du droit à l'Interruption Volontaire de Grossesse. L'administration Biden ayant promis de prêter main-forte aux « pro-choice », c'est-à-dire à celles et ceux qui défendent le droit des femmes à disposer librement de leur corps, attendons pour voir...