Nabil EL BOUSAADI Une année après leur réunion de Glasgow en Ecosse, les dirigeants de 196 pays sont au chevet de la planète dans le cadre de la tenue de la 27ème Conférence des Parties à la Convention-Cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques dite « COP27 » qui s'est officiellement ouverte ce dimanche à Charm Es-Sheikh en Egypte et dont les travaux qui s'étaleront jusqu'au 18 Novembre porteront essentiellement sur la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Cherchant à renouveler la solidarité entre les pays et à matérialiser les engagements historiques pris lors de la COP21 qui s'était tenue à Paris en Novembre 2015, cette COP27 s'appuiera, essentiellement, sur les résultats de la rencontre de l'année dernière en Ecosse. Ceux-ci portaient notamment sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le renforcement de la résilience et l'adaptation aux conséquences inévitables des changements climatiques à travers le respect des engagements pris au titre du financement de l'action climatique dans les pays en voie de développement eu égard aux concentrations record de gaz à effet de serre et aux phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus nombreux du fait de l'accroissement de la crise énergétique. Mais si, au cours des assises de l'année dernière, les participants avaient convenu de réviser, annuellement, leurs ambitions en matière de réduction de gaz à effet de serre, force est de reconnaître que seuls 24 pays ont respecté leur engagement à telle enseigne que, d'après les experts, d'ici 2030, la planète Terre serait sur la trajectoire d'un réchauffement qui oscillerait entre 2,5°C et 2,6°C et qui nécessite d'être « corrigé », par la COP27, avant la tenue de la COP28 en 2023 avec pour objectif de dresser un premier bilan mondial de l'Accord de Paris. L'autre question qui figure dans l'agenda des négociations de la COP27 a trait à l'indemnisation des dégâts climatiques irréversibles dont sont victimes les pays pauvres alors que leurs moyens financiers ne leur permettent pas de faire face aux effets du changement climatique et que la responsabilité incombe, en premier lieu, aux pays riches qui s'étaient déjà engagés, en 2009, à réserver une enveloppe budgétaire annuelle de 100 milliards de dollars pour aider les pays pauvres à s'adapter. Ce montant n'ayant pas été atteint puisqu'en 2020, les sommes mobilisées par les grandes puissances industrielles n'étaient que de 83 milliards, le Programme des Nations-Unies pour l'Environnement (PNUE) s'est trouvé dans l'obligation de tirer la sonnette d'alarme en précisant, dans son dernier rapport, que « les flux financiers internationaux pour l'adaptation aux changements climatiques dirigés vers les pays en développement sont 5 à 10 fois inférieurs aux besoins estimés alors que l'écart continue de se creuser », qu'il n'existe, pour le moment, aucun engagement financier de la part des pays développés et que, si l'on en croit une analyse faite récemment par Anil Markandya et Mikel Gonzalez-Eguino, économistes chercheurs au Centre basque pour le changement climatique, le montant des dégâts est estimé entre 290 et 580 milliards de dollars par an. La guerre ayant éclaté, en Ukraine, en Février dernier constituant un bouleversement géopolitique majeur, Aurore Mathieu, cadre du Réseau Action Climat, qui fédère de nombreuses ONG environnementales, a rappelé, dans les « Echos », qu'à la différence des précédentes assises sur le climat, la COP27 « se déroule dans un contexte compliqué de crise énergétique, de crise de sécurité alimentaire pour beaucoup de pays du Sud, de crise économique et d'endettement, avec un multilatéralisme à l'arrêt ». Autant de faits qui feront que, cette année, la guerre d'Ukraine et ses conséquences vont s'inviter dans les débats sur le changement climatique et particulièrement sur les stratégies énergétiques des pays les plus influents politiquement notamment en ce moment où, dans un contexte d'inflation et de hausse effrénée des prix des carburants, la Chine, se voit contrainte de renforcer sa stratégie énergétique tout en restant profondément attachée à sa production de charbon. En considérant, enfin, que cette 27ème Conférence des Parties à la Convention-Cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques est accueillie et présidée par l'Egypte, un pays africain au poids géopolitique non négligeable, est-il permis de croire que les pays en voie de développement vont en profiter pour faire entendre leur voix et, au mieux, peser dans les négociations ? Attendons pour voir.... Nabil EL BOUSAADI