Les travaux de la 27ème Conférence des parties à la convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (COP 27) débutent dimanche à Sharm El-Sheikh, au bord de la mer Rouge en Egypte, dans une nouvelle tentative de réduire les dangers environnementaux qui menacent la planète. Cet événement intervient dans un contexte international marqué par les conflits politiques et sécuritaires et les crises sanitaires et économiques, qui ont fait perdre du terrain au changement climatique sur l'échelle des priorités et réduit l'inquiétude internationale sur cette question ainsi que l'intérêt pour les questions environnementales en général. En effet, une étude de l'institut américain Gallup, dont les résultats ont été publiés la semaine dernière, montre un recul des inquiétudes internationales quant au changement climatique, tout en mettant en garde contre l'aggravation de la facture environnementale de ce phénomène à l'échelle mondiale. Selon cette étude, qui porte sur 228 Etats, quelque 750 millions de personnes à travers le monde sont affectées actuellement par le manque en denrées alimentaires et la hausse des taux d'inflation, des problèmes qui devancent les changements climatiques. Le sommet de Sharm El-Sheikh constitue une autre occasion pour les pays en développement de faire pression afin que les grandes puissances tiennent leurs engagements pris lors des précédentes éditions de la COP, notamment l'Accord de Paris sur le climat signé en 2015 et l'Accord de Copenhague en 2009, lorsque les signataires se sont engagés à débourser des milliards de dollars pour aider les pays pauvres à faire face aux effets du changement climatique. A cet égard, l'expert égyptien en relations internationales, Nabil Najmeddine, a souligné que plusieurs facteurs ont conduit au manque d'intérêt pour la question climatique, en particulier la guerre russo-ukrainienne qui a impacté négativement la stabilité internationale et dont les conséquences commencent à se faire sentir au niveau mondial. Dans une déclaration à la MAP, ce chercheur a estimé que le monde se trouve à un tournant très critique, car « ce qui se passe à Kiev aura des conséquences en Europe, en Amérique du Nord, en Asie, en Afrique et dans le monde entier », notant que le contexte international tendu et le spectre d'une guerre nucléaire a entraîné un manque d'intérêt pour les questions du changement climatique. De son côté, l'expert marocain en énergies renouvelables, Jawad El Kharraz, a estimé que les négociations de Sharm El-Sheikh seront difficiles en raison de l'impact de la guerre en Ukraine et les crispations dans les relations entre les Etats-Unis d'Amérique et la Chine autour du dossier de Taiwan, des facteurs qui ont des effets négatifs à court terme, notamment le retour à l'exploitation des mines de charbon en Europe en raison de l'arrêt de l'approvisionnement en gaz russe, sans oublier les conséquences de la crise économique mondiale dont l'inflation et la hausse des prix. A moyen et long terme, ces facteurs sont de nature à accélérer la transition énergétique vers l'économie de l'hydrogène vert et l'augmentation des investissements en énergies renouvelables, a-t-il mis en exergue, relevant que ces changements constitueront une occasion pour la région d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient de jouer un rôle important dans le domaine des énergies du futur et de la transition vers une économie verte. M. El Kharraz, également directeur exécutif du centre régional d'énergie renouvelable et d'efficacité énergétique au Caire, a fait part d'un optimisme prudent sur les perspectives d'avenir, s'attendant à ce que l'orientation internationale vers les énergies propres et renouvelables contribue à la promotion de l'économie mondiale en créant des milliers d'emplois nouveaux et à impacter positivement l'économie, l'environnement et la société. Dans un communiqué de presse précédant le coup d'envoi de la COP 27, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres a indiqué que les dirigeants du monde entier ont l'occasion de prouver, à travers leur présence et participation efficiente à ce rendez-vous mondial, que l'action climatique constitue bel et bien une priorité mondiale de premier ordre. La COP 27 est le lieu adéquat pour tous les pays, sous la direction du groupe des Vingt, afin de montrer leur adhésion et leur solidarité dans cette bataille, a-t-il ajouté, notant qu'un grand travail reste à faire, à la hauteur des impacts du climat à travers le monde. « Il s'agit pour nous d'une question de vie ou de mort, pour notre sécurité aujourd'hui et pour notre survie demain », a insisté le SG de l'ONU, estimant que ce n'est pas le moment d'échanger les accusations ou de rester les bras croisés. Tout au long de 11 jours de séances officielles, de conférences-débats et de forums, les participants examineront les moyens d'aller des négociations et de la planification vers la mise en œuvre effective de tous les engagements et promesses tenus lors des précédents sommets climatiques. La COP 27 abordera notamment les questions du financement, de l'eau, de l'énergie, des jeunes, des femmes, de l'agriculture, de la neutralité carbone, de la biodiversité et de la sécurité alimentaire. La discussion des moyens de mobilisation de l'action, l'examen des effets du changement climatique en Afrique, la mise en place de visions pour faire face à ces défis à travers la science et le financement figurent également parmi les axes de cette Conférence. Selon l'ONU, les négociations porteront aussi sur des discussions techniques, afin de déterminer une méthode opérationnelle de mesure des émissions de gaz à effet de serre, de manière à garantir l'égalité de tous, en plus de jeter les bases de la première évaluation mondiale prévue lors de la COP 28, qui se tiendra l'année prochaine aux Emirats Arabes Unis dans le but de faire le point de l'avancée collective sur les plans de l'atténuation et de l'adaptation ainsi que dans la mise en oeuvre de l'Accord de Paris.