Nabil EL BOUSAADI Un mois après la victoire historique de « Fratelli d'Italia », une formation politique réputée d'extrême-droite, la leader du parti, Giorgia Meloni, a tenu, dans le discours de politique générale qu'elle a fait, ce mardi, devant le Parlement italien, à rassurer Bruxelles et ses partenaires européens. Niant d'emblée toute «proximité » avec le fascisme, la nouvelle présidente du Conseil italien a fermement ancré son pays au cœur de l'UE et de l'OTAN en déclarant qu'il fait « pleinement partie de l'Europe et du monde occidental » et en affirmant qu'elle n'a « jamais eu de sympathie ou de proximité ni vis-à-vis des régimes antidémocratiques ni pour aucun régime, fascisme compris » balayant, par-là, d'un simple revers de manche, l'admiration qu'elle avait déjà reconnue, avoir voué, dans sa jeunesse, à un certain Benito Mussolini. Première cheffe de gouvernement de l'Histoire de l'Italie et comptant, dans sa coalition, des partenaires pro-russes comme le patron de la « Liga », Matteo Salvini, et le leader de « Forza Italia », Silvio Berlusconi, Giorgia Meloni a promis, néanmoins, que son pays restera « un partenaire fiable de l'OTAN en soutien à l'Ukraine qui s'oppose à l'agression de la Russie » et affirmé qu'elle reste persuadée que le fait de « céder au chantage de Poutine sur l'énergie ne résoudrait pas le problème mais l'aggraverait en ouvrant la voie à de nouvelles prétentions » et à des « chantages » qui pourront donner lieu à « des augmentations des prix de l'énergie encore plus importantes que celles de ces derniers mois » En affirmant, en outre, que « l'Italie va respecter les règles » européennes même si elle entend « contribuer à changer celles qui ne fonctionnent pas » et que l'Union européenne est « une maison commune pour affronter les défis que les Etats membres peuvent difficilement affronter seuls », Giorgia Meloni a tenu à préciser que l'approche italienne n'est pas de « freiner et de saboter l'intégration européenne » mais de contribuer à mieux faire fonctionner « la machine communautaire ». En matière de politique interne et pour contrecarrer l'inflation qui a augmenté de 8,9% sur un an du fait notamment de la crise énergétique et de la trop forte dépendance du pays du gaz russe, la nouvelle cheffe du gouvernement italien s'est engagée à « renforcer les mesures de soutien aux ménages et aux entreprises aussi bien pour les factures énergétiques que pour le carburant ». Ainsi, en étant, désormais à la tête de la troisième économie de la zone euro, dont la croissance reste tributaire des 200 milliards d'euros de subventions et de prêts issus du fonds de relance post-pandémie de l'Union Européenne dont le déblocage reste subordonné à la mise en œuvre, par l'Italie, avant 2026, de toute une série de réformes allant de la justice à la numérisation de l'administration publique, Giorgia Meloni cherche, avant tout, à rassurer ses partenaires européens. Considérant, enfin, que ces fonds restent indispensables au pays dès lors qu'avec une dette qui a atteint 150% du PIB, l'Italie va, sans conteste, entrer en récession en 2023, il est clair que les nombreux défis qui attendent la nouvelle cheffe du gouvernement sont essentiellement d'ordre économique. Parviendra-t-elle à les surmonter ? Attendons pour voir...