L'attaque menée, vendredi et samedi derniers, contre l'hôtel Hayat de Mogadiscio, par les combattants Shebab, un groupe affilié à Al Qaïda, engagé depuis quinze ans dans une insurrection contre le gouvernement fédéral somalien, aurait fait, d'après le ministre somalien de la santé, 21 morts et 117 blessés alors que, de son côté, le porte-parole des assaillants a évoqué la mort de 40 personnes et assuré que de « lourdes pertes » auraient été infligées aux forces de sécurité. Après avoir tiré « sur tout ce qui bouge » et fait exploser des bombes par dizaines, les assaillants sont tous tombés sous les tirs nourris des forces de sécurité samedi vers minuit. L'hôtel, qui est un lieu de rencontre très fréquenté par les responsables gouvernementaux, a subi d'importants dégâts et certaines parties du bâtiment se sont même effondrées. Cet assaut qui a duré près de trente heures et qui est le plus sanglant depuis que le nouveau président Hassan Cheikh Mohamoud a pris ses fonctions en Juin dernier met le gouvernement fédéral nommé au début du mois, sous une très forte pression en ce moment où la moitié des quinze millions d'habitants sont menacés de famine dans un pays en proie à la sécheresse. Cette offensive qui, pour Samira Gaid, la directrice du cercle de réflexion Hiraal à Mogadiscio, est une « attaque audacieuse », est un message au nouveau gouvernement et à ses alliés étrangers « destiné à (leur) montrer que (les Shebabs) sont toujours présents » Elle a été condamnée par les alliés de la Somalie – Etats-Unis, Royaume-Uni et Turquie, notamment – mais aussi par l'Organisation des Nations-Unies et par l'Union européenne qui, par le biais de sa délégation en Somalie, en reconnaissant que cette attaque qui « est intervenue à un moment critique » pour le gouvernement fédéral « vise clairement » à « accroître la pression sur une situation déjà tendue », a réaffirmé, à travers un communiqué émanant des services du chef de la diplomatie européenne, Josep Borell, son soutien au gouvernement somalien « dans son objectif d'assurer la paix et la stabilité ». Le département d'Etat américain a adressé, de son côté, ses « sincères condoléances aux familles qui ont perdu des proches », souhaité « un rétablissement complet aux blessés » et félicité « les forces de sécurité somaliennes ». Pour rappel, après avoir été chassés, en 2011, de la capitale et des principales villes du pays, les jihadistes shebabs s'étaient implantés dans de vastes zones rurales d'où ils ont intensifié leurs attaques ces derniers mois. Ainsi, mercredi dernier, les soldats américains stationnés, dans le pays, à la demande du ministère somalien de la Défense, pour combattre les Shebabs, ont annoncé avoir tué, dans une frappe aérienne, 13 jihadistes qui s'attaquaient à des soldats de l'armée régulière somalienne dans une zone reculée du pays et un communiqué du Commandement militaire américain en Afrique (AFRICOM) a indiqué que cette frappe avait eu lieu le dimanche précédent près de la localité de Teedan située à 300 kilomètres au nord de Mogadiscio, la capitale. Avec, d'un côté, les jihadistes des Shebabs décidés à en découdre, une bonne fois pour toutes, avec le gouvernement fédéral et, d'un autre, la sécheresse et, par voie de conséquence, la famine qui menace une bonne partie de la population, on ne peut pas dire que le président somalien fraichement élu, Hassan Cheikh Mohamoud, soit dans de beaux draps mais attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI