Les représentants de 50 pays et organisations sont attendus mardi à Londres pour une conférence destinée à apporter un soutien international au programme du gouvernement somalien pour reconstruire ce pays dévasté par plus de 20 ans de guerre civile. Parmi les invités, le président kényan Uhuru Kenyatta, inculpé par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité, est arrivé lundi pour une visite de trois jours au cours de laquelle il doit selon ses services, rencontrer le Premier ministre David Cameron. Le gouvernement britannique a justifié cette présence en mettant en avant le «rôle essentiel» joué par le Kenya en Somalie: ce pays «y a engagé quelque 5.000 soldats et il accueille plus de réfugiés somaliens que n'importe quelle autre nation», a expliqué un porte-parole de Downing Street. Outre les pays voisins de la Somalie, des représentants des Nations unies, de l'Union africaine et du FMI sont également attendus pour cette conférence, co-présidée par David Cameron et le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud. Elle vise à décider d'»un soutien international coordonné aux projets du gouvernement somalien destinés à bâtir une stabilité politique en améliorant les forces de sécurité, la police, le système judiciaire et la gestion des finances publiques», selon le gouvernement britannique. Londres avait déjà accueilli en février 2012 une conférence sur la Somalie, au terme de laquelle les participants avaient endossé une longue liste d'engagements dans l'espoir de «rétablir la sécurité et la stabilité» dans ce pays de la Corne de l'Afrique. Une conférence avait ensuite été organisée les 31 mai et 1er juin à Istanbul. David Cameron, dont le pays a rouvert en avril une ambassade à Mogadiscio, a salué les progrès réalisés depuis un an par ce pays, où l'élection en septembre de Hassan Cheikh Mohamoud a suscité l'espoir d'une réelle autorité centrale, qui fait défaut depuis la chute du régime de Mohamed Siad Barre en 1991. «Nous voyons les éléments constitutifs d'un pays plus stable et prospère», estime David Cameron dans une vidéo diffusée sur le site officiel de la conférence. Mais «de gros défis restent à relever», souligne le Premier ministre, qui appelle à mettre «un terme pour toujours au règne de la terreur des shebab». Ces insurgés islamistes liés à Al-Qaïda, chassés de Mogadiscio en 2011 par les forces africaines alliées au gouvernement somalien, ont multiplié ces derniers mois les violences dans la capitale. Ils ont revendiqué un attentat suicide dimanche qui y a fait au moins 11 morts. Malgré une série de revers militaires dans le sud et le centre du pays, et bien que divisés et pourchassés par les drones américains, les shebab constituent toujours une menace et restent puissants dans les zones rurales. La Somalie est aussi confrontée à une situation humanitaire dramatique: près de 260.000 Somaliens, dont une moitié d'enfants de moins de cinq ans, sont morts de faim entre octobre 2010 et avril 2012 lors d'une grave crise alimentaire à laquelle la réponse humanitaire a été insuffisante, selon l'ONU. L'ONG Human Rights Watch a appelé les participants à la conférence à faire pression sur le gouvernement somalien pour qu'il prenne des «mesures concrètes» pour sanctionner les violations des droits de l'homme dans le pays. «La bonne volonté de la communauté internationale à l'égard des nouveaux dirigeants somaliens et de leurs propositions de réforme ne doit pas se traduire par un soutien inconditionnel», a mis en garde David Mepham, responsable de HRW pour le Royaume-Uni.