Comme il fallait s'y attendre, la Corée du Nord qui avait déjà annoncé, à plusieurs reprises, qu'elle n'accepterait jamais de mettre un terme à son programme nucléaire comme le souhaitent de nombreuses chancelleries occidentales a refusé l'offre proposée par son voisin du sud consistant en l'octroi d'une aide économique (aliments, énergie et infrastructures) en contrepartie d'une dénucléarisation du pays. Ainsi, dans un message rendu public par l'agence officielle KCNA, le 19 Août, Kim Yo-jong, la puissante sœur du leader nord-coréen et directrice adjointe au sein du Comité Central du Parti du Travail, au pouvoir, a fustigé ce que le président conservateur sud-coréen Yoon Seok-youl avait présenté comme étant une « initiative audacieuse » censée développer l'économie nord-coréenne en contrepartie de mesures de dénucléarisation en comparant cette offre à une « tentative de planter des mûriers au milieu de l'océan ». Considérant, par ailleurs, que la proposition faite par le président sud-coréen lors du discours qu'il avait prononcé à l'occasion des célébrations de la fin de la domination coloniale japonaise en 1945, est un « sommet d'absurdité », Kim Yo-jong a déclaré que son pays ne donnera pas suite au plan de la Corée du sud et de ses dirigeants qui rêvent de voir Pyongyang se délester de son « honneur » et de ses « armes nucléaires » contre une coopération économique car personne « ne troque son destin contre des galettes de maïs ». Ajoutant « Il est clair que nous n'allons pas nous asseoir face à face » avec le président sud-coréen Yoon Suk-yeol qui ne fait que « recycler » des propositions déjà rejetées par la Corée du Nord, la puissante sœur du leader nord-coréen a rappelé que le plan du voisin du sud est « vraiment simple et encore puéril ». Mais, en considérant, de son côté, que l'attitude « de la Corée du Nord (qui) ne contribue ni à la paix et à la prospérité de la péninsule coréenne ni à son propre avenir (...) ne fait que promouvoir son isolement sur la scène internationale » et en exprimant « son profond regret » face aux « déclarations désobligeantes » de Kim Yo-jong, le bureau de la présidence sud-coréenne a tenu à préciser que son offre d'aide économique à son voisin du nord tient toujours. La réponse de la Corée du Nord était prévisible à plus d'un titre. Se sentant moins seule depuis que le déclenchement de la guerre d'Ukraine a conféré une certaine embellie à ses relations avec Moscou, Pyongyang se sent d'autant plus « forte » que, le 15 Août, le leader nord-coréen a reçu une lettre dans laquelle en invoquant les combats passés « entre l'Armée rouge et les patriotes de Corée » pour la libération de la péninsule, son homologue russe Vladimir Poutine a souhaité « contribuer au renforcement de la sécurité et de la stabilité de la Corée ». Si l'on ajoute à cette main tendue de Moscou que l'éventualité d'une relance du commerce avec la Chine offrirait à la Corée du nord d'excellentes marges de manœuvres tant pour l'amélioration de son économie que pour son développement nucléaire, il est clair que Pyongyang ne peut que faire la sourde-oreille aux propositions d'une Corée du Sud qui, à ses yeux, parle au nom du monde occidental. Au vu de tout ce qui précède, il semble que la dénucléarisation de la péninsule coréenne prend de plus en plus l'allure d'un vœu pieux mais attendons pour voir.... Nabil EL BOUSAADI