Considérant que la dénucléarisation de la péninsule coréenne est « essentielle » pour une paix durable dans la région, le président sud-coréen Yoon Seok-youl a annoncé, lundi dernier, lors de son discours marquant l'anniversaire de la fin de la domination coloniale japonaise en 1945, qu'il offrirait une aide conséquente à la Corée du nord si elle venait à accepter la dénucléarisation de la région quand bien même cette dernière a, très souvent, rejeté cette offre. Cette aide qui sera destinée à améliorer « considérablement et par étapes, l'économie de la Corée du Nord et le niveau de vie de sa population », aura trait notamment à l'octroi de nourriture et d'énergie mais, également, d'une assistance pour la modernisation des infrastructures (ports, aéroports, hôpitaux...) si Pyongyang consent à mettre un terme au développement de son programme nucléaire en s'engageant dans « un processus authentique et substantiel de dénucléarisation ». Or, pour un grand nombre d'observateurs et de spécialistes de la Corée du Nord, bien que cette proposition ait été soutenue par le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui a saisi cette occasion pour réaffirmer l'engagement clair des Nations-Unies « en faveur d'une dénucléarisation entière, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne », les chances de voir Pyongyang y répondre favorablement sont très minimes dès lors qu'en ayant choisi d'investir une grande part de son PIB dans son programme d'armement, la Corée du Nord a toujours fermé la porte à ce genre d'accord et ne semble pas être disposée à l'ouvrir. Prenons pour preuves le fait qu'au cours de cette année Pyongyang a mené toute une série de tests, avec, pour la première fois depuis 2017, le tir d'un missile balistique intercontinental à pleine portée et qu'elle se préparerait, en dépit des avertissements de Washington et Séoul, à effectuer, incessamment, le septième essai nucléaire de son histoire. En ajoutant à cela le fait qu'après avoir déclaré, en Juillet dernier, être « prêt à mobiliser » les capacités nucléaires de son pays en cas de guerre avec les Etats-Unis ou la Corée du Sud et accusé, la semaine dernière, les responsables sud-coréens d'avoir « introduit » le virus du Covid-19 en Corée du Nord, Kim Jong-un avait menacé de les «éradiquer », il est clair que Pyongyang qui, mise beaucoup sur son programme d'armement, va faire la sourde-oreille à la proposition faite par le frère-ennemi du sud. Mais si l'on garde à l'esprit qu'en relayant, la semaine dernière, une information donnée par Reuters, l'agence d'Etat nord-coréenne KCNA a annoncé que le Président russe Vladimir Poutine aurait adressé à son homologue nord-coréen une lettre dans laquelle il affirme que les deux pays pourraient élargir « leurs relations bilatérales globales et constructives grâce à des efforts communs » et que ce renforcement de leurs relations bilatérales devrait garantir la sécurité et la stabilité de la péninsule coréenne et de toute la région de l'Asie du Nord-Est, il est clair que le moment semble très mal choisi car Kim Jong-un aura beaucoup de mal à tourner le dos à la patrie du camarade Staline. Mais qu'adviendra-t-il si le Covid-19, qui pourrait bien être d'un autre avis, devienne plus virulent et mette la Corée du Nord au-devant de la nécessité d'accepter, sans délai, la main tendue par son plus proche voisin en ce moment où, par peur d'une déflagration qui pourrait tout emporter sur son passage, le monde entier a le regard tourné vers la région ? Attendons pour voir...