Si l'affrontement entre les deux Corées perdure depuis qu'en 1945 l'URSS et les Etats-Unis s'étaient partagé la péninsule et que Pyongyang et Séoul sont toujours « techniquement » en guerre puisque le conflit qui les avait opposé entre 1950 et 1953 s'était terminé par une trêve et non pas par un traité de paix laissant, ainsi, les deux protagonistes « techniquement » en guerre depuis lors, et que depuis l'échec du sommet de Hanoï de Février 2019, les communications entre le Nord et le Sud sont coupées, la péninsule coréenne va-t-elle, enfin, connaître cette ère de fraternité et de concorde que le monde entier appelle de tous ses vœux ? C'est ce qu'avait laissé transparaître le discours, au cours duquel le président sud-coréen Moon-Jae in avait proposé, la semaine dernière, devant l'Assemblée générale des Nations-Unies, de déclarer la fin du conflit opposant son pays à la Corée du Nord en étant convaincu qu'une telle initiative va permettre de « réaliser des progrès irréversibles en matière de dénucléarisation et d'ouvrir une ère de paix complète ». Mais ce ne fut point là l'avis de Kim Yo-jong, la sœur et conseillère politique du leader nord-coréen, Kim Song-un, qui avait considéré, pour sa part, qu'une telle déclaration n'a « aucun sens » tant que des « normes de double-jeu, des préjugés et une politique hostile » seraient en place. Elle ajoutera même que « pour que la fin de la guerre soit déclarée, le respect mutuel doit être maintenu et les préjugés et la politique hostile invétérée du deux poids-deux mesures doivent d'abord être supprimés ». Or, tout en estimant qu'une telle déclaration « ne tiendra pas la route et ne changera rien », l'influente dirigeante nord-coréenne a tenu, néanmoins, à affirmer que la Corée du Nord serait prête à discuter de l'amélioration des liens entre les deux pays voisins si Séoul venait à renoncer à son hostilité envers Pyongyang. Pour rappel, durant ce mois-ci, la Corée du Nord a procédé, à deux reprises, à des tirs de missiles dont le premier avait concerné un missile de croisière de longue portée et le second des missiles balistiques de courte portée. Mais, le comble de l'histoire c'est que tout en supervisant, la semaine dernière, le tir d'un missile balistique à partir d'un sous-marin (SLBM) – ce qui fait de la Corée du sud l'une des rares nations à disposer de cette technologie avancée – le président sud-coréen, Moon Jae-in, avait qualifié de « provocations » les tirs de missiles effectués par son voisin du nord. Il n'en fallait pas plus pour soulever l'ire de la dirigeante nord-coréenne qui, tout en rappelant que les deux pays ont eu un comportement similaire, a dénoncé la « calomnie » et condamné « l'attitude illogique de Séoul » qui considère que son « tir » est une action légitime destinée à soutenir la paix alors que celui qui a été effectué par Pyongyang constituerait une « menace à la paix ». Enfin, s'il est clair qu'il serait inconvenant de contredire la sœur du leader nord-coréen Kim Jong-un, peut-on considérer que le discours du président sud-coréen constitue, tout de même, un premier pas et une main tendue vers la paix ? Attendons pour voir...